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Le Préfet au contact des réalités agricoles altiligériennes, sur le terrain

À l'invitation de la FDSEA et des JA, le nouveau Préfet Richard Didier s'est rendu sur deux exploitations, accompagné par Benoit Sermage et Bernard Meyronneinc de la DDAF, Patrick Vergne de la DDEA et André Klein DDSV. Le matin à Rosières sur le Gaec des Arcis, des frères Gidon, ils ont abordé les problèmes des productions laitière et ovine. L'après-midi à Blanzac au Gaec d'Anthony Fayolle et sa mère, ils ont parlé viande bovine.

C’est dans un contexte tendu de crise agricole que le nouveau Préfet de Haute-Loire Richard Didier a répondu à l’invitation de la FDSEA et des JA. Mercredi 19 novembre, c’est sur deux exploitations représentatives de l’agriculture altiligérienne que les responsables syndicaux ont convié le représentant de l’État pour lui montrer sur le terrain la réalité de l’élevage. Le matin, les productions laitière et ovine étaient au coeur des débats et l’après-midi, la viande bovine.
Gilbert Guignand président de la FDSEA et Jean Julien Deygas étaient, sur chaque visite, accompagnés des représentants cantonaux et locaux FDSEA et JA. Quelques agriculteurs voisins étaient également présents.
Monsieur le Préfet n’était pas seul non plus. Le directeur de la DDAF Benoit Sermage et Bernard Meyronneinc, le directeur adjoint de la DDEA Patrick Vergne, et le directeur de la DDSV André Klein complétaient la délégation.

Une marge très faible

Le matin, les frères Gidon du gaec des Arcis, au Potus sur la commune de Rosières ont reçu le groupe. Ils ont fait le point sur leur exploitation qui cumule deux activités. Sur 102,5 ha de SAU, avec un chargement élevé de 135 UGB/ha, les 3 frères élèvent 50 vaches laitières Prim’Holstein pour un quotas de 333 000 litres de lait et 400 brebis Noires du Velay. Avec de bons résultats techniques (8400 litres de lait par vache laitière (chiffres Contrôle laitier) et un lait valorisé aujourd’hui en moyenne à 302 €/tonne et une bonne valorisation des agneaux vendus dans un circuit court à 94 €, l’exploitation ne dégage qu’une marge de sécurité de 7000 €. Cette marge est très faible pour faire face à d’éventuelles baisses de prix (et on pense bien sûr à la baisse annoncée du prix du lait de 30 euros en moyenne pour le dernier trimestre 2008), des imprévus comme une sécheresse ou un problème sanitaire, ou un investissement non prévus. Ces résultats ne font toutefois pas baisser les bras à Jean François, Frédéric ou Didier qui continuent à rechercher plus d’autonomie fourragère, à améliorer leurs conditions de travail, aménager les abords de leur ferme et pouvoir libérer du temps pour leurs familles.
L’après-midi, c’est Anthony Fayolle en gaec avec sa mère Martine qui présentait son exploitation. Récemment installé en 2006, Anthony a chosi la production de viande par goût personnel mais aussi parce qu’il y a moins d’astreintes qu’en lait. Il a aujourd’hui 50 mères Charolaises. Lui aussi voit sa marge de sécurité rétrécir avec la baisse sensible des cours des broutards qui ont perdu en moyenne 140 euros entre 2006 et 2007. Lui aussi reste néanmoins motivé par son métier. Il s’est lancé dans la construction d’un bâtiment pour accueillir 80 vaches.
Sur le terrain, grâce à ces deux exemples concrets, les responsables de la FDSEA et des JA ont voulu montrer la réalité de l’agriculture altiligérienne aujourd’hui et ce dans les principales productions rencontrées sur le département. Gilbert Guignand et jean Julien Deygas ont insisté sur la hausse des charges qui a lourdement plombé les résultats et mis à mal les trésoreries. Ils ont aussi abordé les baisses de prix des produits agricoles qui sont insupportables.
M. le Préfet a apprécié ces rencontres sur le terrain - «on ne fait pas de l’agriculture dans les bureaux» a-t-il souligné - qui lui ont permis de mieux se rendre compte de la situation même s’il avait déjà rencontré les responsables professionnels et était donc bien au courant. Sans être réellement surpris Richard Didier a néanmoins « vu des jeunes à la pointe qui ne s’en sortent pas trop mal et pourtant leur marge de sécurité est extrêmement faible ». Les professionnels, par cette action, ont voulu sensibiliser le représentant de l’État à la réalité du terrain, et lui donne rendez-vous sur les nombreux dossiers qui mettent en relation la profession et l’Administration, tout au long de l’année.

Des explications sur « la grève du lait »

Quelques agriculteurs prêts à faire la grève du lait, ont interpellé le Préfet et les présidents FDSEA et JA.

En marge de cette visite, une quarantaine d’agriculteurs, dits indépendants, s’est invitée sur l’exploitation de Anthony Fayolle pour s’exprimer à la fois devant les représentants de l’État et les responsables de la FDSEA et des JA. Mobilisés pour une grève du lait sur 2 jours, ils attendaient le soutien du syndicalisme majoritaire.
Dans le calme, et avec un argumentaire solide sur les règles de base indispensables pour réussir une telle action (à savoir un mot d’ordre national, une participation de tous les producteurs français et la fermeture des frontières nationales), Gilbert Guignand et Jean-Julien Deygas, ainsi que Laurent Duplomb au nom de la Chambre d’Agriculture leur opposition à la grève du lait dans le contexte actuel ; le dialogue n’étant pas encore rompu avec les entreprises laitières. Ils ont aussi précisé qu’un sondage était lancé via la Haute-Loire Paysanne pour connaître le point de vue des
agriculteurs.

Ils remettent çà à la session de la Chambre d'Agriculture

Comme ils l’avaient annoncé dans la presse locale, un groupe de producteurs de lait «indépendants» s’est invité à la session de la Chambre, l’après-midi. C’est à l’issue des travaux de la session que Gilbert Bros accompagné par Laurent Duplomb, Michel Chouvier et Gilbert Guignand, a reçu la délégation à l’amphithéâtre.
Comme ils l’ont fait lors de la visite du préfet, ils ont exprimé leur colère face à la baisse du prix du lait arguant haut et fort qu’ils n’étaient pas soutenus par le syndicalisme majoritaire.
L’idée de la grève du lait est oubliée, cette fois.

Critiquant tour à tour les pratiques des GMS qui «ruinent les agriculteurs», la gestion et les décisions des entreprises laitières qui «ne tiennent pas compte des producteurs», proposant au fil de la discussion des actions de protestation qu’ils dénoncent quelques phrases plus tard, ce groupe d’agriculteurs hétéroclite, avec des propos qui manquent cruellement de cohérence, ne laisse qu’un message d’agacement et de colère face à la baisse du prix du lait.
Les responsables de la Chambre d’Agriculture et de la FDSEA ont répondu à ces inquiétudes, leur redisant qu’ils avaient aussi à coeur de défendre les producteurs laitiers comme les autres producteurs mais tout en sauvegardant les outils économiques indispensables pour l’avenir de l’agriculture de notre département.

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