Le coût des matières premières : un frein dans la construction agricole ?
Alors que l'économie mondiale se remet de la pandémie de Covid-19, le marché des matières premières est touché par une offre et une demande qui ont grimpé en flèche. Ce qui a un impact direct sur les constructions, notamment dans le monde agricole.
« Hausse de 50 % sur l'acier, 25 % sur la tôle ou le bois » : les experts et les constructeurs ont souligné des hausses rapides, ces derniers mois, des matières premières nécessaires à la construction, et notamment dans le monde agricole. Le marché du bois était particulièrement dynamique avant la crise, puisque avec la transition écologique, ce matériau avait le vent en poupe auprès des consommateurs. « Entre décembre 2020 et septembre 2021, a confirmé Philippe Lansard, président de la fédération française du bâtiment Auvergne-Rhône-Alpes, l'acier a pris 75 %, et le prix du bois a été multiplié par deux ». Un vrai problème pour les agriculteurs souhaitant se lancer dans la construction de bâtiments agricoles aujourd'hui. Sans compter les retards de livraison de chantier, dus aux difficultés d'acheminement des matières premières.
Les premières alertes sont tombées dès le mois de février 2021 : une tension mondiale croissante sur l'approvisionnement en matériaux était constatée par la fédération française du bâtiment, « accompagnée d'une hausse progressive des prix depuis décembre 2020 ».
Hausse des prix qui « n'est pas près de s'arrêter », selon Philippe Lansard, « en 2022, les prix vont continuer d'augmenter, peut-être pas aussi fortement, mais ils ne vont certainement pas redescendre ».
Une analyse partagée par les spécialistes du marché, notamment par Philippe Chalmin économiste et spécialiste des matières premières, qui augure « d'un retour à la normale des prix, au mieux, à partir du second semestre 2022 ». Pour les plus pessimistes, le retour à la normale pourrait commencer à se faire sentir en 2023. Mais les données restent, à cette heure, bien trop fluctuantes pour une analyse ferme : « en termes de visibilité de sortie de crise, je préfère rester prudent, personne ne peut le prévoir aujourd'hui », souligne Philippe Lansard.