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Des béliers de qualité, en moins grand nombre

C'est dans un contexte particulier que les éleveurs de moutons se sont retrouvés à l'occasion de la première foire aux béliers de l'année en France, à Neuvy, dans l'Allier, samedi dernier. Un nombre limité d'animaux exposés mais des acheteurs toujours au rendez-vous.

Distanciations sociales, masques, gel hydro-alcoolique, toutes les mesures sanitaires avaient été mises en place par les organisateurs de la foire aux béliers de Neuvy pour accueillir exposants et visiteurs dans les conditions imposées par les pouvoirs publics afin de combattre l'extension de la Covid-19. Une satisfaction pour Patrice Abdalla, président du syndicat des éleveurs de moutons de l'Allier (Sema) : « Je tiens à remercier particulièrement Madame la Préfète de l'Allier pour avoir autorisé la manifestation. Je précise aussi que l'ensemble des sponsors, qu'il s'agisse de la mairie de Neuvy, du Crédit Agricole et de Groupama, ont compris la problématique de la Covid-19 via les éleveurs-sélectionneurs en donnant la possibilité d'amener un grand nombre d'animaux en leur payant leur inscription ».

Une centaine d'animaux exposés

Autre impact de la crise, la présence de seulement onze sélectionneurs de l'Allier et d'une centaine de béliers exposés de race Texel, Ile-de-France, moutons Charollais et Suffolk. Une représentation, tout de même, importante des meilleurs élevages bourbonnais. Le département comptant vingt-trois sélectionneurs. Une foire où la race Texel était particulièrement représentée samedi matin.

Un tiers des animaux vendus

Si l'année dernière, ce sont près de 90 béliers sur les 250 exposés qui avaient trouvé preneur, l'édition 2020 ne comptabilise qu'une trentaine de vente sur la centaine d'animaux présents, soit un tiers de ces derniers vendus. Une foire qui est donc plutôt encourageante pour Karelle Tourret, conseillère à l'unité élevage de la Chambre d'agriculture de l'Allier et qui précise les motivations des acheteurs : « Les acheteurs sont principalement des éleveurs locaux, du département de l'Allier mais aussi, quelque uns, des départements voisins. Ils s'intéressent particulièrement à des antenais, des béliers de plus d'un an ». Une foire à la génétique qui est la seule du département et la toute première du calendrier au niveau national, ce qui en fait toute l'importance pour Karelle : « Ce qui fait la force de cette foire cette année si particulière, c'est l'annulation des autres rendez-vous, notamment de la foire de Bussière-Poitevine et l'incertitude quant à la tenue de celle de Bellac en septembre. Deux communes de la Haute-Vienne ».

L'inquiétude autour des fêtes de Pâques dans tous les esprits.

En plein confinement, les fêtes religieuses n'ont pas permis, comme chaque année, de vendre de la viande d'agneau, comme il est de tradition tous les ans. Néanmoins, la situation a pu être sauvée comme le précise Patrice Abdalla : « Si nous avons connu une grosse déconvenue au cours de la semaine de Pâques avec une déstabilisation du marché, nous avons pu limiter les dégâts grâce à un gros travail syndical, à l'interprofession et à la mobilisation des élus. Nous sommes revenus à des cours référents à ces semaines ».

Si la GMS avait affiché une image de soutien envers les producteurs français, ce sont surtout les bouchers qui ont véritablement joué le jeu en proposant à la vente exclusivement de l'agneau d'origine française.

La France déficitaire en viande d'agneau

À ce jour, les prix de vente sont même supérieurs à ceux de l'an passé à la même période. La France étant toujours déficitaire quant à sa production d'agneau et n'arrive pas à faire face à la demande des consommateurs, même si le volume de vente d'agneaux a augmenté de 40 à 45%, le reste étant destiné à l'exportation.

Favoriser l'installation de nouveaux éleveurs

Un constat sans appel qui ne peut que favoriser l'installation de nouveaux éleveurs ovins d'autant qu'ils auront l'appui de filières structurées. Des exploitations viables autour d'une projection raisonnable de 70 à 80 hectares et un cheptel de 400 à 500 brebis. Le département de l'Allier qui devrait recenser, au cours de l'année, quatre nouveaux installés, hors cadre familial. Un cheptel bourbonnais, principalement de races Texel et Ile-de-France, qui s'élève désormais à 140 000 brebis dont 110 000 A.O. (Aides Ovines). Des chiffres qui peuvent paraître encourageants pour l'avenir de la profession mais qui restent bien insuffisants. À cela s'ajoute le départ en retraite, chaque année, de nombreux éleveurs, et, pour qui, il faut trouver des repreneurs. Il faut donc impulser un élan en cette direction, un véritable défi pour les générations qui suivront d'autant que la filière ovine est rentable, ce que confirme Karelle Tourret : « Nous constatons que, pour les élevages performants, la marge brute à l'hectare peut être supérieure à celle rencontrée en élevage bovin. Le potentiel est donc là ! ». L'enseignement agricole a donc toute sa place pour orienter de nombreux jeunes vers l'élevage ovin.

