En vidéo : L'agriculture en Auvergne-Rhône-Alpes > Une région, un projet, une triple ambition
Projet agricole régional : Dans la perspective de la future grande région, les professionnels agricoles auvergnats et rhônalpins ont défini un projet agricole commun fondé sur les prix, la qualité et l’emploi.
Prix, qualité et emploi : un triptyque solide dont les élus devront s’emparer rapidement, selon le président de la FRSEA Auvergne, Patrick Escure.
Comment s’est construit le projet agricole pour Auvergne et Rhône-Alpes ?
Patrick Escure : Nous avons commencé le travail début 2015 en premier lieu au sein des structures syndicales, en associant évidemment les échelons départementaux et les JA. Dès le départ, nous avons eu le souci de préparer le projet avant de parler de l’organisation des structures. Notre volonté était de définir une politique commune sur le périmètre de la future grande région en tenant compte des spécificités de chacun. Dans un second temps, nous avons porté la réflexion à l’ensemble de la profession via le Caf Auvergne (Conseil de l’agriculture française d’Auvergne)(1) et le Car Rhône-Alpes (Conseil de l’agriculture de Rhône-Alpes)(2).
Ce projet commun a-t-il étédifficile à définir ?
P.E. : Non dans la mesure où au niveau de l’Auvergne, nous avions déjà développé un projet régional dans le cadre du Prad (Plan régional pour une agriculture durable) et à l’échelle de Rhône-Alpes, les professionnels avaient également travaillé sur un projet régional. Nous avions déjà beaucoup de choses en commun, ce qui nous a permis de rédiger au final un projet cohérent, partagé par tous. Il va désormais nous servir de base pour dialoguer avec nos différents interlocuteurs. Ce projet n’est que le début d’une démarche de construction.
L’un des diagnostics établi dans le projet est sans appel : le revenu moyen des agriculteurs auvergnats et rhônalpins est inférieur de 30% à la moyenne nationale de la «ferme France». Comment combler cet écart ?
P.E. : Les chiffres ne sont malheureusement pas surprenants. La faiblesse du revenu nous engage à travailler prioritairement en direction des prix. Nos élus régionaux devront bien être conscients de cette problématique et être à nos côtés pour remédier à cette situation. Dans le projet agricole, nous avons fait du principe selon lequel tous les produits doivent permettre aux producteurs de dégager un revenu, une priorité absolue. Ensuite, les politiques de différenciation via les AOP, les labels, le bio... constituent des leviers supplémentaires pour gagner en valorisation. Par ailleurs, dans une région qui sera demain la plus peuplée d’Europe, nous ne devons en aucun cas négliger le potentiel des circuits-courts.
La production qualitative reste donc un sacré atout mais insuffisamment valorisé…
P.E. : Nous sommes parfaitement conscients de nos atouts notamment de notre production de qualité et du bassin de consommation important à notre portée. Mais effectivement, nos produits méritent d’être valorisés davantage. Quand on voit que la restauration hors-foyer s’approvisionne à 80 ou 85% à l’extérieur, on se dit qu’il y a encore de sacrées marges de progrès.
Gestionnaire du second pilier,la région aura un rôle décisif dans l’accompagnement des exploitations…
P.E. : 65% du territoire d’Auvergne-Rhône-Alpes se situe en zone de montagne, et 85% en zones de handicaps naturels. Dans ces conditions, la politique de la montagne et de compensation des handicaps naturels va être cruciale. En matière économique, la région devra être moteur dans le soutien à la modernisation des exploitations.
Quelle politique régionale souhaitez-vous en faveur de l’installation ?
P.E. : Nous sommes plutôt performants en matière d’installation mais malgré cela, l’âge moyen des agriculteurs est encore appelé à augmenter dans les années à venir. On sait qu’il y aura aussi des restructurations, des agrandissements d’exploitations. Nous soutenons fortement l’installation, mais une instal- lation viable. Parfois, il vaut mieux avoir deux agriculteurs bien portants sur un secteur que trois malades. Il faudra que les politiques et les financements soient orientés dans ce sens.
Quelles sont les échéances en matière de fusion des différentes structures agricoles ?
P.E. : Les chambres régionales vont fusionner et élire avant la fin de l’année un bureau commun. C’est une obligation dictée par le ministère, sachant que certains décrets ne sont pas encore signés...
Et pour les structures syndicales ?
P.E. : La FNSEA a fixé comme échéance l’assemblée élective de 2017. En Auvergne, nous avons l’habitude de travailler à l’échelon du Massif central (Auvergne, Limousin et même au-delà sur certains dossiers). Au-delà de la fusion des régions, cette entité conserve toute sa légitimité. L’élevage et les zones défavorisées restent deux dénominateurs communs de ce vaste territoire qui mériteront d’être à l’avenir encore largement défendus. Avec Rhône-Alpes, nous allons donc créer dans un premier temps une «FRSEA chapeau» à l’échelle de la future grande région tandis que les ancien-nes structures continueront temporairement.Elle aura pour but d’être l’interlocuteur régional auprès des administrations et des politiques ; de rapprocher les équipes et les budgets. À terme, nous avons évidemment la volonté de créer une FRSEA structurée et puissante.
Propos recueillis par Sophie Chatenet
(1) Composition du Caf Auvergne : Patrick Escure (FNSEA) ; Benoit Julhes (JA) ; Michel Delsuc et Gilles Bertonnèche (Coop de France) ; Philippe Panel (MSA) ; Serge Charret (CACF) ; Gilbert Guignand (Chambre régionale d’agriculture) et Yannick Fialip (Ceser).
(2) Composition du Car Rhône-Alpes : Jean-Pierre Royannez (FRSEA) ; Adrien Bourlez (JA) ; Louis-Michel Petit (Groupama) ; Jean-Michel Forest (CRMCCA) ; Henri Jouve (Aromsa) ; Jean-Pierre Gaillard (Fraca) ; Jean-Luc Flaugère (Chambre régionale d‘agriculture) ; Anne-Claire Vial (CDA Drôme) ; Raymond Vial (CDA Loire) et Christophe Léger (CDA Haute-Savoie).