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Comment l’agriculture est traitée et perçue par les médias

Journaliste radio et ancien d’Europe 1, Pascal Herbelot invite les agriculteurs à reprendre leur place dans le débat sociétal.

L’ancien journaliste d’Europe 1 estime que les agriculteurs doivent pleinement faire entendre leur voix dans les débats sociétaux.
L’ancien journaliste d’Europe 1 estime que les agriculteurs doivent pleinement faire entendre leur voix dans les débats sociétaux.
© P.O

Comment faites-vous le lien entre agriculture et environnement dans les sujets traités ?


Pascal Berthelot, journaliste radio indépendant, ancien d’Europe 1 : “Pour moi, il n’y pas de lien systématique. Ce sont deux questions séparées. Je veille justement à faire très attention à ne pas mélanger les deux questions. Ce qui fait que nous faisons souvent des reportages sur des questions de production, de commercialisation, de prix, de belles histoires humaines mais sans évoquer bien sûr la question d’environnement, qui à, ce moment-là, n’a aucun intérêt.
En revanche, l’agriculture a un impact sur l’environnement, c’est indéniable. C’est pourquoi il nous arrive d’en parler. Et ce sont des questions importantes, qui aujourd’hui concernent toute la société. Est-ce que notre agriculture ne dégrade pas notre environnement ? Que se passe- t-il réellement ? Nous faisons régulièrement des sujets sur ces questions. Mais j’essaie de sortir des idées reçues et de la pensée dominante dans les rédactions parisiennes, du genre “les agriculteurs sont des pollueurs et ils sont en train de nous faire mourir en nous empoisonnant”. Je n’évite pas ces questions, au contraire, je les  attaque frontalement car elles intéressent tous les auditeurs. Si j’entends les attaques des associations écologistes, qui disent parfois des choses très sensées et utiles pour la société, mais qui parfois s’égarent dans des anathèmes sans fondement, j’essaie de toujours donner la parole aux agriculteurs, pour qu’ils expliquent la réalité de leurs pratiques.”


Pensez-vous que l’image des agriculteurs s’est ternie depuis quelques années dans l’opinion ?


P. B. : “Je ne pense pas. Je me trompe peut-être. Bien sûr, il y eu la crise de la vache folle, les accusations contre les pesticides, et toute une série de scandales  alimentaires  dont  les agriculteurs sont souvent à tort considérés comme responsables dans l’esprit des gens. Mais, il n’y a qu’à voir le succès du Salon de l’agriculture, l’image des agriculteurs est très largement positive dans l’opinion. On critique le “système alimentaire”, mais on aime son voisin agriculteur. La grande mode dans les villes c’est de rechercher les “bons produits de la ferme”... L’agriculteur a une image d’authenticité et de nature, même encore aujourd’hui. Il ne faut pas qu’il perde cette image, sinon l’agriculture française, pour le coup, serait gravement  menacée. L’image des agriculteurs dans l’esprit des gens, ce n’est pas la simple image renvoyée par les médias. Les agriculteurs n’aiment pas l’image renvoyés par les médias. Car ils se vivent comme une profession assiégée, en voie de disparition, incomprise. En réalité, les Français ont dans leur grande majorité une image positive des “paysans”, qui renvoie à un âge d’or où la vie était plus saine, plus authentique, plus naturelle. Dans notre monde ultra-connecté, et si déshumanisé dans les grandes métropoles, le “bonheur est dans le pré” pour une grande partie des Français.”

Sur quels sujets les paysans devraient-ils s’exprimer plus largement ?


P. B. : “Sur  la  réalité  de  leurs pratiques. Montrer réellement ce qu’ils font, combien ils utilisent de tel produit,  pourquoi ils le font, le résultat qu’ils en tirent. Pour ouvrir un  dialogue  plus  apaisé  avec  la société. En agriculture, comme dans tous les domaines, il y a des indéli- cats, voire parfois des margoulins, il ne faut pas que ceux-là détruisent la bonne image de tous les autres ! Emploi,  vie  dans  les  territoires ruraux, production alimentaire,... : tous ces sujets doivent être discutés par et avec les agriculteurs. Je pense 
que les agriculteurs doivent participer pleinement aux débats de société. Et ne pas se sentir agressés systé- matiquement quand telle association ou tel média diffuse un message critique ou offensant.”

Quels sont pour vous les symboles du monde agricole ?


P. B. : “La vache et le grain de blé. On pourra y mettre toutes les nouvelles technologies que l’on veut, pour moi le monde agricole c’est élever des animaux et faire pousser des plantes.”


La France se fait dépasser sur les podiums en matière agricole en Europe et dans le monde : est-ce un sujet “transversal” pour une radio comme Europe 1, ou cela reste-t-il confié à l’agricole ?



P. B. : “Il n’y a malheureusement plus de sujet “agricole” sur Europe 1. Tout est devenu “transversal”. Car il n’y a pas de case “agricole”, il faut que tout sujet parle à tout le monde et le plus largement possible. Le déclassement de la Ferme France est un sujet pour Europe 1, qui en parle... de temps en temps ! Car il faut bien reconnaître qu’on en parle moins que d’autres secteurs d’activités. Un contrat Airbus fait couler beaucoup plus d’encre qu’une vente record de blé à l’expor- tation. C’est vrai. Je trouve ça injuste. Et chaque jour je me pose la question : comment mieux en parler pour intéresser les auditeurs ?”

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