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Le tabac aussi mise sur le haut de gamme

Malgré les bouleversements qui ont impacté la filière tabacole ces dernières années, les planteurs du Puy-de-Dôme et de l’Allier tirent leur épingle du jeu en intégrant de nouveaux marchés.

Thomas Pannetier et Stéphanie Seguin devant une rangée de tabac Brun. Variété rustique, le Brun demande peu d’eau. Il possède une haute teneur en nicotine. Son stockage et séchage sont simplifiés.
Thomas Pannetier et Stéphanie Seguin devant une rangée de tabac Brun. Variété rustique, le Brun demande peu d’eau. Il possède une haute teneur en nicotine. Son stockage et séchage sont simplifiés.
© AA03

La récolte du tabac se termine dans le Puy-de-Dôme et l’Allier avec des rendements qui devraient cette année atteindre des niveaux « corrects » malgré la destruction de 3 ha (sur 42 ha de plantations), suite aux épisodes de grêle et de tempête qui se sont abattus sur certains secteurs.

Des marchés de qualité

Impactés ces dernières années par la perte de débouchés, les 29 planteurs de la section Auvergne Bourbonnais de la coopérative Perigord tabac, répartis sur le Puy-de-Dôme et l’Allier, ont su rebondir en intégrant de nouveaux marchés.

Depuis l’an dernier, la coopérative produit ainsi 25 ha de Burley cape pour l’usine Deltafina en Italie. « C’est un marché que nous avons en commun avec la coopérative sud-ouest TGA et qui consiste à produire la cape (l’enveloppe ndlr) des cigarillos », explique Thomas Pannetier, président de la section Auvergne-Bourbonnais. La production est minutieuse.  Sur la base d’un cahier des charges précis, elle consiste à produire des feuilles dans lesquelles le fabricant pourra extraire 5 bandelettes de qualité et sans tâches, destinées à entourer les rouleaux de tabac. Contrairement à la première année de production, la récolte 2020 s’achemine vers une meilleure qualité. « Les planteurs ont pu irriguer correctement après avoir établi un mini plan de production leur permettant d’organiser et de partager les tours d’irrigation avec les autres cultures de leurs exploitations » précise Thomas Pannetier.

Tout nouveau débouché : celui de la nicotine liquide pour cigarettes électroniques ; un marché 100% made in France innové par le fabricant bordelais VDLV (Vincent Dans Les Vapes) et pour lequel les planteurs auvergnats consacrent 12 ha cette campagne via 2 variétés de tabac : le Burley (6 ha) et le Brun (6 ha).

« C’est une première pour nous sur ce marché et sur la culture du Brun dont la conduite est différente pour obtenir le plus de nicotine possible. On recherche la chimie sur ce tabac et non la qualité de la feuille » indique Stéphanie Seguin, technicienne de la coopérative.

Plus classique, la production sur 5,5 ha de B217 (Burley) pour l’entreprise Cortès en Belgique. L’objectif étant cette fois d’obtenir une faible quantité de nicotine, soit 2,5% de teneur sur plante entière contre 6,5% pour du tabac Brun (nicotine liquide). Enfin dans les parcelles les plus légères qui demandent très peu d’azote,  la variété Virginie peut aussi faire partie de l’assolement des planteurs auvergnats.

Les prix payés aux producteurs diffèrent selon les marchés. En production de Burley Cape, la fourchette de prix dépend de la qualité et du potentiel à faire des bandelettes, soit de 1,50€/kg à 6,50€/kg. En production de nicotine liquide (Burley et Brun), les tarifs varient de 3,50€/kg à 5,50€/kg selon la teneur en nicotine. Quant au B217, le prix est fixé à 3,90 €/kg. « Sur chaque production, les rendements s’étirent entre 2,5 T et 3,5 T » mentionne Thomas Pannetier.

Recherche nouveaux producteurs

Cette année, 5 planteurs manquent à l’appel. Le renouvellement des générations est un problème récurrent pour les producteurs de tabac auvergne-bourbonnais. « Nous recherchons des producteurs, quel que soit le bassin de production, lance Thomas Pannetier. La culture du tabac est compatible avec d’autres productions sous contrat. Pour se faire la main et se rendre compte, l’agriculteur peut démarrer sur 50 ares. L’organisation est facilitée aujourd’hui : toutes les productions partent en carton depuis l’exploitation ; il suffit d’un accès sur la ferme pour un semis remorque. Les investissements de départ sont minimes grâce à la mise à disposition d’outils et de matériels adaptés via notre CUMA spécifique. Nous aidons aussi les nouveaux arrivants en leur mettant à disposition les séchoirs des anciens producteurs pour leur éviter d’investir la première année. » A noter enfin que l’ensemble des coopératives tabac ont une caisse d’assurance spécifique destinée aux planteurs. « Un système unique qui permet de soutenir les producteurs en cas de sinistres sur leurs tabacs ».

Charlotte Rolle

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