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Gestion des strongles gastro-intestinaux en fin de saison

Une gestion adaptée des strongles, principalement dans les deux premières années de vie des bovins, s’avère primordiale. L’automne constitue une période de bilan et d’adaptation de son plan antiparasitaire.

Pour gérer le risque « strongles », plusieurs éléments sont à prendre en considération : niveau de contamination des animaux, statut immunitaire et évaluation de la nécessité d’un traitement.

Les jeunes, cible principale des strongles gastro-intestinaux (SGI)

Une gestion adaptée des SGI dans les deux premières années de vie des bovins s’avère primordiale pour deux raisons principales :

  • Les jeunes sont très sensibles à ces parasites en raison d’une immunité absente ou insuffisante et de la grande capacité de multiplication des strongles. Ils représentent une parasitose majeure pour les jeunes ruminants élevés sur prairie.
  • Tout retard de croissance enregistré pendant cette période ne sera jamais totalement compensé. Les séquelles seront d’autant plus importantes que les animaux sont jeunes. Cela se traduira par un moindre développement musculosquelettique.

Une contamination variable selon la période de vêlage

La période de vêlage va impacter la dynamique de contamination des animaux et des parcelles. Il faut attendre 3-4 mois pour que le veau allaitant acquière une capacité d’ingestion « suffisante » pour entraîner une contamination, le lait étant la base de l’alimentation auparavant. Donc, tout veau âgé de 4 mois ou plus à la mise à l’herbe présentera un potentiel de recyclage des SGI maximal du fait d’une capacité d’ingestion suffisante et de l’absence d’immunité vis-à-vis de ces parasites. Ces animaux vont présenter rapidement un niveau de contamination élevé et, par contre, acquérir une immunité importante au cours de leur première année de pâturage. À l’inverse, les veaux plus jeunes (nés en fin d’hiver) présentent un potentiel de recyclage beaucoup plus faible et ne seront infestés par les SGI de manière significative qu’à l’automne mais ne bénéficieront que d’une immunité en début d’acquisition.

Une immunité qui s’installe progressivement

Le cycle parasitaire chez le bovin agit sur l’installation de l’immunité antiparasitaire. Au contact du parasite, l’organisme va graduellement réagir en bloquant le développement des SGI et en les neutralisant. Une larve d’Ostertagia ostertagi (strongle le plus fréquent et le plus pathogène du bovin) ingérée deviendra un adulte excréteur dans 70 % des cas chez un veau et dans 0,1 % des cas chez un bovin correctement immunisé. L’immunité est considérée comme pleinement acquise après 8 mois de temps de contact effectif (TCE). Elle est à calculer pour chaque lot de génisses. Une fois l’immunité acquise, la plupart des bovins adultes ne nécessitent plus de traitement strongylicide.

Un diagnostic visuel nécessairement complété par des analyses

Visuellement, l’examen des animaux permet de relever des atteintes cliniques (« poil piqué », diarrhée) ou subcliniques (amaigrissement). S’il est indispensable, il n’est cependant pas suffisant, des animaux paraissant sains pouvant héberger de nombreux SGI. La coproscopie ne donne qu’une idée du nombre de strongles adultes et en capacité de pondre. Elle n’est utilisable que sur des bovins encore peu immunisés. Au-delà, l’excrétion fécale (ponte des strongles) se réduit très fortement du fait du blocage de nombreux parasites au stade larvaire. Un examen sérologique, le dosage du pepsinogène plasmatique, permet de mesurer la charge parasitaire en Ostertagia sur les animaux en première ou deuxième saison de pâture (cf. illustration). Le pepsinogène est une molécule produite dans la caillette mais suite aux lésions provoquées par les parasites, on en retrouve dans le sang en quantité proportionnelle à l’infestation.

Des résistances aux antiparasitaires…

Pendant longtemps, éleveurs et vétérinaires ont eu la certitude de pouvoir éradiquer le parasitisme avec un schéma du « tout traitement ». Si ce système a donné satisfaction pendant des années, ces parasites, comme les autres êtres vivants, nous montrent qu’ils savent s’adapter. Comme pour les bactéries avec les antibiotiques, des résistances des parasites aux antiparasitaires sont apparues et les familles d’antiparasitaires sont limitées en nombre (3 principales pour les strongles). D’abord très important en ovin (parfois 100 % de résistance pour certains SGI), ce phénomène, décrit chez les bovins en 2006, est en développement, y compris en France. Plusieurs études ont mis en évidence des baisses d’efficacité des avermectines et des benzimidazoles sur les SGI.

… et des molécules avec un impact environnemental

Les résidus antiparasitaires peuvent ne pas être sans impact sur l’environnement. C’est pourquoi toutes les molécules utilisées sont classées en fonction de critères P. B. T. (Persistance, Bioaccumulation, Toxicité), les plus dangereuses voient leur emploi limité, voire interdit. Penser immunité, alterner les molécules et raisonner l’emploi des produits les plus rémanents devient incontournable. Si les utilisateurs ne font pas aujourd’hui l’effort de faire évoluer leurs pratiques, c’est le législateur qui l’imposera à court terme.

Le plan de prévention SGI « ni trop peu, ni trop », pour « mieux traiter »

Une fois le diagnostic parasitaire posé, la stratégie de lutte est à adapter : traitement si l’infestation des animaux est trop importante ou préserver les parasites résiduels pour développer l’immunité si l’infestation est faible. Le plan d’intervention qui va en découler devra limiter toute implication clinique ou subclinique des SGI tout en préservant au maximum le capital immunitaire avec une notion de gestion des coûts de traitement.

En pratique, en élevage allaitant :

  • Ne pas traiter les adultes correctement immunisés, c’est un bon moyen de préserver des SGI sensibles aux antiparasitaires.
  • Traiter les animaux qui présentent des signes cliniques et/ou des résultats d’analyses fortement positifs.
  • Raisonner par lot, en fonction des dates de naissance, du sexe ou des traitements effectués.
  • Les traitements pour on sont déconseillés car ils exposent tous les animaux du troupeau aux molécules par léchage et la contamination environnementale par lessivage est très importante.

Une prescription à adapter à chaque élevage et chaque année

La gestion du parasitisme se base sur le poids pathogène des parasites en intégrant leur cycle et les interférences hôte/parasite/environnement. Le plan antiparasitaire se définit annuellement au cours du bilan sanitaire avec le vétérinaire prescripteur de votre élevage et est détaillé dans le protocole de soins. Il prend en compte les observations effectuées, le cycle de pâturage réalisé pour chaque lot, les traitements déjà réalisés et l’utilisation adéquate des moyens de diagnostic. GDS Creuse vous accompagne techniquement, financièrement et vous propose le BSE prérempli. Pour une vision d’ensemble sur le plan de maîtrise du parasitisme dans votre troupeau, consultez le dossier parasitisme sur www.gdscreuse.fr, « onglet boîte à outils – bovins ». Votre vétérinaire et GDS Creuse sont à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

 

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