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Portrait
"Je veux que nous prenions soin de notre agriculture car c'est un véritable enjeu pour demain"

Présidente du Conseil départemental depuis le 1er juillet 2021, Marie-Agnès Petit est une femme de tête
profondément attachée à la Haute-Loire et à la terre. Portrait de la première femme qui a pris les rênes de cette institution.  

Après une carrière de 40 années à la Chambre d’agriculture, Marie-Agnès Petit, détient désormais les clés du Département.
Après une carrière de 40 années à la Chambre d’agriculture, Marie-Agnès Petit, détient désormais les clés du Département.
© © HLP

Pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel ?
Marie-Agnès Petit : Je suis originaire de Céaux d'Allègre, commune dans laquelle je réside encore aujourd'hui. Après mon bac D en poche, j'avais dans l'idée de devenir médecin mais la situation familiale de mes parents, agriculteurs en production laitière, a modifié mes projets professionnels. Mon père étant malade, j'ai opté pour un BTS TAGE (techniques agricoles et gestion d'entreprise) à l'ISVT ce qui me permettait à la fois de l'aider et de perpétuer ces traditions paysannes auxquelles j'ai toujours été si attachée. Une fois sur le marché du travail, face à plusieurs propositions d'emploi, j'ai choisi celle de la Chambre d'agriculture de Haute-Loire pour rester dans mon département. J'ai travaillé 40 années dans cet établissement, des années riches de contacts avec les agriculteurs et les territoires qui m'ont notamment conduit à assurer l'animation d'événements agricoles.

Qu'est-ce qui vous a mis sur la voie de la politique ?
M.A Petit : Mon aventure politique débute en 1998 lors des élections régionales ; à l'époque les politiques altiligériens recherchent une femme qui connait plutôt bien l'agriculture. Jean Proriol me propose alors d'intégrer sa liste. De mon côté, personne ne me connaît sur la scène politique, je ne suis pas militante ni élue, et la seule chose que je sais c'est que je vote à droite. Et j'ose dire oui ! C'est ainsi que je me suis retrouvée conseillère régionale au côté de Valéry Giscard d'Estaing qui m'a très vite confié la présidence de la commission agriculture et forêt au sein de laquelle j'ai eu à traiter des dossiers épineux (crise vache folle, tempête de 1999, sécheresses). Une mission très formatrice qui m'a permis de réaliser que pour bien comprendre les dossiers, il faut prendre le temps d'écouter. En 2008, le Département me demande d'intégrer ses rangs pour ramener la majorité départementale sur le canton d'Allègre... J'accepte et je trouve alors le courage de partir à la rencontre des habitants du territoire, et je remporte la victoire et deviens conseillère départementale. En 2015, je reste conseillère en binôme avec Bernard Brignon et vice-présidente du Département en charge du tourisme et de l'attractivité. En 2021, je mets un terme à mon mandat régional et je me vois proposer la place de présidente du Département ; le président Marcon ne voulant pas poursuivre ses missions. Je vous avoue que cela a provoqué en moi un vrai questionnement : serai-je capable d'occuper ce rôle ? C'est, poussée par mes pairs, que j'ai accepté cette responsabilité et j'ai été élue présidente le 1er juillet 2021. J'ai toujours eu le souci de prendre à bras le corps l'ensemble des dossiers et de fédérer autour de moi (que ce soit les présidents des autres Départements ou dans le domaine du tourisme, en créant le conseil de destination).

Qu'est-ce qui vous motive au quotidien ?
M.A Petit : Chaque jour, je me lève avec le plaisir de venir au Département car je travaille avec de vraies équipes d'élus, de direction et avec mon équipe de cabinet. Je sais pouvoir travailler ensemble avec confiance loyauté et complicité. Et concrètement cette collaboration s'illustre par Cap 2030, la feuille de route que nous avons écrite ensemble avec le souci de remettre l'élu au centre du village. Une feuille de route qui s'appuie sur 3 valeurs (orienter les usagers ; faire ensemble ; être responsable), desquelles découlent 7 défis à relever et déclinés en objectifs. Je crois en tout cela, tous les matins en me levant.

