Fourrages : Achat de fourrages : attention à la qualité de votre livraison
Lorsque les fourrages produits sur l’exploitation s’avèrent insuffisants, le recours à l’achat est parfois nécessaire. Zoom sur quelques points de vigilance.
En cette année de sécheresse plus ou moins sévère selon les secteurs, les récoltes de fourrages ont été bien moindres que les autres années. Pour compenser les pertes et reconstituer les stocks hivernaux, qui ont dans certains cas été ponctionnés dès le mois de juillet, les agriculteurs ont recours aux achats de fourrages. Selon les besoins spécifiques de leur cheptel, ils ont le choix entre deux grandes catégories de fourrages : les fourrages secs et les fourrages humides.
Les fourrages secs
Parmi les fourrages secs, Patrice Mounier, conseiller spécialisé fourrages à la Chambre d’agriculture de Haute-Loire, distingue les fourrages grossiers à faible valeur alimentaire (le foin de prairie naturelle et les portes graines) et le foin de luzerne, plus riche en azote.Le foin de prairie naturelle, qui se vend autour de 120e-150e/tonne, est davantage adapté à des animaux à faible besoin (vaches taries, brebis sans agneau, génisses plus âgées, vaches allaitantes sans veau). Lorsque l’on s’apprête à acheter du foin, le conseiller nous encourage à porter une attention toute particulière à sa conservation. «Du foin pressé trop humide provoque un échauffement des bottes, ce qui réduit considérablement sont appétence. Mieux vaut alors refuser ce foin» explique-t-il.Les éleveurs peuvent aussi acheter des portes-graines (du foin de ray grass ou de fétuque) dont le prix est comparable au foin de prairie naturelle.Quant au foin de luzerne (vendu plus de 200 e/tonne), il faut veiller à sa qualité. «Lorsque ce foin pressé insuffisamment sec fermente en bottes, on parle de foin de luzerne caramélisé. Les bottes prennent une couleur brune et on dit qu’elles sont “caillées“ ou “collées“. Attention, car ce fourrage est très appétent, en raison de son odeur de caramel, mais en revanche, il ne présente aucune valeur alimentaire. Un foin de luzerne caramélisé doit donc être refusé à la livraison».
Les fourrages humides
Pour des animaux en production, dont les besoins sont importants (vaches laitières en production, vaches allaitantes avec veau, brebis avec agneau et bovins à l’engraissement), mieux vaut opter pour des fourrages humides, dont la valeur alimentaire est plus élevée. Le fourrage humide le plus fréquemment acheté est l’ensilage de maïs. «Livré en vrac, cette année son prix est compris entre 55 e et 65 e/tonne (soit +10e comparé à une année normale en raison de la sécheresse chez nos fournisseurs : Loire, Puy-de-Dôme, Allier et Ain)» souligne Patrice Mounier. Là encore, les acheteurs doivent veiller à la qualité du produit qu’ils reçoivent... «Les fortes chaleurs ont pu gêner la fécondation des grains, ce qui aura un impact négatif sur la valeur». Pour éviter ce genre d’écueil, le conseiller invite l’éleveur, dans la mesure du possible, à rendre visite aux parcelles avant l’ensilage. Notons qu’il est toujours possible de réaliser une analyse d’ensilage, qui nécessitera au moins 15 jours pour obtenir les résultats.«Lors de la livraison, vérifiez aussi que les bennes ne soient pas en train de chauffer, ce qui nuirait à la conservation du fourrage. Enfin, il faut vérifier le taux de matière sèche (MS) de l’ensilage (le taux doit avoisiner les 30%). Certaines entreprises garantissent un taux de MS minimum, d’autres proposent des contrats d’achat sur un taux de MS minimum».Dans le cas d’un achat sur pied, il est conseiller de rendre une petite visite à la parcelle pour observer la qualité du maïs en place. Côté prix, un maïs acheté au champ est vendu autour de 30 - 35 e/tonne brut auxquels il faut ajouter le coût de l’ensilage compris entre 3 et 5 e/T brute et le coût du transport. Lorsque l’achat se fait à l’hectare dit «à la bloc», le coût est fonction du rendement estimé (variable de 20 à 50 T).Les agriculteurs peuvent opter pour d’autres fourrages humides intéressants pour leur valeur alimentaire, c’est le cas de l’ensilage de maïs doux ou de la pulpe de betterave.
Véronique Gruber