Haro sur l’import
Les éleveurs du grand Massif central réunis à Clermont-Ferrand ont procédé à un contrôle d’origine et des prix au Carrefour de Thiers, dans le Puy-de-Dôme.
Depuis trois semaines, les choses s’emballent autour de l’élevage. Après les propos du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire vantant les bienfaits de la « fausse » viande, et le rapport de la Cour des Comptes sortie de son champ de compétences en préconisant, entre autres, une baisse drastique du nombre de vaches, les éleveurs n’ont pas tarder à dégainer. À juste raison, aux quatre coins du territoire, ils ont taillé en pièces les arguments les plus fallacieux. « Sur le terrain, nous avons su nous mobiliser. Mais attention, si notre combat déclenche beaucoup de sympathie, certains sont convaincus que l’élevage participe activement à la détérioration du climat », a prévenu le président de la Fédération nationale bovine, Patrick Bénézit, ce lundi, à Clermont-Ferrand, à l’occasion d’une réunion des éleveurs du Berceau des races à viande.
Des engagements fermes
Face à la levée de bouclier de l’ensemble de la filière, une entrevue a été organisée en début de semaine dernière avec Bruno Le Maire. Si le ministre s’est dit prêt à se rendre sur une exploitation, les éleveurs ont d’emblée poser un préalable : « Nous souhaitons connaître le contenu du plan de relance pour l’élevage qui a été évoqué récemment, et surtout nous exigeons une application pleine et entière de la Loi Egalim », a indiqué Christian Bajard, coordinateur du Berceau. En effet, pas question pour le collectif, « de cautionner une opération de communication pour rattraper des propos hasardeux, sans engagement ferme ». Et François Garrivier, président de la section bovine de la Loire d’estimer que « nous n’installerons pas des jeunes sans leur offrir un horizon économique dégagé ».
« Maxi format-mini prix » et surtout maxi pas français
Du côté de la Cour des Comptes, là-aussi, face au tollé provoqué par le rapport sur l’élevage, son président Pierre Moscovici a reçu les responsables de la FNB, la semaine dernière. « Sur les crédits alloués à l’élevage, sur le climat, ou sur les viandes d’import afin d’évaluer les niveaux de concurrence déloyale, il y a des vérités à rétablir », a indiqué Patrick Bénézit. Une procédure contradictoire pourrait être menée en ce sens. Elle pourrait donner lieu à la production d’un autre rapport… « À l’heure où tous les accords internationaux sont sur le grill, il y a urgence à mettre les élus, qu’ils soient français ou européens face à leur responsabilité ». « Ils ne peuvent pas d’un côté plaider pour la souveraineté alimentaire de la France et de l’autre, signer des accords internationaux qui de fait la démantèlera », a résumé Jonathan Janichon, président de la section régionale bovine d’Auvergne-Rhône-Alpes. Les élus mais aussi les acteurs de la transformation et de la distribution ont un rôle hautement stratégique à tenir, au risque d’affaiblir encore davantage le secteur de l’élevage. « La menace est déjà palpable avec un certain nombre d’enseignes qui s’assoient allégrement sur l’origine France pour faire baisser les prix ». En témoigne, la récente descente effectuée dans les rayons du supermarché Carrefour à Thiers, dans le Puy-de-Dôme par les éleveurs, en marge de leur réunion. À grands renforts du slogan « Maxi format-mini prix », des bacs garnis d’onglets et autres faux-filets tout droits venus d’Allemagne, d’Irlande, du Royaume-Uni…, tandis que sur certains produits, il fallait simplement retourner les barquettes pour mesurer que la mention « VBF » était un mensonge. « Une fraude que nous ne manquerons pas de signaler au service de la répression », a indiqué David Chaize, président de la section bovine du Puy-de-Dôme. Après Carrefour, les éleveurs ont rendu une visite aux responsables du restaurant Mac Donald’s situé à proximité. Une enseigne qui selon les responsables a augmenté fortement son approvisionnement en viande étrangère. Seul un quart des steaks seraient français. Ce type d’actions de contrôle de l’origine des produits et des prix se multiplient actuellement sur le territoire. Cette semaine, plusieurs opérations étaient prévues notamment dans l’Ain et l’Ardèche.
UE-Mercosur : les députés adoptent une résolution contre l’accord tel que conclu en 2019
Déposée fin avril par des députés français de tous les groupes politiques (hormis le RN), une proposition de résolution marquant leur opposition à l’accord de libre-échange UE/Mercosur « tel que conclu en 2019 » a été adoptée par l’Assemblée nationale le 13 juin, à 280 voix pour et 58 voix contre. Dans l’Hemicycle, le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht a fait part d’une « très forte convergence » du Gouvernement avec ce texte. Alors que Bruxelles compte finaliser l’accord cet été, les élus emmenés par Pascal Lecamp (Modem, Vienne) y formulent trois demandes au Gouvernement.
Primo, l’exécutif doit « communiquer » aux instances européennes « l’opposition de la France à l’adoption de l’accord » si celui-ci ne comprend ni clause miroir ni « clause suspensive relative au respect […] de l’accord de Paris », enjoignent-ils.
Secundo, ils exhortent le Gouvernement à « faire savoir publiquement » que la France refuse le « découpage » de l’accord, qui aurait pour conséquence l’absence de ratification par les parlements nationaux de sa partie commerciale.
Tertio, les députés poussent le Gouvernement à « généraliser le principe de réciprocité des normes » via des mesures miroirs sur les dispositions à venir du Pacte vert européen.
Cette résolution transpartisane était cosignée et présentée par tous les groupes politiques (à l’exception du RN (qui a quand même voté pour). Au vote, elle a pourtant été rejetée par la quasi-totalité du groupe LFI, seul François Ruffin a voté dans le sens du texte. La députée de la Creuse Catherine Couturier fait partie des députés qui ont voté contre la résolution, et donc pour l’accord.