Intervalle vêlage-vêlage des génisses : Une surveillance à apporter
De nombreux élevages sont confrontés à un intervalle vêlage-vêlage des génisses (IVV 1er-2e vêlage) très supérieur à 370 jours avec une implication technique (gestion globale de votre troupeau) et économique (10 jours d’IVV moyen en plus sur 35 vêlages… c’est 1 veau en moins pour la campagne !). C’est une problématique multifactorielle d’où une surveillance particulière à apporter.
Fin janvier, une réunion d’information a été organisée par la Chambre d’Agriculture de la Creuse, en partenariat avec GDS Creuse, le GDA La Petite Creuse et CCBE. L’élevage qui a accueilli la formation présente de bonnes performances zootechniques.
Un IVV 1er-2e vêlage moyen de 400 jours récurrent
Ce troupeau est confronté à une problématique récurrente : un IVV 1er-2e vêlage moyen de 400 jours. Toutes les femelles sont inséminées, un taureau est mis en rattrapage. Les primipares vêlent en novembre et décembre, quelques retardataires en janvier. Du fait de ce long IVV 1er-2e vêlage, 17 % des génisses sont réformées après le premier vêlage, avec un taux de réforme global de 30 % du troupeau, qui est plus subi que choisi.
L’IVV 1er-2e vêlage, un problème multifactoriel, en premier lieu la croissance des génisses
Pour analyser cette problématique, le premier facteur à investiguer est la croissance de vos génisses. Vous pouvez vous appuyer sur des repères : autour de 250 kg à 8 mois et 550 kg à la mise à la reproduction. Si des retards de croissance sont observés, décalez la mise à la reproduction. L’âge idéal au 1er vêlage se situe entre 30 et 36 mois, adaptez-le en fonction du développement musculo-squelettique de vos animaux. Pendant la gestation, maintenez vos génisses en bon état corporel avec une note d’état autour de 3.
Le premier vêlage, une phase critique… intervenez, mais pas trop !
Le premier vêlage est une phase critique dans la vie d’une vache. La prise de température régulière permet de préciser le moment du vêlage. Un vêlage compliqué, des manœuvres obstétricales sont propices à des lésions vaginales, voire utérines, source de métrites et d’infécondité. Vos primipares demandent une surveillance attentive pour pouvoir intervenir si nécessaire. Observez leur comportement en les mettant dans de bonnes conditions : box propre, animal seul et en liberté. Si le vêlage semble se compliquer, fouillez la génisse pour identifier le problème, en gardant en tête que fouiller un animal au moment du vêlage, c’est 21 jours d’IVV en plus en moyenne ! Le choix des taureaux s’avère déterminant sur les génisses, la facilité de naissance étant à privilégier.
Une attention particulière portée à la détection des chaleurs
L’allaitement favorisant le repos ovarien, le contact permanent du veau est un frein au retour en chaleur. La présence d’un taureau est en revanche un facteur favorisant, par émission de phéromones sexuelles : le cycle reprend en 12 jours si le taureau est dans la case, en 18 jours s’il est à coté et en 27 jours s’il n’y a pas de taureau. Assurez-vous de sa libido, en repérant son comportement de chevauchement, sa fécondité peut être estimée en mesurant le périmètre scrotal. Si vous utilisez l’insémination, l’observation des génisses est prépondérante, la détection étant parfois compliquée. Au-delà des chevauchements, identifiez les signes secondaires : beuglement, agitation, flairage sexuel, pose de la tête sur la croupe d’autres vaches… l’insémination sera alors à réaliser sans attendre. Si une primipare n’est pas vue en chaleur 60 jours après le vêlage, faîtes vérifier sa cyclicité.
Un examen lors de retours en chaleur
Si une femelle revient en chaleur régulièrement, un examen gynécologique s’impose pour dépister d’éventuelles métrites, vérifier l’absence de maladie abortive, voire évaluer la fécondité du taureau. Si le retour en chaleur dépasse 8 semaines, les causes possibles étant nombreuses, une investigation est à mettre en place pour vérifier l’absence de problème ovarique : corps jaune persistant, kyste folliculaire. Étudiez l’environnement des animaux. Y-a-t-il assez de lumière ? Les femelles peuvent-elles exprimer leur retour en chaleur, sans stress alentour (bruit, espace de vie, température…) ? Analysez la gestion du parasitisme, notamment la grande douve.
L’alimentation, base d’un animal en bonne santé, donc apte pour se reproduire
La cause principale d’un repos ovarien post-vêlage est alimentaire. Une primipare ne va revenir en chaleur que si elle est en phase de reprise de poids. Hors, son alimentation doit couvrir ses besoins d’entretien, produire du lait, finir sa croissance et assurer sa reproduction, le tout avec une capacité d’ingestion inférieure à une vache du fait de son développement inachevé.
Une couverture énergétique à assurer…
La correction du déficit énergétique autour du vêlage est cruciale. S’il manque 1,5 UF/j à la ration pendant 4 mois, votre primipare va perdre 1 point de note d’état corporel soit environ 50 kg et décaler le retour en chaleur de 3 semaines. En cas de doute, on peut objectiver le déficit énergétique autour du vêlage par des analyses sanguines : dosage des AGNE ou du ßOH, ou plus simplement une glycémie inférieure à 0,5 g/l. Cette hypoglycémie peut également avoir des conséquences dramatiques sur le veau naissant. Maintenez donc la note d’état corporel autour du vêlage dans la fourchette 2,5-4. Compenser une baisse d’état avant vêlage par un apport excessif d’énergie, sous forme de céréales par exemple, au moment de la mise à la reproduction est inutile, voire néfaste. Si l’on amène trop d’énergie, le retour en chaleur sera décalé de 40 jours en moyenne !
… sans oublier les protéines, minéraux, vitamines
L’autre déficit couramment observé concerne les protéines. Les fourrages creusois sont classiquement pauvres en matière azotée, phénomène amplifié pour cette campagne 2016/2017. Une ration de base autour du vêlage devrait être autour de 10 % de MAT par kg de MS ingérée. Avec des fourrages à 7 % de MAT, la complémentation s’avère indispensable. En cas de déficit, les colostrums sont de moins bonne qualité, les vaches perdent du muscle, très long à se reformer. Au niveau sanguin, les urémies sont alors inférieures à 0,15 g/l. Enfin, les apports en sel, calcium, magnésium, oligo-éléments et vitamines, sont à vérifier car souvent trop faibles dans les fourrages. Des analyses sanguines aident là aussi à identifier les carences. Revoyez alors globalement vos rations, et, concernant les génisses, commencez une complémentation dans les 2 mois précédant le vêlage et jusqu’à la mise à la reproduction. La croyance de vêlages plus difficiles avec une complémentation est erronée, au contraire, les vaches carencées « portent plus longtemps », d’où des veaux plus gros et des vaches moins bien préparées.
Des solutions à personnaliser
L’amélioration de l’IVV 1er-2e vêlage est une problématique complexe à analyser au cas par cas. Dans l’élevage concerné, une luminosité faible, l’absence de taureau dans la case, une identification des chaleurs difficile et un important déficit protéique sont des postes à améliorer. Vous pouvez vous rapprocher de votre vétérinaire traitant et utiliser les outils GDS Creuse d’aide technique et financière au diagnostic, comme le dépistage sérologique de la grande douve ou les différentes analyses de l’alimentation (glycémie, macroéléments, oligo-éléments…).