La lutte contre le varroa s’organise
Avec 159 exploitations certifiées bio, près du tiers des producteurs de miel bio français, l’Occitanie est la première région apicole de France. Ce bon constat ne doit pas faire oublier les difficultés auxquelles sont confrontés les apiculteurs, comme la lutte contre le varroa.
Sur le territoire Languedoc-Roussillon, les exploitations productrices de miel AB représentent 12 % des apiculteurs professionnels et des agriculteurs détenteurs de ruches, soit 84 producteurs, dont 11 en conversion, pour 14 510 ruches. Sur le territoire Midi-Pyrénées, ce chiffre monte à 17 %, soit 75 producteurs dont 9 en conversion pour 12 236 ruches*. Les chiffres des deux régions suivent la tendance nationale dont la moyenne se situe à 16 % d’apiculteurs bio.
Une commission régionale au service de l’apiculture biologique
Le plan ambition bio 2017, lancé en 2015 par la Draaf Languedoc-Roussillon et la Région, soutient le développement de la filière apiculture biologique. Dans le cadre de ce plan, un comité technique et économique apiculture biologique a été mis en place à l’initiative de la chambre régionale d’agriculture et de Sud&Bio, fin 2015. Coanimé avec l’Adapro LR, il réunit les différents acteurs techniques et institutionnels du développement agricole, du conseil et de l’expérimentation en vue d’une collaboration sur des actions prioritaires. Ces actions concernent notamment la lutte contre le varroa, principal parasite de la ruche, le développement de l’élevage et la sélection en conditions de production bio.
La lutte contre le varroa
La maîtrise de l’infestation des colonies par Varroa destructor est au centre des préoccupations des apiculteurs. Ce constat est encore plus frappant dans les exploitations en apiculture biologique, où les traitements chimiques de synthèse qui permettent de lutter relativement efficacement contre ce parasite, ne sont pas autorisés. L’interdiction de ces produits, fait de la lutte contre Varroa, la différence majeure entre les exploitations conventionnelles et biologiques. Les produits de traitements en apiculture biologique sont limités aux acides organiques, dont l’efficacité théorique semble acceptable mais se révèle aléatoire en conditions réelles. De plus, leurs modes d’application et d’utilisation dépendent de nombreux facteurs (température, humidité, force des colonies, présence ou non de couvain…) et peuvent représenter un danger pour le manipulateur. Les perspectives de la lutte contre cet acarien semblent de plus en plus s’orienter vers une meilleure maîtrise des produits existants (doses, répétitions, période d’application) et l’optimisation des moyens de lutte alternatifs (blocage de ponte de la reine, retrait de couvain, piégeage dans le couvain de mâle…).
Pour avancer dans cette lutte, l’Adapro LR prévoit un programme d’expérimentations pour 2017. Ce programme permettra à l’apiculteur bio de mieux estimer les taux d’infestation et de choisir le traitement et le mode d’application, en fonction de la taille du rucher, du niveau d’infestation, de la période de l’année et des pratiques apicoles.
Un projet de sélection d’abeilles locales adaptées aux pratiques de l’apiculture biologique
Dans cette optique, 15 apiculteurs professionnels se sont regroupés au sein d’un centre d’expérimentations technique apicole créé début 2016 : le Ceta Api d’OC. Ce groupement d’apiculteurs, dont plus de la moitié sont certifiés AB, a pour objectif de mener à bien un projet de sélection d’une abeille relativement prolifique, avec une bonne gestion de ses réserves, dont la ponte s’adapte aux conditions climatiques et qui peut s’adapter à toutes les miellées du territoire, des plus précoces aux plus tardives. Le résultat de ce travail permettra de participer au développement de l’offre génétique en apiculture biologique sur le territoire.
Par ailleurs, le comité technique et économique apiculture biologique a identifié d’autres priorités pour lesquelles des actions spécifiques se mettent en place comme de l’accompagnement à l’installation, la conversion en AB, les complémentarités avec les autres productions agricoles ou encore l’information des consommateurs…
Qu’est-ce qu’un miel bio ?
Le miel bio est produit sur une zone de butinage préservée. A minima 50 % de cultures en AB ou de flore spontanée ou une zone pouvant bénéficier de MAE (prairies, zones humides, forêts, jachères, fourrages…) doivent se trouver dans un rayon de 3 km autour du rucher. La prophylaxie doit être limitée, certains produits utilisés en apiculture conventionnelle (plus efficaces) ne sont pas autorisés en apiculture biologique. Le nourrissement doit être restreint, il est autorisé uniquement si la survie des colonies est engagée et uniquement aux moyens de produits issus de l’agriculture biologique. Les ruches doivent également être en matériaux naturels et l’apiculteur doit utiliser des produits de nettoyage et de désinfection restreints.