Sébastien Joly

Laurence Pellenard, éleveuse à Maltat (71)

Jeune agricultrice, elle a repris l’exploitation des Gaudards il y a quatre ans, pour se lancer dans l’élevage de moutons. Une ferme qui s’étend sur 83 hectares avec un cheptel de 400 brebis et de 20 vaches allaitantes. Fille d’éleveurs, technicienne à Bovin Croissance (aujourd’hui devenu Alsoni), devenue maman, Laurence a souhaité changer de vie, changer de direction : « Vu mon parcours, on pourrait penser que j’étais plutôt spécialisée en production bovine. Ce qui est vrai effectivement ! Cependant, au niveau financier, l’élevage ovin était plus réalisable mais aussi plus technique au niveau de la croissance, du lait et de la prolificité, ce qui m’a véritablement motivé à me diriger vers les moutons ». Une foire à laquelle elle venait pour la première fois : « D’habitude je préfère acheter en ferme. L’occasion s’est présentée avec mes amis de covoiturer et de mutualiser le transport des animaux que nous allions acheter ». Laurence accueillera, chez elle, aux Gaudards, la journée régionale ovine le 24 septembre prochain. Une journée organisée par les Chambres d’agriculture, l’Institut de l’Élevage, Sicarev et Terre d’Ovin / Feder, au cours de laquelle six ateliers à thèmes sont proposés aux participants.

Julie Pagneux et Peter Simpson, éleveurs à Saint-Seine (58)

Le jeune couple franco-anglais exploite la ferme équestre du Berger, située au lieu-dit Vesvres. Installée depuis fin 2018, Julie a l’appui de Peter, en tant que conjoint collaborateur. Elle a repris une exploitation bovine qu’elle a immédiatement transformée pour élever des moutons et mettre sur pied un centre équestre. Une ferme de 63 hectares sur laquelle évoluent onze chevaux (pension, débourrage et travail) pour des activités de loisirs, de cours et aussi à l’occasion de rassemblements festifs tels que des mariages. A cela s’ajoute un cheptel de 310 brebis de différentes races. Le choix de l’élevage ovin, Julie l’a fait sur les conseils de Peter, dont l’oncle est éleveur au Pays de Galle, mais aussi pour assurer au couple une plus forte autonomie financière. Julie et Peter avaient déjà prévu l’achat, en amont, de béliers lors de la foire de Neuvy : « Nous avons nos habitudes d’achat auprès d’un éleveur de l’Allier. Il se trouve qu’il participe à cette foire. Nous en avons profité pour y venir, ce qui permet aussi de rencontrer d’autres éleveurs ».
Plus d’informations sur : ferme-equestre-du-berger.fr.

Mickaël Lavedrine, directeur de l’exploitation du lycée agricole du Bourbonnais (03)

Le lycée agricole du Bourbonnais est situé sur la commune de Neuvy, à quelques kilomètres de la capitale bourbonnaise, Moulins. L’exploitation agricole compte 350 brebis et agnelles en race Ile-de-France. Il leur est réservé environ une quarantaine d’hectares. Mickaël avait fait le choix d’exposer cinq animaux dont un seul a trouvé preneur : « Outre l’avantage d’être à proximité, participer à cette foire chaque année entre dans nos missions d’animation du territoire. Ce serait dommage de ne pas être présent, même, si ce serait encore mieux si ce rendez-vous tombait pendant la période scolaire, ce qui permettrait d’être accompagné d’élèves ». Une foire dans une ambiance particulière pour Mickaël : « J’ai été très surpris en arrivant. D’habitude nous avons un peu de mal à décharger les animaux mais cette année nous avons de la place. Nous avons eu, heureusement, un peu plus de monde sur la deuxième partie de la matinée ». Des visiteurs moins nombreux mais aux recherches bien précises : « Ce sont des personnes intéressées par les qualités morphologiques d’élevages via les index. Ils recherchent surtout des animaux complets, l’élite des reproducteurs ».

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