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Femmes des années 2020
Faire son chemin dans l'agriculture qu’on soit un homme ou une femme

Un groupe d’étudiantes de VetagroSup a proposé, samedi dernier, une projection du documentaire Croquantes au cinéma le Rio de Clermont-Ferrand, suivi d’un débat alimenté par le témoignage éclairant de trois agricultrices et responsables professionnelles.

Lorine, Chloé, Eva, Morgan, Nina, Lilas et Lucie, suivent toutes les sept un cursus d’ingénieur agricole à VetagroSup à Lempdes. Dans le cadre de leur projet de fin d’année, elles ont souhaité évoquer la place des femmes en agriculture. En support de leurs travaux, le documentaire Croquantes¹, réalisé par Tesslye Lopez et Isabelle Mandin et produit par Hector Victor dans lequel des agricultrices qui participent aux réunions mensuelles du Groupe Femmes se découvrent et échangent pour faire évoluer le monde agricole dans lequel elles évoluent. Si la place dévolue aux hommes et aux femmes et la répartition des tâches sont abordées, on peut évidemment regretter qu’elle le soit de manière aussi clivante. Certaines estiment que cette répartition est encore trop souvent genrée avec les femmes qui s’occupent de l’administratif, de la gestion des veaux et de la traite, de la transformation et de la vente des produits et les hommes qui travaillent à l’extérieur, conduisent le tracteur, s’occupent du labour, des semis et des récoltes et qui réparent le matériel.

Choisir ou subir

Pour les trois agricultrices invitées à témoigner à l’issue de la projection, « si les femmes ont envie de s’occuper de l’administratif et de la traite, c’est heureux dans la mesure où ce sont les deux piliers qui font tourner la ferme et qui génèrent le revenu », souligne Sabine Tholoniat, éleveuse du côté de Thiers en production de vaches laitières et de chèvres. L’important pour elle et pour ses consœurs, Michèle Boudoin, éleveuse d’ovins à Ceyssat, au pied du Puy-de-Dôme et Delphine Freyssinier, éleveuse de vaches salers à Trizac dans le Cantal relèvent du positionnement : « dès lors qu’elles choisissent ce qu’elles veulent faire et qu’elles ne le subissent pas, il n’y a pas de sujet, et donc pas de problème ». Delphine a 38 ans. Il y a quelques années, elle a repris seule l’exploitation de son père, sans s’interroger sur sa légitimité : « Je suis née fille et mon rêve c’était de devenir éleveuse. Que l’on soit fille ou garçon, l’essentiel c’est de poursuivre son objectif de vie ».

La portée du groupe

Sans nier les difficultés, et les remarques parfois blessantes auxquelles elles ont été confrontées dans leur parcours, toutes confient avoir appris à y répondre par les mots et surtout par les actes. « Que ce soit dans mon travail ou dans le cadre de mes responsabilités professionnelles au sein de la Fédération nationale ovine, j’ai appris à composer avec une population majoritairement masculine. Je suis persuadée que c’est dans la complémentarité que l’on fera avancer la cause des femmes », explique Michèle Boudoin. Autrement dit, pour elles les groupes féministes qui transforment le sujet en lutte des classes « Hommes-Femmes » s’égarent, et risquent de faire reculer la cause plutôt que de la faire progresser. Et au final, si la question de fond n’était pas de s’autoriser ou non à faire des choses, en tant que femme à oser…justement sans trop se poser de questions. Sabine, Michèle, Delphine démontrent que c’est possible. Elles ne sont pas les seules. Certes, elles ont du tempérament. Oui, parfois, elles ont mille choses dans la tête, ont des journées compliquées... Comme bon nombre d’entre nous. Pour autant, épanouies dans leur travail, elles réussissent à jongler entre leur ferme, leur vie de famille, et la défense des agriculteurs, au sein de la FNO pour Michèle, de la FNSEA63 pour Sabine en tant que présidente, et de la FDSEA du Cantal au poste de secrétaire générale pour Delphine. Aucune n’a ressenti le besoin de rejoindre un groupe de développement féminin, comme la dizaine de femmes héroïnes du documentaire, mais comprend leur intérêt. « C’est un espace de dialogue précieux pour beaucoup de femmes agricultrices qui peut constituer un tremplin pour s’épanouir et aller plus loin. Et ne perdons pas de vue, que c’est grâce à ces groupes, au syndicalisme… que des sujets majeurs comme le congé maternité ou le Gaec entre époux ont pu aboutir », estime Sabine Tholoniat.  

 

¹ Croquantes est sorti en octobre 2022. Depuis, des projections sont proposées un peu partout en France.

² C’est quoi la sororité : c’est le féminin de fraternité.

 

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