L’association qui développe l’emploi agricole partagé
Se partager le temps de travail d’un salarié à plusieurs chefs d’exploitation, c’est ce que permet Agri emploi 15.
“Alors qu’aujourd’hui nous sommes saturés de travail, nous aurions besoin de plus de temps, mais nous ne pouvons pas payer davantage. Si nous avions des aides supérieures pour alléger nos charges, nous pourrions créer de l’emploi”, avance l’un des sept chefs d’exploitation qui vient de contractualiser pour un an avec l’association Agri emploi Cantal. Leur objectif à tous est de se “partager” un salarié qui souhaite lui, arriver à un temps complet. L’association permet de concilier offre et demande. Son travail est, entre autres, de “chercher d’autres agriculteurs pour compléter ce temps”, explique Annie Soulier (Agri emploi 15), avec toute la flexibilité qui convient aux secteurs de montagne. Le salarié doit être polyvalent. Sa tâche est multiple : soins aux animaux, manutention, conduite du matériel agricole, entretien des clôtures, travaux de fenaison, d’ensilage, etc. “Un système pas assez connu des agriculteurs”, regrette cependant Annie Soulier qui constate “peu de groupements de ce type sur l’arrondissement”. Agri emploi 15 signe là sa première action sur le canton de Murat.
Une définition des attentes
Après une première réunion préparatoire en janvier afin d’expliquer le fonctionnement de l’association et de montrer aux différents partenaires les avantages du groupement qui permet notamment de prendre à sa charge l’ensemble des risques liés à l’emploi et les tâches administratives, une seconde était programmée en février. “Chacun avait, entre temps, réfléchi aux coûts et à ses besoins en termes de jours de travail”. Le planning était donc fixé en vue de démarrer le contrat au 1er avril. Le 4 mars, à Laveissenet, l’ensemble des contrats qui vont de cinq à 22 jours, soit l’équivalent d’un mi-temps, était signé par les agriculteurs, venus pour la plupart de communes du canton de Murat et l’un de Saint-Flour sud. Ils avaient déjà essayé de constituer un groupement d’employeurs il y a deux ans mais, par manque de souplesse du système, notamment en terme de licenciement jugé “trop contraignant”, ils avaient renoncé à cette embauche en direct. Agri emploi 15 était donc une alternative. Ils l’ont saisie. “Le frein, c’est le coût pour l’agriculteur ainsi qu’une certaine méconnaissance de l’association qui, on le sait peu, peut contractualiser pour un seul jour”, soulignait à cette occasion Annie Soulier. Ceci dit, l’idée fait son chemin : “Ça se dit, ça se voit, le bouche à oreille agit”. Sur chaque canton estime-t-elle, “je pense qu’il y a de la place pour un temps plein car pour les agriculteurs, le travail ne manque pas”. Quant au coût, il va de 102 à 104 euros hors taxes la journée pour sept heures de travail. Il inclut le salaire, les charges sociales et le fonctionnement de la structure associative qui est présente “pour aider les agriculteurs à employer à temps partiel et permettre aux employés de se fixer sur les secteurs alors qu’ils doivent souvent migrer sur les départements voisins pour le même travail”. Agri emploi 15 souhaite aussi contractualiser avec des mairies et des artisans ruraux. Là aussi, il faut convaincre, mais l’idée est simple et efficace. Elle devrait faire son chemin.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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