Sécheresse et application de la loi Ega :
Le ministre attendu de pied ferme au Sommet
Alors que la décapitalisation du cheptel s’accélère dans des proportions inquiétantes, les éleveurs du berceau des races à viande attendent des réponses concrètes du ministre de l’Agriculture sur la sécheresse et l’application de la loi Ega2.
Alors que la décapitalisation du cheptel s’accélère dans des proportions inquiétantes, les éleveurs du berceau des races à viande attendent des réponses concrètes du ministre de l’Agriculture sur la sécheresse et l’application de la loi Ega2.
La trente-et-une-énième édition du Sommet de l’Elevage va s’ouvrir le 4 octobre prochain à Cournon dans un contexte encore tendu pour le secteur de la viande bovine. Certes, depuis le début de l’année, les cours ont progressé, mais pas suffisamment au regard de la flambée des coûts de production. Force est de constater qu’encore trop d’opérateurs s’assoient sur le respect des indicateurs de coûts de production et sur la non négociabilité de la matière première, se mettant hors la loi Ega2, et hypothéquant l’avenir de la filière, et par là-même leur propre maillon…
« Quand on commet un excès de vitesse nous sommes verbalisés, ce que nous demandons aujourd’hui c’est que les Pouvoirs publics fassent appliquer la loi Ega2 en sanctionnant ceux qui y dérogent », explique Christian Bajard, coordinateur du Berceau des races à viande. Et il y a urgence, car nombreux sont les éleveurs à vendre une partie de leur cheptel faute de perspectives, qui plus est dans un contexte où la nourriture manque en raison de la sécheresse (voir par ailleurs). Le cœur du grand Massif central a été, en effet cet été, l’épicentre d’une sécheresse dramatique. Le Cantal, la Lozère, l’Aveyron, la Haute-Loire, la Loire…sont parmi les départements les plus touchés. Dans le Massif central, certaines zones comptabilisent près de 75% de pertes. « Les cartes Airbus et Isop dévoilées par le Ministère sont loin de refléter la réalité. A ce stade, on peut légitimement douter de la robustesse du système satellitaire », confie Olivier Boulat, de la section bovine de la Lozère.
Sécheresse : expertise terrain
Dans ce cadre, « tant que le satellite ne fonctionne pas, pour aujourd’hui et pour demain (ndlr : dans le cadre de la réforme de la politique de gestion des risques), nous exigeons une expertise terrain », détaille Valérie Imbert de la section bovine de l’Aveyron. Les demandes formalisées au ministre de l’Agriculture, dont la visite au Sommet de l’Elevage est prévue pour le mardi 4 au matin, sont très claires : Un Conseil national de gestion des risques en agriculture conclusif le 19 octobre avec un traitement des dossiers des départements qui ont été déposés afin de donner dès demain des perspectives aux éleveurs touchés ; une analyse des pertes sur la base des enquêtes terrain et des rapports des comités départements et non sur la base des indices ISOP ; une augmentation à 90% du taux d’indemnisation applicable aux pertes de fourrages ; une revalorisation du prix UF, sur la base de l’inflation (prix forfaitaire de l’unité fourragère fixé au niveau national pour calculer l’indemnisation) : 0,11€/UF en plaine, 0,12€/UF en ZDS, et 0,14€/UF en montagne ; et des aides spécifiques au re-semis de prairies. En amont du Sommet de l’Elevage, les départements du berceau des races à viande prévoient une mobilisation concomitante devant les préfectures, ce jeudi 29 septembre.
FNO-FNB-FNPL-FNEC : "La sécheresse s’appréhende par la réalité de terrain… ce n'est pas une fiction satellite !"
Dans un communiqué, les associations animales de la FNSEA appellent les pouvoirs publics à revenir à la réalité du terrain. "Alors que, depuis des années, les éleveurs interrogent et alertent sur la déconnexion entre les cartographies satellitaires et la réalité de terrain, l'année 2022 ne fait pas exception. Les éleveurs de ruminants ont subi, partout en France, y compris sur des territoires jusqu'ici plus épargnés, une sécheresse importante, sur le printemps comme sur l'été. Cette sécheresse a été concomitante avec des épisodes caniculaires et des pics de fortes chaleurs jamais égalés. Leurs récoltes ont été gravement impactées et les ruptures de pâturage nombreuses… situation qui conduit à des achats d'alimentation nécessaire à l'alimentation des troupeaux, impactant, de fait, sévèrement leur trésorerie ! Pourtant les cartographies publiées font état d'une pousse de l'herbe cumulée favorable dans la majorité des territoires. Il n'y a pas de doute à avoir : ces cartographies ne représentent pas la réalité ! Certes, il y a sans doute des explications… qui feront l'objet de discussions et d'améliorations… mais quand ? Et comment pourrait on justifier l'usage de tels outils, incohérents, dans les dispositifs actuels et futurs de gestion des risques climatiques ? L’utilisation d'outils indiciels et satellitaires sera un avantage certain pour l'avenir, dès lors qu'ils auront prouvé leur efficacité et leur fiabilité. D'ici là, la réalité des expertises de terrain doit faire foi ! Sans ça, outre l'incompréhension des éleveurs et leur scepticisme face à l'outil… c'est surtout l'annonce de la fin de l’accompagnement des éleveurs face aux risques climatiques qui s'écrit !"