La forteresse de Carlat comme si vous y étiez au XVe siècle...
En juillet, cette plate-forme, qui accueillit l’une des plus puissantes citadelles du Sud de la France, sera le nouvel atout touristique de la Caba grâce à la réalité augmentée.
Neuf février 1467, l’armée du roi s’apprête à encercler la forteresse de Carlat, Louis XI ayant donné l’ordre d’assiéger le rocher et de s’emparer du félon comploteur Jacques d’Armagnac, comte de Pardiac et vicomte de Carlat, duc de Nemours qui, malgré ses gages de fidélité au roi de France qui l’a marié à sa propre filleule, a rejoint la Ligue du bien public. En tournant la tête, la vue à 360 degrés vous permet de constater l’inexorable avancée des troupes royales... La scène, virtuelle, est on ne peut plus réaliste. Cette intrigue n’est pas celle d’un jeu vidéo mais celle que les visiteurs du rocher de Carlat vont pouvoir vivre, en 3D, dans quelques mois, grâce à une valorisation du site faisant appel à la “réalité virtuelle et augmentée”. Un projet avant-gardiste et ambitieux porté par la Caba qui va ainsi proposer, à compter de juillet(1), un voyage à remonter le temps. Qu’on se rassure, les amours adultères de la reine Margot ne seront pas oubliées..., assure Xavier Dall’Agnol, le génial développeur des projets touristiques de l’Agglo d’Aurillac.
Des lunettes à remonter le temps
Avant d’en arriver là, il a d’abord fallu essayer de retracer les contours de la forteresse, la plus imposante du midi de la France, à son apogée au XVe siècle, en faisant appel à un géoradar qui a analysé les changements de milieux dans le sol et identifié toute une série d’anomalies synonymes pour beaucoup de bases de constructions. “Ça nous a permis de définir un cheminement du site(2) sur le rocher sans amputer l’avenir avec des fouilles”, expose Xavier Dall’Agnol. Un cheminement, qui partira d’un kiosque d’accueil au pied du célèbre escalier de la Reine taillé dans la roche, avant d’accéder au plateau et de suivre une boucle émaillée de bornes. Le site pourra être (re)découvert en format “classique”, à heures fixes, avec un guide qui fera appel aux six écrans de réalité augmentée pour invoquer le passé. Un parcours et des écrans didactiques que le visiteur pourra emprunter en visite libre. Mais le “must”, le format qui sera à l’évidence le plus prisé, c’est la visite individuelle, équipé de jumelles de réalité augmentée qui permettront de géolocaliser le visiteur en lui donnant à voir de n’importe quel point du rocher la reconstitution de chaque partie de la forteresse. Une expérience qui lui procurera même des sensations de téléportation : “Au pied du donjon, en regardant avec vos jumelles vers le haut, vous allez vous retrouver virtuellement en haut de la forteresse, les pieds au bord du vide”, promet Xavier Dall’Agnol. “Bluffant !”, confirme Jacques Mézard qui a vécu cette téléportation. Mieux encore, s’il le souhaite, le visiteur pourra choisir d’incarner un personnage de l’intrigue évoquée ou, pour les plus jeunes notamment, participer à une chasse aux trésors.
Ludique et didactique
Cette découverte ludique d’un château médiéval aujourd’hui disparu, unique en France, n’enlève rien à l’ampleur et la précision du travail et des recherches historiques conduites en interne d’abord, puis avec l’appui de la société Vox historiae, entreprise de médiation du patrimoine, conseil et recherche historique, et la start-up clermontoise Reoviz, expert en développement numérique virtuel. Ainsi, à chaque écran seront associés un personnage et une thématique : l’histoire du rocher, de ceux qui l’ont rendu célèbre (Jacques d’Armagnac, sa femme Louise d’Anjou, Marguerite de Valois, alias la reine Margot,..), les espaces résidentiels de la seigneurie, la commanderie associée aux enjeux politiques et diplomatiques, l’église du rocher et la vie spirituelle, la vie quotidienne du Tiers État dont les logis étaient situés dans la zone Ouest, la plus éloignée, le volet militaire et défensif sur le rocher dont l’accès principal se faisait jadis par le murgat, situé au sud du rocher, et, enfin, à partir du sixième écran, l’extrémité orientale de la forteresse, “la seule source possible de menace”, relate Xavier Dall’Agnol. Une menace qui viendra d’Henri IV lequel ordonne le démantèlement de la citadelle en 1603. Pour la “petite” histoire, après son arrestation, Jacques d’Armagnac sera enfermé dans une “fillette”, une minuscule cage de fer, passé à la question et condamné, puis tué sur l’échafaud, tandis que ses enfants seront eux aussi persécutés...
(1) Ouvert a priori tout l’été. (2) La citadelle était perchée à 840 m d’altitude, sur un fragment de coulée de lave basaltique surplombant la vallée de l’Embène. Sa superficie est estimée à 2,5 ha.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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