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Le porc s'enlise

Mise aux normes bien-être, coûts de production en hausse, les éleveurs cumulent les difficultés. Interview vidéo de Maurice Imbert, président de la section porcine à la FDSEA de Haute-Loire et éleveur porcin à Saint-Jean de Nay.

La directive sur la mise aux normes des logements truies gestantes s’applique dès le 1er janvier 2013.
La directive sur la mise aux normes des logements truies gestantes s’applique dès le 1er janvier 2013.
© HLP
Vendredi 6 juillet, la FDSEA-JA, la Chambre d'Agriculture et l'URPAL (Union Régionale Porcine Auvergne-Limousin) avaient rassemblé l'administration (DDT) et les éleveurs de porcs du département en vue d'aborder l'épineuse question de la mise aux normes des bâtiments pour le bien-être des truies gestantes.
Cette directive européenne, qui rend obligatoire la mise aux normes dès le 1er janvier 2013, impose le logement des truies gestantes en groupes pour la période allant de 4 semaines après la saillie jusqu'à une semaine avant la date prévue de mise bas.

Trois alternatives
Face à cette obligation, qui nécessite plus de surface par truie dans les bâtiments, les éleveurs doivent faire un choix. Pour Maurice Imbert, président de la section porcine de la FDSEA, les éleveurs sont face à trois alternatives : «soit ils choisissent d'accroître la capacité des bâtiments (en agrandissant ou en construisant un nouveau bâtiment), soit ils réduisent leur cheptel, soit ils  ferment les portes de leur élevage».
«L'augmentation de la capacité des bâtiments induit de lourds investissements (demande de permis de construire, contraintes administratives liées à l'enquête publique, coût de la construction) ; cette solution représente toutefois une occasion d'entamer une réflexion autour de la restructuration de son élevage» souligne Maurice Imbert. Les éleveurs peuvent aussi opter pour une réduction de leurs effectifs de truies, «une alternative qui n'évitera pas les investissements nécessaires pour s'adapter aux exigences de la directive». Enfin, les producteurs peuvent aussi opter pour l'arrêt définitif de leur atelier porcin.
Sur les 55 éleveurs de porcs qui détiennent des truies gestantes en Haute-Loire, 10 sont déjà aux normes, 12 projettent d'arrêter leur activité (ce qui laisse présager une perte comprise entre 800 et 1000 truies pour notre département) et 33 ont engagé une réflexion.
L'un des objectifs de la rencontre du 6 juillet dernier était d'inciter les éleveurs à mettre leur bâtiment aux normes et à demander les aides qui accompagnent cette mise aux normes. «L'Union européenne propose une aide sans seuil plancher comprise entre 200 e et 400 e par truie concernée. J'encourage les éleveurs à constituer leur dossier avant le 31 août (date de clôture des demandes d'aides).
Maurice Imbert invite d'autre part les producteurs à tenir la DDT informée (par courrier) de l'évolution de leur élevage porcin avant la fin de l'année 2012.
Si une bonne proportion de producteurs (33 sur 55) ont déjà engagé la réflexion en vue de répondre aux exigences de la directive bien-être, le président de la section porcine de la FDSEA montre une certaine inquiétude à l'égard des éleveurs qui envisagent de réduire leur cheptel et qui, par manque de moyens financiers, vont «bricoler» une installation. «Certes, leur bâtiment sera aux normes bien-être, mais je crains que leur installation ne réponde pas suffisamment aux exigences techniques de production. Je redoute une baisse de la prolificité et une détérioration des conditions de travail, ce qui condamnerait à cout terme leur élevage.
Les élevages qui vont opter pour une baisse de leurs effectifs de truies vont réduire leur production et donc leur revenu ; selon moi, on s'éloigne d'un projet d'entreprise cohérent et d'avenir». Le 1er janvier 2013 sera vite là. Or, en cas de non conformité des élevages à l'égard de cette directive, sachez que les conséquences peuvent être lourdes, en particulier sur la conditionnalité des aides. «Et une poursuite pénale (amende de 4e classe) est toujours possible dans le cas d'une plainte».
«Le consommateur souhaite maintenir une agriculture familiale, de qualité ; or, avec cette mise aux normes, on intensifie et on spécialise la production. On détruit les exploitations familiales de multiproductions, et l'existence de nos filières qualité et de nos abattoirs s'en trouve directement menacée» conclut Maurice Imbert.

Coûts de production : La situation est catastrophique, la profession tire la sonnette d'alarme

Le coût de l'aliment pèse de plus en plus lourd sur la trésorerie des élevages porcins. Et la tension actuelle sur les prix des céréales n'augure rien de bon pour les mois à venir. Maurice Imbert juge la situation catastrophique : «En juin 2010, l'aliment complet pour porc charcutier coûtait 165 euros la tonne en 2010, contre 258 euros en 2011 et on nous annonce 280 euros pour 2012.
En France, le blé se négocie à 250 euros la tonne et le tourteau de soja est à 530 - 550 euros rendu (contre 300 euros en année normale). Quant aux fafeurs, fabricants d'aliments à la ferme, ils ont bien du mal à se positionner, ne sachant pas s'ils doivent stocker ou acheter au jour le jour !» explique Maurice Imbert.
Ces six derniers mois, les prix du porc ont augmenté de +15 centimes d'e par rapport à l'an dernier. Le prix au cadran atteint les 1,40 e ce mois-ci ; mais, il n'a pas encore franchi la barre des 1,50 e» regrette-t-il.
L'aliment nous coûte 120 e de plus la tonne,  soit un supplément de + 30 e par porc. Or, si on voulait répercuter cette hausse en terme de coût de production sur le prix de nos porcs, le cadran devrait augmenter de + 40 centimes d'euros par rapport à une année normale».
Pour faire face à cette hausse des coûts de production, l'éleveur a deux leviers :  la technique (en augmentant la productivité du cheptel) un levier qui a ses limites, ou bien vendre plus cher ses produits ; c'est justement ce que la profession demande à travers l'association Porc de Haute-Loire.

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