« De l’argent arrive chez les transformateurs… »
Si la conjoncture laitière reste encore morose, les acteurs de la section régionale laitière du Massif central estiment qu’il existe des pistes synonymes de lendemains meilleurs. A l’ensemble de la filière de s’en emparer.
Sortir la tête de l’eau, coûte que coûte, tel est le message porté par les responsables professionnels du secteur laitier du Massif central à l’adresse des producteurs de lait qui traversent une crise sans précédent. S’ils ne nient pas la gravité de la situation, ils veulent faire bouger les lignes. D’abord à Bruxelles.
« Au niveau européen, même si la France est un peu seule à réclamer de la régulation, on devrait parvenir à faire des choses », a expliqué, Yannick Fialip, président de la section régionale laitière. La dégradation des marchés est en effet liée à une surproduction au sein de l’Union européenne. Depuis le 1er avril 2015, la production laitière a progressé de 3,4 %, avec une accentuation durant ces derniers mois (+5,6 % en décembre 2015 et +4,6 % en janvier 2016). Parallèlement, entre hausse et baisse, les productions des pays tiers comme la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, l’Australie ou l’Argentine se compensent. Ainsi, l’offre ne progresse pas vraiment chez les concurrents des pays tiers, et au final le commerce mondial se maintient en volume.
Valeur d’équilibre
S’il est pour le moment difficile d’entrevoir une embellie sur les prix, les producteurs du Massif central ne sont pas dupes de la stratégie de certaines entreprises.
L’observatoire des prix et des marges a ainsi révélé dernièrement qu’en l’espace de quelques mois, la stabilité des prix au consommateur voire la légère augmentation s’est conjuguée à une baisse du prix du lait payé au producteur de l’ordre de -15 %. Cherchez l’erreur…
« Il y a de la valeur qui revient des GMS. Certaines entreprises l’ont redistribué, et d’autres non », résume Yannick Fialip.
Pour les responsables du Massif central, il est temps que les efforts consentis par les producteurs en matière de qualité, de régulation ou encore d’amélioration de la saisonnalité, payent. « De l’argent arrive chez les transformateurs. Preuve en est, certaines entreprises sont en mesure de s’engager sur un paiement du lait à 300 euros/1 000 litres sur 2016, quand d’autres ont d’ores et déjà prévenu qu’elles ne paieront pas plus de 270 euros/1 000 litres », insiste Michel Lacoste, administrateur de la FNPL pour le Massif central. À ce stade, il s’agit donc pour les producteurs de reprendre la main. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la charte de valeurs initiée par la FNPL qui vise un prix du lait équilibré, permettant aux producteurs de vivre de leur activité, tout en tenant compte de la fluctuation des cours des matières premières. À ce jour, 30 % des industriels se sont engagés dans cette charte. Reste à convaincre les 70 % restants.