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Le suivi sanitaire de la faune sauvage en Creuse

Les animaux sauvages étant potentiellement vecteurs de maladies pour les animaux domestiques et l’Homme, un suivi régulier a été mis en place il y a 27 ans. La situation est globalement satisfaisante en Creuse mais des pathologies comme la brucellose porcine et l’échinococcose nécessitent une vigilance particulière respectivement de la part des éleveurs de porcs plein air et de tout citoyen.

© GDS Creuse

Le groupe de travail (DDETSPP 23, DDT 23, LDA d’Ajain, GDS Creuse et FDC 23) a poursuivi ses investigations pour la saison 2022/2023, grâce au réseau de chasseurs assurant la collecte de matériel biologique sur des animaux prélevés à la chasse. Le groupe de travail tient à fortement remercier ce réseau de chasseurs préleveurs. Le suivi triennal (suivi parasitisme sur chevreuils et cerfs, BVD sur chevreuils), l’actualité sanitaire (SDRP et Aujeszky sur les sangliers) et les obligations réglementaires (trichine sur sangliers) ont axé les recherches. Pour la trichine, de nouveau, les résultats sont négatifs.

Un équilibre confirmé pour les strongles digestifs et respiratoires chez les chevreuils…
Même si les strongles restent les parasites principaux des cervidés, les résultats confirment ce qui a été observé ces dernières années, à savoir un niveau d’infestation modéré en relation avec la présence de ruminants domestiques à proximité. On observe cependant des infestations de printemps plus élevées, parfois couplées à de la coccidiose, pouvant conduire à l’amaigrissement et la mort de certains chevreuils.

… une très faible infestation en douves et en paramphistome, reflet de l’évolution chez les animaux de rente
Pour les trématodes (grande douve, petite douve, paramphistome), les résultats montrent une très faible infestation. Comme pour les strongles digestifs, cela confirme que la faune sauvage n’est pas une source de contamination mais reflète l’évolution de l’infestation observée sur les animaux de rente. Sur les cerfs analysés, la situation est encore plus favorable avec très peu d’animaux parasités.

Une absence de portage du virus BVD par les chevreuils qui se confirme
Le virus BVD pouvant être hébergé et diffusé par les ruminants sauvages, son suivi régulier dans la population de chevreuils constitue une donnée épidémiologique intégrée dans le plan depuis 2000. 86 chevreuils ont été contrôlés (analyses virologique et sérologique) avec une prise en charge des analyses par le laboratoire Boehringer Ingelheim. Tous les résultats sont de nouveau négatifs. Cela confirme l’absence de circulation du virus BVD dans cette espèce en Creuse, information importante dans le cadre du plan d’éradication de ce virus chez les bovins.

Une surveillance SDRP et Aujeszky après des alertes sur les sangliers
En raison de cas de maladie d’Aujeszky dans des élevages de sangliers de l’Allier en 2020 et 2021, un élevage en Corrèze en 2021 et la contamination de plusieurs chiens de chasse, un suivi est effectué pour cette maladie depuis 3 campagnes. Une attention particulière a été portée aux zones voisines d’élevages de suidés en plein air et à la limite Est du département. 32 prélèvements ont été analysés et deux résultats positifs sont ressortis, un a été infirmé et l’autre n’a pas pu être recontrôlé. En SDRP, tous les résultats se sont avérés négatifs.

Les recherches 2023/2024 axées sur des actualités sanitaires : maladie d’Aujeszky, tuberculose et BVD
La recherche de la trichine va être poursuivie chez les sangliers du fait des obligations réglementaires relatives à leur consommation. En raison des alertes maladie d’Aujeszky, le suivi sur cette espèce va se poursuivre. Du fait de la situation tuberculose en Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre du suivi triennal, des examens vont être effectués sur des blaireaux lors de la prochaine campagne. Pour la BVD, dans le cadre de son plan d’éradication, après le contrôle de chevreuils, un suivi de cerfs va être programmé.