Vous êtes la première femme à accéder à une telle responsabilité en Haute-Loire. Qu'est ce que cela vous inspire ?
M.A Petit : On ne me poserait pas la question si j'étais un homme ! Mais pour moi c'est le résultat de la reconnaissance et de la confiance de mes collègues. Cette belle mission est un véritable honneur pour moi.

Quels messages aimeriez-vous délivrer aux jeunes filles qui ont leur vie professionnelle devant elle ?
M.A Petit : Soyez curieuses et ouvertes sur le monde qui vous entoure et travaillez sans relâche. Vous avez la chance aujourd'hui de pouvoir vous enrichir mais sans jamais oublier vos racines. Réalisez vos rêves et cultivez la confiance en soi. Ne vous laissez pas happer par une consommation abusive des réseaux sociaux, triez ! Et comme l'encourage la marque que nous avons lancée le 6 janvier dernier : soyez fières d'être altiligériennes !

En tant que présidente du Département, gardez-vous une attention toute particulière à l'égard de l'agriculture ?
M.A Petit : J'ai cette agriculture et cette terre qui me collent aux pieds, ce qui me rend forcément attentive à ce domaine ; en tant que présidente du Département, je veux que nous prenions soin de notre agriculture car c'est un véritable enjeu pour demain. J'ai nommé un conseiller délégué à l'agriculture en la personne de Mikaël Vacher et notre collectivité accompagne l'investissement des agriculteurs (bâtiments, Cuma, diversification) ainsi que les OPA et filières pour valoriser les savoir-faire (Chambre d'agriculture, Lentille Verte du Puy, Fin Gras du Mézenc...). Lors de notre dernière cérémonie des vœux, j'ai d’ailleurs parlé d'agriculture et remis des "A d'Or" à Jessy Trémoulière, agricultrice et meilleure joueuse au monde de rugby et à Mickaël Chabanon, notre jeune boucher MOF. Et dans quelques jours, nous accompagnerons le comité de promotion et la Chambre d'agriculture à l'occasion du Salon International de l'Agriculture.

Quel est selon vous le secret pour tenir la cadence de votre mission ?
M.A Petit : La diversité de la mission est tellement riche qu'elle appelle encore et toujours ce travail passionnant.

 

Dossiers agricoles prioritaires
Eau
Le Département entend accompagner son agriculture sur la problématique de l'eau. "Il s'agit en premier lieu d'évaluer nos ressources en eau par le biais d'une étude en cours sur le massif du Devès, sur notre département et l'agglomération du Puy. Nous comptons également réfléchir aux moyens de rénover nos 8200 km de tuyaux d'eau potable, travailler sur les usages de l'eau et sur le schéma départemental de l'eau. Je suis prête à aider à la réalisation de retenues collinaires. J'ai également proposé d'organiser prochainement les toutes premières assises départementales de l'eau".
Foncier
"Le foncier est un autre dossier important pour l'agriculture alors que la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette) pourrait perturber nos territoires ruraux. Je salue la réalisation d'échanges amiables, que nous aidons financièrement, et qui permettent d'améliorer un foncier très morcelé".
Renouvellement des générations
En agriculture, le renouvellement des générations est un enjeu majeur et en la matière "le Département peut accompagner des actions mises en place par les OPA ou informer les collégiens sur les opportunités offertes par les métiers de l'Agriculture. À ce sujet, j'ai souhaité créer une banque de stages à destination des collégiens, qui sera opérationnelle dès la rentrée 2023-2024".
Souveraineté alimentaire
Le Département entend œuvrer pour cultiver notre souveraineté alimentaire "car nous en avons la capacité, en refusant l'entrée sur notre territoire de produits qui ne respectent pas les normes en vigueur. Il s'agit aussi de valoriser nos savoir-faire en incitant la population à entrer dans nos fermes et nos entreprises. Plusieurs actions existent déjà (De fermes en fermes, Mon été à la ferme...) mais il faut aller encore plus loin car je tiens à faire découvrir ces belles richesses de nos entreprises."

 

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