Le miscanthus, une diversification originale entre la céréale et la plantation de résineux…
Au Monastier-sur-Gazeille, la Ferme de Chabannes s’est lancée dans la culture du miscanthus destiné à servir de combustible ; une culture peu gourmande en main-d’oeuvre.
Au Monastier sur Gazeille, la SCEA Ferme de Chabannes a fait le pari d’une culture atypique, le miscanthus. La famille Pradier souhaitait s’orienter vers une culture peu gourmande en main d’œuvre. Après avoir étudié plusieurs solutions, et notamment le taillis à courte rotation, les associés ont opté pour la culture du Miscanthus.
C’est une culture qui demande un investissement important au départ. Les plants (rhizomes) coûtent 14 centimes l’unité, plantés à environ 18 000 plants à l’hectare, on atteint une moyenne de 3 000 euros à l’hectare avec l’implantation.
Ce qui a séduit la Ferme de Chabannes, c’est que cette culture ne demande aucune main d’œuvre après la seconde année : «vous appelez l’entreprise d’ensilage de maïs fin mars et votre récolte est faite ; ensuite le miscanthus repousse sans engrais, ni intrants» explique l’exploitant. Les feuilles tombées à l’automne se dégradent, apportant de la matière organique et offrant également un couvert contre les mauvaises herbes.
Utilisé comme combustible
L’ensemble de la récolte est stocké en tas puis revendu comme combustible pour des chaudières à biomasse. Ce peut être pour des chaudières fonctionnant à la plaquette forestière : incorporation jusqu’à 15% du volume, pour mélanger avec des plaquettes forestières afin d’abaisser le taux d’humidité lorsque les plaquettes sont trop humides - rappelons que le taux d’humidité des plaquettes doit être entre 20 et 25% pour une bonne combustion et en accord avec la réglementation. Le miscanthus est également utilisé dans des chaudières spécialement adaptées à la combustion de miscanthus.
Le miscanthus se vend à la tonne ou au MAP (Mètre cube Apparent de Plaquette) : 80 à 125 euros la tonne selon le conditionnement et l’utilisation. Car outre pour la combustion, le miscanthus sert aussi de paillage horticole ou litière animale, pour l’alimentation animale, ou encore en matériau de construction.
Amortissement en 7 ans
Au tarif le plus bas, l’implantation de la culture est amortie après 4 récoltes soit environ 7 ans.
La récolte de la SCEA ferme de Chabannes portait sur environ 5 hectares : 0,8 ha implanté en 2016 et 4 ha en 2017. Elle se fait avec une ensileuse à maïs et les bennes sont déchargées dans le bâtiment dans un ancien silo.
En 2018, sur les 0,8 ha (année2), la récolte faisait environ 20 MAP (près de 3 tonnes de Miscanthus) . Cette année, en 2019, avec une parcelle en année 3 et malgré la neige d’octobre qui avait couché une partie des plants, la ferme de Chabannes a récolté 7 tonnes soit 50 MAP de miscanthus sur ces 0,8 ha. Le rendement de 8,75 tonnes/ha laisse espérer une récolte de 10 à 12 tonnes/ha les prochaines années sur ces terrains granitiques du Mézenc-Meygal. L’ensemble de la récolte 2019 sera vendue comme combustible à la filière «bois énergie, chauffage biomasse» et de nouvelles plantations devraient voir le jour au mois de mai, sur 2 ha supplémentaires...
Delphine Charrier - Chambre d’Agriculture 43
Le miscanthus
Cette plante est une graminée à rhizome à forte productivité. Le génotype utilisé en agriculture (Miscanthus Giganteus) est un hybride stérile non traçant et donc non invasif.
C’est une plante avec un cycle de production long allant jusqu’à 20 ans sans problèmes.
Le cycle de production :
Année 1 : plantation des rhizomes sur une parcelle propre : avril mai.
Année 2 : année décisive ! Désherbage : grosse concurrence des adventices qui sortent plus tôt que le miscanthus, possibilité d’une première petite récolte.
Année 3 et + : récolte annuelle fin mars, repousse au printemps.
Année 20 ou + : arrachage des rhizomes qui peuvent être utilisés pour planter d’autres parcelles ou revendus, remise en état de la parcelle.