CLUSTER HERBE. Une signature « herbe » sur les produits
À l'initiative du SIDAM, Service Interdépartemental pour l'Animation du Massif central, le cluster herbe réunit tous les acteurs des secteurs agricoles, agroalimentaires, recherche, formation, développement et territoires, en interaction avec les politiques publiques et les financeurs.
Cette plateforme collaborative oeuvre au développement des filières agricoles et agroalimentaires qui valorisent les produits et services issus des ressources herbagères et pastorales du Massif central. Leur conférence au Sommet de l'élevage abordait la question de l'affichage environnemental et systèmes herbagers sur les produits alimentaires.
Éleveurs, techniciens, chercheurs, animateurs de territoire, acteurs de la formation, élus, étudiants... étaient réunis jeudi 6 octobre au Sommet de l'élevage pour faire avancer leur plateforme collaborative et partenariale, le Cluster Herbe. Ils ont fait état des travaux menés depuis plusieurs mois sur l'affichage environnemental et systèmes herbagers sur les produits alimentaires. « La question est récurrente dans le milieu agricole dans le Massif central : comment vendre notre signature unique, le fil rouge de notre territoire que constituent nos systèmes d'élevage 100% herbagers ? Nous sommes la seule région à faire avancer les projets sur la question de la valorisation des ressources herbagères et pastorales », avancent les animateurs du SIDAM. Toutes les filières concernées ont pris l'habitude d'échanger sur le sujet de l'herbe, de partager leurs connaissances.
Maxime Fossey de l'Institut de l'élevage, est docteur en sciences de l'environnement, il intervient notamment sur l'affichage environnemental et l'analyse du cycle de vie et les enjeux alimentaires associés. Il a présenté l'outil ACV (analyse du cycle de vie), qui permet d'estimer les émissions et flux et évaluer l'impact d'un produit sur l'eau, l'air, les sols, l'homme, les ressources naturelles, sur la base de plusieurs critères sur l'ensemble de la chaîne. « Une méthode cadrée qui fait consensus. Le cycle démarre par les matières premières puis la fabrication, le transport, la distribution, la consommation et jusqu'à la fin de vie», explique le chercheur. «Mais il reste encore quelques inconnues à intégrer comme les co-produits, la laine, le cuir par exemple, à ce jour peu valorisés et pourtant dotés d'une valeur économique... ».
Les bonus des systèmes herbagers
Pour mettre en place un affichage environnemental pour le secteur alimentaire, il faut d'abord améliorer son empreinte environnementale et considérer que l'alimentation peut être un levier d'action pour atteindre une production et une consommation plus responsables. Diverses expérimentations ont été menées pendant 18 mois aboutissant à une synthèse couvrant un large panel de produits. « Nous sommes partis sur l'idée d'une réglette, comme celle du Nutri-score, affichant les bonus et malus sur chaque catégorie », explique Maxime Fossey. « Et nous l'avons testé : en intégrant dans les catégories, la prise en compte de l'impact sur la biodiversité, du niveau d'utilisation des pesticides, du stockage du carbone dans les sols, les systèmes herbagers (ovins et bovins) sont peu impactants pour l'environnement. A noter que l'accès à l'herbe pour les animaux est aussi une donnée positive auprès des consommateurs ». Mais se pose la question de la co-existence avec d'autres affichages déjà existants : un affichage supplémentaire ne perdrait-il pas un peu plus le consommateur dans son choix d'achat ? « Il ne faut pas nous trouver de débat, notre objectif est bien de promouvoir nos systèmes herbagers, de montrer qu'ils sont vertueux... Nous devons faire valoir ce qui marche le mieux », assure Maxime Fossey. Les membres du Cluster herbe en sont persuadés : le modèle est perfectible mais doit aussi être validé par l'Europe. « L'outil ACV doit nous permettre de prendre en compte tous les effets positifs de l'élevage afin de pouvoir rendre compte de sa multi-fonctionnalité. Il faut aussi reconsidérer les systèmes d'élevage dans les prospectives alimentaires, modifier la perception de ses impacts sur les consommateurs. Certes le rôle des prairies est déterminant car elles constituent des lieux de stockage de carbone et de biodiversité mais le logement en bâtiments a aussi son utilité, dans la mesure où les effluents peuvent être valorisés pour diminuer la fertilisation minérale... Notre travail n'est donc pas fini ! », a conclu Maxime Fossey.
Eva DZ