Filière bovine
«Des contingents supplémentaires de viande sud américaine ? Non merci !»
A l’appel de la fédération nationale bovine, une trentaine d’éleveurs du Puy-de-Dôme ont commis une action symbolique lundi 17 mai. Madrid accueille en effet la reprise des négociations commerciales entre l’UE et le Mercosur.







Lundi matin, le groupe conduit par l'Udsea-viande bovine a investi deux grossistes alimentaires de Clermont-Ferrand pour saisir des lots de viande bovine importés d'Amérique du Sud. Tee-shirt rouge flanqué du slogan « les producteurs de viande bovine en colère », drapeaux Fnsea à la main et caméras de presse alentour, les éleveurs ont trouvé 66 kg de viande brésilienne qu'ils ont emportés avec eux et brûlés hors de l'enceinte.
« Cette viande ne répond pas aux exigences sanitaires que l'Etat français nous réclame, c'est pourquoi nous ne la donnons même pas à la Banque alimentaire. Nous nous engageons, en revanche, à fournir la quantité de viande que nous avons prise, en viande de nos exploitations, à la Banque alimentaire » a déclaré Jean-Paul Thenot, président de l'Udsea - section bovine.
"Le double langage de l'Etat"
C'est en ces termes que Bruno Chaput, secrétaire général de l'Udsea, décrit le comportement de l'Etat vis-à-vis des éleveurs allaitants. « De nous éleveurs, on exige une traçabilité de la viande dès le vêlage, un suivi sanitaire, et pour tout cela, nous sommes contrôlés - et bien contrôlés. En même temps, on nous met en concurrence auprès des consommateurs et en particulier de la restauration collective - par le biais des grossistes- avec des viandes issues de pays qui ne répondent à aucun des critères d'exigence français et européens. Des exigences sanitaires ? Chez eux la traçabilité commence à l'abattoir, on ne sait pas ce qui se passe sur leurs exploitations ! Exigences sociales ? Là-bas, les fermes sont de grandes fermes capitalistes, à l'opposé de nos fermes qui sont des structures familiales. Exigences environnementales ? On sait combien d'hectares de forêts brûlent pour y implanter leurs exploitations. Et pour leurs producteurs, les pressions économique et fiscale n'ont rien à voir avec celles qui sont les nôtres ! »
Des coûts de production trois fois supérieurs à ceux du Mercosur
Cette estimation émane de l'Udsea. « le kilogramme de viande est payé 30 centimes de moins qu'en 2008 » (Jean-Paul Thenot). « Avec des charges bien plus élevées qu'au Brésil » renchérissent ces trois éleveurs du Livradois interviewés. « Nos dépenses en carburant, matériel et réparations, assurances, suivi sanitaire en lien avec la F.C.O., et cotisations sociales ont beaucoup augmenté . Et ce sont ceux qui nous achètent qui font les prix. »
Les revendications
« Nous demandons que l'Union européenne reste très ferme sur ses importations de viande bovine. Nous demandons que l'Europe et la France lèvent le pied sur les contraintes qu'ils nous imposent. Nous pensons enfin qu'il faut chercher à atteindre l'autosuffisance en viande bovine au sein de l'Union européenne » résume Bruno Chaput.
Rencontre à la préfecture
Quelques kilos de viande bovine brésilienne ont ensuite été portés au préfet de département. Celui-ci a accepté de recevoir une délégation. A l'issue d'une demi-heure de discussions, Jean-Paul Thénot, Bruno Chaput, Cédric Monnier (secrétaire général JA), Patrice Danton (JA de Saint Amand), David Chaize et Pierre Blancher (Udsea section bovine) sont ressortis et ont dressé le compte-rendu de l'entrevue à leurs collègues : le préfet a écouté avec soin les revendications et arguments des éleveurs. Il s'y est montré sensible, et a indiqué qu'il ferait remonter cette demande au ministère.
Selon Jocelyn Kerleaux, directeur Udsea présent à l'entrevue, le préfet a indiqué qu'il informerait les principaux points de restauration scolaire et collective des enjeux liés à leurs achats de viande bovine.