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La Croatie, un vrai appel d'air pour la salers

Après l'expédition de 350 génisses cette année en Croatie, le herd-book salers travaille à une coopération avec le ministère croate pour aider le pays à structurer son élevage.

Sans annoncer de chiffres, le herd-book assure que d'autres convois partiront en 2017 vers l'Est.
Sans annoncer de chiffres, le herd-book assure que d'autres convois partiront en 2017 vers l'Est.
© P. Olivieri

L'image a circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux : des vaches salers pâturant paisiblement sur de vastes plateaux de montagne aux allures de Cézallier (les rats en moins...). Une photo trompeuse prise début décembre dans la province de Lika en Croatie, où les responsables du herd-book salers (HBS) sont allés prendre des nouvelles des génisses exportées au printemps puis à l'été depuis le Cantal pour contribuer à la reconstitution d'un cheptel allaitant dans ce pays encore marqué par les stigmates de la guerre des années 90. Et pour le coup, les nouvelles des 350 "expatriées" acajous, pour l'essentiel des génisses de 14-16 ou 24 mois ou prêtes à vêler, sont excellentes malgré des températures glaciales, comme a pu le constater Lionel Duffayet, président du herd-book et du GSE, accompagné de Géraud Trin (vice-président) et du directeur Bruno Faure.

Adaptée au climat et aux loups ! "J'y avais déjà été en janvier dernier, on avait alors vu des troupeaux vendus en 2011, parfaitement acclimatés, élevés dans des conditions assez rudes, avec beaucoup de plein air intégral, raconte le président des instances raciales. On a vu des vaches dans un très bon état, alimentées uniquement avec du foin en hiver, et qui confirment pleinement - si besoin était - la rusticité et la robustesse de la race !" Une salers qui s'est aussi révélée un rempart idéal face aux prédateurs, la Croatie demeurant un pays d'ours et de loups ! "La salers a un autre atout, c'est son instinct maternel, elle se défend ! On a vu deux troupeaux de 60 vaches vêlant dehors avec des mecs qui ont sauvé respectivement 58 et 59 veaux, ils n'avaient jamais vu ça !", relaie Lionel Duffayet. Au-delà de l'anecdote, les passerelles cantalo-croates s'annoncent plus que prometteuses dans un proche avenir. Sans vouloir s'avancer sur des chiffres, le patron du herd-book assure qu'il y aura d'autres convois en 2017. "À condition d'être bon sur l'accompagnement et le suivi, d'être au rendez-vous pour fournir un panel suffisamment large d'animaux vaccinés contre la FCO, prêts sanitairement à être exportés, je dirais que le potentiel est quasiment illimité", assure Lionel Duffayet, qui a jeté les bases, début décembre avec le ministère de l'Agriculture croate, d'un accompagnement permanent. "C'est un gros dossier, se félicite le Cantalien, qui suppose néanmoins une stabilité politique." Dans la région de Lika, les Croates qui ont acheté des salers sont de jeunes entrepreneurs, souvent pluriactifs qui ont vu dans la libération de terres par l'État une opportunité.

Livrer le mode d'emploi

"Ce sont de grandes plaines qui ressemblent au Larzac avec du potentiel, où il peut se récolter du fourrage, mais il y a tout à faire", relate Lionel Duffayet, pour qui il faut, avec les animaux, "livrer à ces nouveaux exploitants le mode d'emploi". D'où ce projet d'investir techniquement en Croatie, d'abord en accueillant une dizaine d'élèves ingénieurs ou futurs vétérinaires croates pour leur expliquer les pratiques d'élevage, le suivi des animaux, le mode de récolte des fourrages... "car on a vu là-bas du fourrage récolté en août seulement". De même, dans le cadre de cette coopération transrégionale au sein de l'UE, des élèves ingénieurs français pourraient se rendre en Croatie avant d'envisager un appui technique potentiel par des techniciens du HBS. Les instances raciales pourraient aussi accompagner les éleveurs croates à mettre sur pied un herd-book "mais auparavant, il faut d'abord identifier les animaux et, à ce jour, ils n'ont aucune pratique administrative de l'élevage". Dans la région du Bjelovar, à l'Est, ce sont des éleveurs laitiers en reconversion qui ont choisi la salers. Des professionnels de l'élevage donc, qui disposent "du savoir-faire, d'une alimentation de qualité, de bâtiments...", précise l'éleveur de Saint- Cernin. Dans ce berceau historique de la simmental, où les cheptels ont été décimés par le conflit, l'objectif est de refaire de l'engraissement et de rouvrir d'anciens abattoirs. Dans la province du Lika, les veaux salers sont eux vendus à un poids de 250-300 kg à des particuliers. "Il y a encore beaucoup d'auto-consommation dans cette région où il faut s'imaginer la campagne française des années 60", indique Lionel Duffayet, qui a aussi pu rencontrer un entrepreneur bosniaque. Ce dernier est à la tête d'une exploitation de 15 000 ha pour 5 000 vaches. "Il venait de récupérer 10 000 autres hectares, il voulait savoir combien de vaches il pouvait y mettre..." raconte le Cantalien.

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