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« L’achat d’une estive de 30 hectares a accéléré mon installation »

 Étienne Bessière a officialisé son installation en septembre 2023. Une installation qu’il n’était pas si pressé de commencer, mais une vente d’estive Safer a enclenché le processus.
 

Etienne Bessière devant la bergerie en construction
Etienne Bessière devant la bergerie en construction
© Marion Ghibaudo

Assis à sa table de cuisine, tout sourire, Étienne Bessière semble ne toujours pas en revenir de vivre son parcours à l’installation. « J’avais bien l’intention de m’installer, mais d’ici deux à trois ans, au mieux. Je n’étais pas si pressé. Mais on avait candidaté auprès de la Safer pour une estive en vente de 30 hectares juste à côté », s’amuse le jeune agriculteur. Une vente pour laquelle il avoue qu’il ne pensait pas être retenu. L’appel de la Safer, en 2023, délivrant la bonne nouvelle a eu donc pour effet de leur adjoindre des hectares, et de lancer l’installation d’Étienne Bessière.
En mars 2023, il avait entamé les premières démarches, en s’installant sur la ferme familiale à titre secondaire, et était depuis sa sortie d’études, chauffeur agricole, puis employé au service de remplacement et à mi-temps chez Areal, « ce qui m’a permis de commencer les démarches ». En 2024, il reconnaît « n’avoir aucun regret de s’être finalement lancé », notamment parce qu’ils ont pu obtenir les taux de l’ancienne DJA et entamer la construction d’une bergerie neuve grâce au plan régional de subvention des bâtiments. Une bergerie qui pourra accueillir jusqu’à 300 brebis, complétée par une salle de traite d’occasion.
Même s’ils ont eu quelques accrocs au moment des versements d’aide, puisque les financements régionaux n’ont pas encore été touchés par le Gaec. « Les artisans ont commencé le travail, et on fait un peu d’auto-construction, mais c’est vrai que ça nous inquiète de ne pas avoir reçu les aides. Ça peut tout changer sur le plan de financement », soupire le jeune agriculteur.
Si Étienne Bessière n’était pas si pressé, c’est parce que sur la ferme familiale, il n’y avait pas la place pour deux, avec 45 vaches et 40 brebis.

Des projets multiples
Le projet d’installation d’Étienne Bessière comprend un grand changement par rapport à la structure actuelle : ce sont 280 à 300 brebis laitières qui vont rejoindre la ferme d’ici à la mi-août, dont le lait sera collecté par Duo Lozère. Le troupeau de Lacaune est lui-même local, puisqu’il a été racheté à un agriculteur de Saint-Chély-d’Apcher qui est proche de la retraite. « Nos premiers agnelages du troupeau Lacaune sont prévus en octobre ». « Le troupeau produit bien, donc on va essayer de maintenir le niveau de production actuel ».
Et pour accueillir ces nouvelles venues, la construction d’une nouvelle bergerie a été nécessaire, en cours elle aussi. Elle devrait être terminée pour l’arrivée des brebis. « La brebis lait, c’est une production qui me plaît, et le fait que Duo Lozère cherchait du lait a aussi contribué à ce projet. En plus, vendre du lait en local et en circuit court, c’est très valorisant », détaille Étienne Bessière. Sans compter que le lait de brebis reste rémunérateur en 2024, malgré la hausse des coûts et des charges.
Et parce que garder trois productions semblait compliqué pour les deux associés, les brebis allaitantes seront progressivement supprimées. 
Depuis 2001, Denis Bessière proposait de la vente directe de viandes issues de ses animaux âgés entre trois et six ans pour les caissettes de bœuf, et quatre à huit mois pour les caissettes d’agneaux.
« Nous allons un peu diminuer le troupeau d’Aubrac, mais on va en garder 30 à 35 pour faire de l’engraissement ». Un moyen pour la ferme d’équilibrer sa trésorerie en ne mettant pas tous ses œufs dans le même panier. Autre avantage de ce troupeau : il permettra de valoriser les pâtures les plus lointaines, ainsi que les refus des brebis. Les broutards partiront à l’export tandis que les réformes de plus de sept ans seront engraissées pour des ventes aux maquignons, notamment. « Et nous continuerons de la vente directe d’agneaux pour une clientèle de particuliers qui nous demande, notamment. On devrait aussi faire 6 à 8 brebis par an en vente directe, des brebis de moins de sept ans, comme mon papa avait mis en place ».
Pour l’avenir, Étienne Bessière espère trouver plus de foncier « pour essayer d’être autonome en fourrage. Pour le moment, on achète les trois quarts de notre paille. Mais la pression foncière est importante, c’est compliqué ». Le jeune agriculteur veut cependant croire que l’autonomie est possible, notamment en travaillant sur l’agronomie de leurs sols. « Nous avons des terrains à Recouls qu’il faut travailler pour en faire des champs, mais ce sont des terrains plats, et à Lascols quelques champs qui pourraient produire plus ».
Un travail que les associés mènent en parallèle de ce qu’ils cultivent déjà : « nous allons remplacer nos dactyles par des ray-grass, fétuques et de la luzerne, notamment. Sur nos quatre à cinq hectares de céréales (un mélange d’orge, pois, triticales), on essaye de travailler sur la qualité. Et on fait de l’ensilage et du foin ». Et d’ici quelques années, une fois que l’installation sera bien en place et qu’ils pourront souffler, les associés réfléchissent à du séchage en grange, mais rien n’est sûr.

« Être rigoureux dans son parcours à l’installation »
Évaluant son parcours à l’installation jusqu’à présent, Étienne Bessière l’a trouvé relativement fluide. Mais il prévient : « il ne faut rien lâcher. Il faut y consacrer une demi-journée par semaine, minimum, et ne jamais hésiter à appeler deux, trois, quatre fois, jusqu’à ce qu’on ait les réponses ». Avouant lui aussi, que parfois, il a trouvé ça très long, de remplir tous ces papiers, continuellement. « Mais la rigueur est importante, et toujours savoir où en est son dossier », insiste-t-il, tout en remerciant les nombreuses structures qui l’ont aidé tout au long du montage du dossier : Safer, PAI et chambre d’agriculture, notamment. « Sans oublier les banques qui ont joué le jeu ».
S’installer sur la ferme familiale, établie à Lascols depuis quelques générations, était un rêve qui se réalise pour le jeune agriculteur qui regarde désormais vers l’avenir.
 

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