Le Grand Phénix va renaître de ses cendres
Friche touristique et verrue paysagère surplombant la station, le Grand Phénix va être prochainement démoli grâce au fonds du plan de Relance en vue d'un nouveau projet immobilier.
1 EUR symbolique pour un terrain de plus d'un hectare constructible donnant sur la station du Lioran. Bien que l'offre soit des plus alléchantes, les investisseurs ne se sont pas bousculés et pour cause... Le terrain en question est en effet celui de la friche touristique du Grand Phénix, une résidence de cinq bâtiments, comportant 124 appartements pour 600 lits, jamais livrée (qui aurait dû l'être en 2006) suite à la faillite du promoteur SCV Merboul et à de nombreuses malfaçons sources de procès, au grand dam des 178 propriétaires qui y ont investi leurs économies. Si le Conseil départemental n'a pas caché son intérêt pour cet ensemble immobilier dans le cadre de son ambition d'accroître la capacité d'hébergement de la station, les 4 millions d'euros associés à la seule phase de démolition avaient jusqu'à présent refroidi ses ardeurs. La crise sanitaire et le plan de Relance sont passés par là et devraient permettre au Grand Phénix, laissé plus d'une décennie à l'abandon, de renaître de ses cendres.
4 MEUR pour la seule démolition
Lauréat de l'appel à projets destiné à soutenir la reconversion de friches, le Département va ainsi bénéficier de 3,2 MEUR de France Relance(1), soit 80 % du coût de la démolition. "Cela permettra de sécuriser ce site en se débarrassant de cet ensemble immobilier qui se dégrade, dangereux, qui a déjà servi de squat, et de récupérer un terrain constructible", s'est félicité Bruno Faure mardi lors de la visite du préfet sur la station(2). Et d'ôter cette verrue paysagère surplombant la route du Rocher du Cerf. Si cette démolition est souhaitée le plus tôt possible, elle dépendra bien évidemment des conditions climatiques, le président de la Saem Super-Lioran ne cachant pas sa préférence pour un hiver neigeux, ce qui n'empêche pas la collectivité de travailler d'ores et déjà à l'étape d'après, avec des investisseurs privés, dont certains locaux, qui se sont à nouveau manifestés une fois la contribution du plan de Relance connue.
Doter la station de 600 à 1 000 lits supplémentaires
Après une saison écourtée, une autre définitivement blanche pour les remontées mécaniques, la station et les professionnels de la montagne qui la font vivre veulent ainsi résolument regarder vers l'avenir et s'atteler à un positionnement plus affirmé du Lioran comme une station quatre saisons. Cette ambition portée par la Saem est déclinée dans son projet de développement qui vise notamment à ajouter rapidement
600 logements (puis 400 autres) aux 5 000 actuels et à convertir la patinoire en un équipement structurant permettant de répondre aux activités et animations diversifiées attendues par les touristes et d'y accueillir par exemple des séminaires. Éventuellement aussi à mettre en place un réseau chaleur bois, pour s'inscrire dans la transition écologique, comme l'ont évoqué Hervé Pounau, directeur de la Saem, et Jérôme Lavergne, propriétaire de l'hôtel-restaurant Le Rocher du Cerf (lire ci-dessous). Ce travail sera bien évidemment conduit avec l'ensemble des partenaires locaux, a souligné Bruno Faure, associant les élus présents, les maires de Laveissière, Murat, Thiézac et Albepierre.
Ce projet nécessitera un accompagnement financier de l'État au travers notamment du plan Avenir montagnes, sur lequel le président de la Saem et le préfet ont d'ores et déjà planché. Présenté le 27 mai dernier par le gouvernement, ce plan est doté, sur le volet investissement, de plus de 300 millions d'euros afin de contribuer à relancer l'activité des stations et les aider à répondre aux défis structurels, en particulier aux effets du changement climatique, synonyme d'une raréfaction du manteau neigeux en moyenne - mais aussi haute - montagne.
(1) En tant qu'exploitant de remontées mécaniques, la Saem a par ailleurs été compensée à hauteur de 49 % de son chiffre d'affaires annuel par les aides de l'État, et en tant qu'employeur (plus de 130 contrats en saison hivernale), elle a émargé au dispositif d'activité partielle de mai 2020 à juin 2021 pour 331 415 EUR.
(2) En présence de la sous-préfète de l'arrondissement de Saint-Flour, de Bernard Villaret, président de la CCI, des maires de Laveissière, Murat, Albepierre-Bredons, Thiézac...