La sérothèque départementale, un outil pour la recherche
Depuis 2009, les prélèvements sanguins acheminés au LDA d’Ajain sont stockés afin de permettre une reprise ultérieure si des recherches sur une pathologie venaient à être décidées. 35 sérums de chevreuil, 33 de cerf et 21 de sangliers ont été collectés cette année. À ce jour, 1 351 échantillons sont conservés, dont 467 de chevreuils, 417 de cerfs et 268 de sangliers…

Une vigilance nécessaire pour des pathologies majeures
La fièvre porcine africaine progresse en Europe, notamment en Italie, avec une diffusion principalement liée à l’activité humaine (rejet dans l’environnement de déchets de salaison contaminés, consommés par des sangliers). La France est fortement touchée par l’IAHP (grippe aviaire), en particulier lors des migrations avec une tendance à l’endémisation parmi la faune sauvage. Contactez le réseau SAGIR (05 55 52 17 31 / 05 55 52 24 81) en cas de découverte d’une mortalité anormale chez les sangliers ou oiseaux sauvages.

Le suivi sanitaire de la faune sauvage, un outil utile pour tous
La surveillance sanitaire de la faune sauvage, en place en Creuse depuis 1996, permet le recueil de données au regard du statut du gibier en matière de zoonoses et de maladies communes aux espèces sauvages et domestiques. Il représente un outil d’alerte éventuelle pour les gestionnaires de la faune sauvage et de la santé humaine et animale, d’où sa poursuite avec son adaptation en fonction des besoins. Pour les éleveurs, la seule menace présente reste la brucellose porcine avec une prévalence importante sur les sangliers. N’hésitez pas à nous contacter pour tout commentaire, suggestion ou demande.

Echinococcose alvéolaire
La maladie est due à la forme larvaire d’un parasite intestinal des carnivores, de la famille des ténias, appelé Echinococcus multilocularis (à ne pas confondre avec l’échinococcose hydatique, provoquée par Echinococcus granulosus). Les renards principalement mais également les chiens et occasionnellement les chats se parasitent en consommant des campagnols (hôtes intermédiaires) et autres micromammifères qui hébergent les échinocoques adultes. Les carnivores excrètent ensuite des « œufs » très résistants dans le milieu extérieur qui peuvent souiller avec leurs déjections les fruits, les végétaux ou leur pelage.
L’homme peut alors devenir un hôte accidentel, les personnes les plus touchées étant les agriculteurs, les chasseurs et les travailleurs forestiers. La proximité avec les renards et le contact direct avec les chiens ainsi que la consommation de produits souillés deviennent alors des sources de contamination. La larve s’enkyste, le plus souvent dans le foie et les symptômes n’apparaissent qu’après plusieurs années. Le tableau clinique est comparable à un cancer du foie et on déplore une cinquantaine de morts par an en France.
En France, les données manquent et un programme de dépistage des renards est actuellement en cours. Un échantillon de 90 prélèvements uniformément répartis sur le département de la Creuse a été programmé. Avec une prévalence de 46 % sur 78 renards analysés, les résultats sont étonnants et inquiétants.
Rappelons que des gestes simples suffisent pour prévenir l’échinococcose :
• Porter des gants à usage unique et un masque pour manipuler les renards et autres animaux infectés, vivants ou morts, ainsi que leurs excréments,
• Se laver les mains à l’eau chaude et au savon après tout travail impliquant un contact avec de la terre potentiellement contaminée (travaux agricoles, de jardinage, …) ou après avoir brossé ou caressé un chien ou un chat,
• Éviter de consommer des légumes crus provenant de jardins accessibles à des renards ou des fruits sauvages crus provenant d’un endroit potentiellement souillé par des renards infectés. Le lavage ne suffit pas, il faut absolument les cuire avant de les manger (conditions de cuisson : 10’ à 60 °C, 5’ à 70 °C ou 1’ à 100 °C, la congélation domestique (-18 °C) est sans effet),
• Vermifuger toutes les 4 semaines, avec un médicament actif sur ce parasite tel que le praziquantel, les chiens et les chats pouvant manger régulièrement des rongeurs.

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