Conjoncture : Des solutions collectives doivent être trouvées
Lundi 11 juillet, la chambre d’agriculture régionale
présentait la lettre de conjoncture du premier semestre 2016.
Lundi 11 juillet, à Saint-Martin-en-Haut dans le Rhône, au cœur des monts du Lyonnais. Le constat est amer alors que la chambre d’agriculture régionale présente sa lettre de conjoncture semestrielle. En ce premier semestre 2016, l’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes connaît un contexte particulièrement difficile pour plusieurs filières, tant végétales qu’animales. C’est le cas du lait, de la viande et des grandes cultures. Pour d’autres filières, comme les ovins, les volailles, la situation est mieux orientée : le contexte est plus favorable et laisse entrevoir des possibilités de développement. Le réseau des chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes est particulièrement préoccupé par l’avenir des 11 000 producteurs de lait de la région qui traversent une crise qui perdure depuis deux ans. « Les monts du Lyonnais sont un bastion laitier. Sur la commune de Saint-Martin-en-Haut, nous comptons encore de nombreuses exploitations laitières et diversifiées. Nous avons été durement touchés par la grêle fin juin ajoutant un coup dur de plus à la morosité économique. Sur la zone arboricole, la pression de la drosophila suzukii a explosé, contraignant les producteurs à arrêter la collecte. Cette situation rend également les choses compliquées sur le plan commercial. Aujourd’hui, la profession ne peut pas supporter de travailler à perte. Nous sommes face à une situation qui n’a pas été connue depuis longtemps », soulignait Gérard Bazin, président de la chambre d’agriculture du Rhône qui recevait sur son exploitation laitière la conférence de presse.
La force du réseau des chambres d’agriculture
En effet, la filière laitière doit faire face à une crise suite à l’abandon des mécanismes de régulation au niveau européen et qui est désormais structurelle. Pour le Gaec de la grange Croizet où Gérard Bazin et son associé, Denis Granjon, produisent 500 000 1 de lait livrés à la coopérative Sodiaal, le chiffre d’affaires annuel sur l’atelier lait a baissé de 25 000 euros du fait de la conjoncture laitière et de la baisse du prix du lait entre 2014 et 2015. « Les volumes de production dans l’Union européenne augmentent quand en France, comme au niveau régional, nous les maintenons. Aujourd’hui, la situation des producteurs est très préoccupante, notamment sur le plan de la décapitalisation », commente Gilbert Limandas, président de la chambre d’agriculture de l’Ain et président de la commission économie du réseau des chambres d’agriculture. « Toutes productions confondues, la situation économique est difficile. Nous devons trouver des solutions. Il manque des perspectives pour les producteurs laitiers, allaitants et céréaliers notamment. Nous devons retrouver des relations commerciales plus équilibrées en travaillant notamment sur la loi Sapin 2 », complète Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Face à ces difficultés, des réponses doivent être apportées par l’ensemble de la profession. Objectif : éviter la diminution importante du nombre d’éleveurs laitiers sur le territoire. « Aujourd’hui, sur les exploitations nous avons besoin de solutions collectives », commentait Mickaël Gonin, vice-président de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes. À Jean-Claude Rabany, président du Criel Sud-Est d’ajouter : « nous avons la chance d’avoir un tissu important de producteurs et d’entreprises de transformation sur notre territoire. 2,7 milliards de litres de lait sont produits chaque année. Nous devons parvenir à maintenir l’ensemble des producteurs ». En effet, pour le président de la chambre d’agriculture régionale, Gilbert Guignand, le rôle du réseau est bien aujourd’hui d’être au service des agriculteurs pour les aider à passer ces moments difficiles. « Nous faisons tous ce métier par passion. Il y a encore de l’avenir pour ceux qui veulent y croire », conclut Gilbert Guignand.
APASEC