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L’arbre et la brebis, une alliance gagnante

Le centre INRA de Laqueuille dans le Puy-de-Dôme a accueilli jeudi, une journée technique sur le projet interrégional d’agroforesterie en élevage ovin baptisé Climagrof.

© JF Rood

Démontrer les bénéfices apportés en termes économiques, environnementaux et territoriaux grâce au maintien de l’agroforesterie en élevage ovin, tel est l’objectif de Climagrof, un projet soutenu dans le cadre de la convention interrégional du Massif central. Au-delà de la démonstration, il s’agit d’isoler à travers l’étude de cas pratique, des outils et un référentiel pour faire de la valorisation du bois une pratique de plus en plus répandue dans les élevages. Dix partenaires des régions Nouvelle-Aquitaine et Au­ver­gne-Rhô­ne-Al­pes¹ sont investis dans le projet qui a démarré en janvier 2017. Pour rendre compte des pratiques existantes, les partenaires se sont retrouvés, le 5 juillet, à l’INRA de Laqueuille dans le Puy-de-Dôme. L’occasion pour eux de découvrir l’un des essais de litière sur bois menés dans la région. Les expérimentations sur le bois litière constituent en effet un des axes forts du dispositif.
Litière
Douze essais sont en cours. Les premiers résultats menés notamment à Saint-Priest-Ligoure en Haute-Vienne sur le site du centre interrégional d’information et de recherche en production ovine (Ciirpo), démontrent qu’en terme de bien-être animal, entre plaquettes et paille, il n’y a aucune différence notoire. « Nous n’avons pas constaté de boiteries supplémentaires ni de problème pulmonaire, la note d’état corporel suit la même évolution, la propreté des animaux est la même aux différents stades », explique Denis Gautier, directeur du Ciirpo. C’est en matière économique, que la plaquette bois mérite encore de faire ses preuves, puisque si la recharge de litière bois est moins fréquente, son installation nécessite deux fois plus de temps, et son coût est deux fois plus élevé que la paille. Au final, le coût pour trente brebis est de 61 euros pour une litière paille, contre 112 euros pour une litière plaquettes et de 86 euros pour une litière « millefeuilles » (plaquettes et pailles).
Valorisation des espaces
Depuis 2011, Jacques Bony, éleveur ovin du côté de Vernines dans le Puy-de-Dôme a adopté les plaquettes bois pour la litière de ses 345 brebis rava. Tous les deux jours, il ajoute des copeaux au godet par couche de 5 à 8 cm. Pour l’éleveur, l’intérêt est triple : économique, puisqu’il valorise la biomasse bois présente sur son exploitation tout en remettant en état du terrain intéressant pour l’activité agricole ; environnemental avec un développement de la biodiversité ; et sociétal avec une ouverture du paysage. Plus au sud, dans l’Ardèche, Pierre Thibault Louche, lui aussi pratique l’agroforesterie mais d’une autre manière. Ses 135 brebis blanche du Massif central valorisent et entretiennent les châtaigneraies. C’est aussi pour optimiser 80 hectares de bois, qu’Anaëlle d’Anna à Bergonne dans le Puy-de-Dôme a accueilli une troupe de brebis sur son exploitation céréalière. Le bois pâturé est découpé en plusieurs lots diversifiés qui assurent l’alimentation des brebis de mi-avril à fin septembre, la ressource en bois de chauffage de l’ordre de 20 stères, et le maintien de l’ouverture du sous-bois. « Cela demande un entretien régulier des clôtures fixes et mobiles, et le déparasitage interne et externe des brebis », témoigne l’agricultrice. Dans la Drôme, ces pratiques de sylvo-pastoralisme très courante, « sont toutefois menacées par la prédation », estime une technicienne de la chambre d’agriculture.
Parmi la quinzaine d’élevages ovins audités dans le cadre du projet Climagrof, la plupart reconnaissent l’intérêt d’avoir des arbres sur son exploitation : effet parasol contre le soleil, herbe plus appétante, moins de mouches, source alimentaire (glands, châtaignes, feuilles…), énergétique (bois de chauffage), litière, construction (piquet de clôture)… Alors pourquoi ici et là, l’arbre a perdu du terrain ? Selon les éleveurs interrogés, c’est essentiellement en raison de la charge supplémentaire de travail et parce que l’arbre constitue un obstacle à la mécanisation. Deux freins pas forcément impossibles à lever, selon les techniciens, à condition de disposer entre autres de références sur la valorisation et l’utilisation du capital bois. Le projet Climagrof entend produire ces données.


¹ Le centre interrégional d’information et de recherche en production ovine (Ciirpo), les chambres départementales d’agriculture de Corrèze, de Haute-Vienne, du Puy-de-Dôme, la chambre régionale d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Institut de l’élevage, l’Union des coopératives agricoles ovines Fedatest (43), la mission Haies Auvergne, les lycées agricoles de Moulins et de Saint-Flour, et l’INRA.

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