Jacques Mézard : “Il faut maintenir des prix et des capacités d’exportation”
Plus connu pour ses interventions contre le non-cumul des mandats ou les sectes, le sénateur Mézard active aussi son réseau pour défendre l’élevage cantalien.
Aide à l’installation des jeunes agriculteurs, vaccination contre la FCO(1), versement de la PHAE(2), situation des Haras d’Aurillac, collecte du lait… et même lutte contre les campagnols terres- tres. En l’espace de quatre ans, le sénateur Mézard est intervenu une bonne dizaine de fois auprès des ministères de l’Agriculture ou de l’Écologie notamment sur des questions agricoles touchant très directement la ferme Cantal, sans compter un rôle d’intermédiation auprès d’un certain nombre d’interlocuteurs pour le compte des responsables agricoles cantaliens. Un volet de l’action parlementaire du président de la Caba sans doute moins connue des Cantaliens mais appréciée des responsables agricoles du département qui n’hésitent plus à solliciter le président du groupe des Radicaux (RDSE(3)) au Sénat pour faire avancer un certain nombre de dossiers.
Turquie : “L’Allemagne n’a pas autant d’états d’âme...”
“Mon objectif au Parlement est de faire entendre la voix de nos territoires et donc de ceux qui y vivent et y travaillent, expose Jacques Mézard. Le monde agricole est extrêmement important dans notre département mais il n’a pas les mêmes intérêts que d’autres producteurs, en l’occurrence que les céréaliers.” Pour le coup, si le patron du PRG (Parti radical de gauche) cantalien concède être parfois critique vis-à-vis du gouvernement, “qu’il soit de gauche ou de droite”, il estime que le gouvernement Hollande “s’est très bien débrouillé dans les négociations européennes sur la Pac et que les orientations prises au plan national sont positives” pour la ferme Cantal. Mais lui aussi estime que si les subsides européens, fussent-ils indispensables à l’agriculture de montagne, sont une chose, la valorisation des productions locales en est une autre, tout aussi importante. “Par rapport à nos éleveurs, il faut maintenir les prix et avoir une capacité d’exportation, fait valoir celui qui a donné un sérieux coup de main à Interbev, l’interprofession national bétail et viandes, pour débloquer les portes de l’ancien empire ottoman qui, après une ouverture en 2012, restent depuis désespérément fermées aux importations hexagonales. “J’essaie de leur faciliter les introductions à l’ambassade. Nous avons rencontré récemment l’ambassadeur turc avec les présidents de la FNB (Fédération nationale bovine) et d’Interbev. Nous lui avons fait passer un dossier et une nouvelle rencontre est programmée. J’ai aussi rencontré les représentants des députés des deux grands partis, l’AKP, le parti au pouvoir, et le CHP (Parti républicain du peuple). Ceci étant, les positions de certains représentants français, tant de la gauche que de la droite, ne nous facilitent pas les choses et la loi sur la pénalisation du génocide arménien est extrêmement mal vécue. Il n’y a que la France pour faire des coups comme ça. Il faut arrêter avec ce genre de stupidités !” De retour d’un voyage sur les rives du Bosphore, Jacques Mézard est plus que jamais convaincu que la Turquie est en train de reconquérir sa place entre Europe et Asie et représente une réelle perspective pour l’agriculture française, dont les performances et la qualité y sont reconnues : “Ils sont puissants, économiquement ils ont fait d’énormes progrès, l’Allemagne n’a pas autant d’états d’âme que nous...”
Prix du lait : le talon d’Achille cantalien
Autre “eldorado” potentiel pour les bovins français : le Kazakhstan - “C’est un grand pays en devenir, ils ont tout, l’espace, les matières premières, la population, l’argent, et en plus ils sont demandeurs”, commente le président délégué du groupe interparlementaire France-Asie centrale (pour le Kazakhstan). Encore faut-il être en mesure de répondre aux besoins, à savoir des animaux certes, mais aussi des prestations globales clé en main, comme le font les concurrents d’Amérique du Nord... Le sénateur se montre plus critique sur le dossier laitier : “En essayant d’avoir un peu de recul, on peut dire que la valorisation du prix du lait sur le département est un échec qui pèse lourdement avec toute une série de problèmes, de conflits, qui ne sont pas imputables à l’extérieur. Ceci dit, je trouve qu’en dépit des échecs, on a un certain nombre de producteurs qui ont pris le bon virage.”
(1) Fièvre catarrhale ovine. (2) Prime à l’herbe. (3) Rassemblement démocratique et social européen.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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