Guéret
La filière doit régler ses problèmes pour être plus forte
A l'heure où l'élevage subit une crise sans précédent, les organisations syndicales et la chambre d'agriculture ont sollicité la participation à une réunion d'échanges de Jean-Pierre Fleury, secrétaire général de la Fédération nationale bovine.
Alors que la filière bovine n'a jamais été autant dans la tourmente, la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), les Jeunes agriculteurs (JA) et la chambre d'agriculture ont souhaité évoquer les sujets qui préoccupent les éleveurs et les pistes de réflexion en cours avec Jean-Pierre Fleury, secrétaire général de la Fédération nationale bovine (FNB). Bilan de santé de la politique agricole commune (PAC), cours en baisse, PAC après 2013, Fièvre catarrhale ovine (FCO) et bien d'autres thèmes encore ont été évoqués avec les participants.
Un Bilan de santé à 3 effets
Dès l'introduction, Philippe Monteil, président de la FDSEA et Pascal Lerousseau, président de la section bovine de la FDSEA ont donné le ton en décrivant le contexte difficile et un Bilan de santé qui risque de laisser des séquelles dans certains secteurs du département. Selon Jean-Pierre Fleury, le Bilan de santé a eu 3 effets. Tout d'abord, il a vu le transfert de 750 millions d'euros (dont 500 millions d'euros apportés par le secteur céréale) par l'article 63 pour la mise en place de l'aide à l'herbe. Ensuite, l'article 68 a orienté une partie des droits à paiement unique (DPU) sous d'autres formes, en une sorte de recouplage, comme les aides ovine, à l'agriculture biologique ou aux protéines. Enfin, le dernier effet, c'est la modulation qui va atteindre 10 %. « Tout cela était déjà une façon de détricoter le DPU », selon Jean-Pierre Fleury. Effectivement, selon les systèmes de productions dans les élevages (engraisseurs), il y a des conséquences négatives.
Un système de fixation obsolète
Toutefois, pour pallier cela, pas de solution dans l'immédiat. Le ministère a bien fait comprendre qu'il n'y aurait pas d'année blanche, dans un climat économique et politique qui a rarement été aussi tendu ! « On est dans une impasse financière pour trouver des solutions, a indiqué Jean-Pierre Fleury. Pourtant, on n'a pas d'autres choix que d'avoir une année blanche, au moins pour les plus en difficultés. »
La FNB est déjà mobilisée sur ce dossier et sur d'autres également comme avec l'action de blocage des cotations. Depuis un mois, les responsables professionnels dans plusieurs régions de France, y compris le Limousin, ont suivi le mot d'ordre national de refuser la fixation des cotations « entrée-abattoir » en continuelle baisse hebdomadaire. « Je voudrais remercier ceux qui mouillent la chemise sur le terrain. C'est grâce à eux qu'on peut, nous, faire avancer les choses au niveau national ! », a tenu à souligner Jean-Pierre Fleury. Au delà de refuser la baisse, cette action a avant tout pour but de refondre le système de fixation des cotations. La FNB propose la détermination d'une cotation nationale par race. Mais la tâche ne sera pas simple. Le chantier s'annonce difficile et long, avec à terme, l'ambition pour la Fédération spécialisée d'obtenir une cotation « production ».
L'urgence de régler les problèmes producteurs/industriels
Il est vrai que les cotations sont un sujet actuellement sensible. Certains responsables ont effectivement fait part de leur sentiment « d'abandon » de leurs outils de commercialisation. Ils pensent que ces outils ne vont pas dans le même sens que la production. Jean-Pierre Fleury reconnaît que le contexte est complexe. Au niveau national, hormis Bigard, entreprise privée qui tire financièrement son épingle du jeu, les 4 ou 5 groupes coopératifs que compte la filière bovine sont en déficit. En tout cas, il y a une réalité pour le secrétaire général de la FNB, c’est qu'« on n'a pas le même discours entre une organisation de producteurs qui a investi dans l'aval et qui, donc, dit qu'il faut faire tourner l'outil, et celle qui n'a pas investi dans l'aval et qui est dans une logique de défendre l'offre des producteurs ».
Au regard de cela, « on ne sera fort devant les grandes et moyennes surfaces que lorsqu'on aura réglé nos problèmes de filière entre producteurs et industriels », a remarqué Jean-Pierre Fleury, avant d'assurer toute la détermination de la FNB sur ce dossier des prix de la viande : « On a fait ch… tout le monde quand on a voulu travailler sur les prix et on va continuer… ».
La contractualisation pas obligatoire
Pour ce faire, la FNB a travaillé sur la mise en place d'un indice de coût de production qu'il sera demandé à France Agri Mer de valider. Cette première approche servira pour la fixation de l'indice trimestriel qui déterminera le niveau neutre dans le schéma de contractualisation avec sécurisation de marge sur lequel la FNB a pratiquement terminé ses travaux (cf. schéma ci-contre). Les privés ont d'ores et déjà accepté ce schéma. La coopération est pour l'heure réticente, estimant qu'elle a déjà son propre système de contractualisation. « La contractualisation ne sera pas obligatoire. La Russie, c'est fini ! » a lancé Jean-Pierre Fleury. Quoi qu'il en soit, ce schéma prometteur ne pourra pas être opérationnel pour l'automne puisqu'il faut qu'il soit officiellement validé par l'Etat, alors que la période s'annonce délicate avec des prévisions de cours alarmantes.
Les principes du « schéma de contractualisation avec sécurisation de marge » proposé par la FNB
- Se baser sur les coûts de production réels ;
- Contrat tripartite : éleveur-OP-abatteur ;
- Cadre national (contrat-type, indicateur de marge par type de production, seuils de déclenchement communs), décliné par type de production ;
- Schéma volontaire et progressif, avec incitation par cofinancement public ;
- L’objectif d’atteindre au moins 30 % du marché des JB-génisses-bœufs.
FCO : vaccination non obligatoire
Lors de son intervention, Jean-Pierre Fleury a annoncé officiellement que la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine ne serait pas obligatoire pour la prochaine campagne. De ce fait, il n'y aura pas de prise en charge de l'Etat. A l'issue de la réunion dans notre département, Jean-Pierre Fleury rencontrait Bruno Le Maire au ministère de l'agriculture pour affiner les points encore en suspend concernant la commercialisation des animaux. A l'heure actuelle, pour vendre les broutards, l'Italie et l'Espagne demandent une certification de vaccination du cheptel souche. La FNB a sollicité l'intervention du ministre auprès de ses homologues italiens et espagnols pour obtenir des assouplissements et n'avoir besoin de vacciner que les animaux qui partent à l'export.