FDSEA 15 : la feuille de route au gouvernement n'a pas changé
Plan pour l'élevage, stratégie sanitaire, accords de libre échange, assises fromagères... après le blocage de l'A75 et deux changements de gouvernement, le président de la FDSEA du Cantal martèle les revendications pour la ferme Cantal.
Plan pour l'élevage, stratégie sanitaire, accords de libre échange, assises fromagères... après le blocage de l'A75 et deux changements de gouvernement, le président de la FDSEA du Cantal martèle les revendications pour la ferme Cantal.
C’est la période des vœux, quel est le votre pour l’agriculture cantalienne ?
Joël Piganiol : “Que cette année soit favorable pour tous les hommes et toutes les femmes qui animent la ferme Cantal. On espère un climat apaisé et on mesure la chance qu’on a dans le Cantal en comparaison de ce qu’ont subi nos collègues de l’île de Mayotte auxquels on apporte notre soutien moral mais aussi matériel avec une enveloppe allouée par la FDSEA pour l’achat de tronçonneuses.”
Dans le contexte politique incertain de ce début d’année, quelle feuille de route assignez-vous au gouvernement Bayrou ?
J. P. : “Celle que nous défendons depuis les mobilisations de janvier 2024. François Bayrou nous a garanti que le projet de loi de Finances reprendrait l’ensemble de nos demandes, ce qui représente un enjeu de 450 millions d’euros pour l’agriculture française, avec effet rétroactif au 1er janvier 2025. Cela concerne notamment la reconduction à l’identique des crédits d’impôt HVE et remplacement, le maintien de la tarification 2023 du GNR, le déploiement de la provision fiscale et sociale en élevage bovin, la défiscalisation partielle de la déduction pour épargne professionnelle, le relèvement de l’exonération TFNB, l’amélioration des dispositifs d’exonération des plus-values professionnelles en cas d’installation d’un JA... Ainsi que dans le cadre du projet de loi de finances de la Sécurité sociale, l’application du calcul des retraites agricoles sur les 25 meilleures années. Mais on est aujourd’hui suspendu à ce que fera l’Assemblée nationale dans les prochains jours et semaines. Pour nous, il faut que la ligne politique soit tenue et que tout le travail réalisé en 2024 aboutisse.”
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Pour une stratégie vaccinale anticipée
Ces derniers mois, c’est l’actualité sanitaire qui s’est imposée dans les élevages avec des épisodes qui risquent de se répéter...
J. P. : “Les perspectives 2025 restent préoccupantes avec de premiers foyers de MHE en Châtaigneraie. Au-delà des nécessaires moyens d’urgence, une stratégie sanitaire et vaccinale s’impose, autour de quatre axes : constituer une banque d’antigènes ; commander massivement les vaccins pendant l’hiver pour une vaccination avant la mise à l’herbe ; continuer à faire évoluer la réglementation nationale et communautaire pour fluidifier les mouvements d’animaux même s’il n’y a pas eu blocage à l’automne dernier. Il est par ailleurs essentiel de renforcer le FMSE pour mieux indemniser les pertes directes et indirectes.
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Pour autant, il faut continuer d’accompagner tous les éleveurs impactés comme on a su le faire pour la FCO en proposant de réaliser des tests de fertilité pour les béliers, en obtenant la vaccination gratuite, en trouvant des solutions d’indemnisation via les 75 M€ annoncés au Sommet de l’élevage mais également via l’aide régionale à la recapitalisation ; localement aussi, en demandant l’activation de la caisse de secours du GDS ou encore une intervention du Conseil départemental.”
Les bonnes nouvelles viennent des marchés avec des cours qui ont sensiblement progressé...
J. P. : “Oui, même si on n’atteint pas encore partout les coûts de production. L’enjeu est d’inscrire structurellement ces tendances en s’appuyant sur l’outil Egalim et les indicateurs de coûts de production dans toutes les négociations. On constate aussi qu’on n’est pas aux objectifs de la loi en matière de parts des produits locaux et du bio dans la restauration hors foyer.
UE-Mercosur : “La messe n’est pas dite !”
Et on est toujours sous la menace d’une ratification de l’accord UE-Mercosur. Un protocole d’accord a certes été acté entre la présidente de la Commission européenne et les pays d’Amérique du Sud mais il doit encore être ratifié par une majorité d’États membres. Il faut par conséquent que la France campe sur sa position et rallie d’autres États membres comme nous avons su le faire au niveau syndical au sein du Copa-Cogeca (organisations agricoles européennes). Les Pays-Bas ont basculé dans le camp des opposants à l’accord, la coalition qui pourrait être élue en Allemagne paraît elle aussi beaucoup plus réticente à un accord... La messe n’est donc pas dite !”
Il va aussi falloir convaincre sur la future Pac ?
J. P. : “Les travaux sur la programmation post-2027 vont s’ouvrir dans les prochaines semaines avec comme premier enjeu, de maintenir un budget alloué à l’agriculture, dans un contexte économique peu propice. Pour l’heure, on peut quand même se satisfaire des ajustements obtenus : le versement de l’acompte des aides Pac malgré un contrôle, l’éligibilité des vaches de réforme partant à l’abattoir dans l’aide à l’UGB...”
Assises de la valorisation fromagère
Vous avez proposé au préfet du Cantal la tenue d’Assises de la valorisation fromagère, avec quel objectif ?
J. P. : “Il nous paraît important d’avoir une réflexion stratégique sur l’avenir de la filière laitière (bovins lait) départementale avec certes des enjeux autour de l’AOP mais pas que. La démographie des producteurs de lait - avec de nombreux départs en retraite à venir - va impacter encore plus fortement le paysage laitier et l’avenir de la filière dans sa globalité, avec des entreprises forcément fragilisées par cette baisse notable de production.”
La convention de Berne a changé le statut du loup, d’espèce strictement protégée à protégée, une décision que vous attendiez ?
J. P. : “Oui même si on observe encore un décalage complet entre les résultats du comptage national annuel et la situation vécue sur le terrain avec une prédation qui a progressé et qui appelle à réguler le loup, tout comme les vautours...”