Choucas des tours : pourquoi tout ce tapage ?
À Marcolès comme de nombreuses autres communes de Châtaigneraie mais pas que, le cri atypique des colonies de choucas des tours n’en finit pas d’exaspérer les habitants.
À Marcolès comme de nombreuses autres communes de Châtaigneraie mais pas que, le cri atypique des colonies de choucas des tours n’en finit pas d’exaspérer les habitants.
Kiah...kiah... kiah... : son cri est reconnaissable entre tous et s’avère rapidement des plus insupportables le matin comme à la tombée de la nuit. À Marcolès, comme dans un certain nombre de communes du département, une colonie de choucas des tours a élu domicile il y a un peu plus de deux ans dans le vieux bourg médiéval avec une préférence pour l’église Saint-Martin et ses abords, où les cavités sont nombreuses, lui permettant d’y nidifier et de s’y regrouper. “Ils aiment le patrimoine, le bâti dense et serré”, ironise Christian Montin, maire de la Petite cité de caractère. Labellisée depuis peu Plus beau village de France, la commune se passerait bien de ces nouveaux arrivants dont les nuisances sonores chroniques dépassent de loin les décibels des bals populaires. “C’est assez curieux, parfois ils partent, on ne les voit pas pendant quelques temps et puis ils reviennent en nombre, entre 100 et 200 peut-être”, observe l’élu.
Gare aux feux de cheminée
Si le bruit de ce petit corvidé - qui ne croasse pas mais émet un cri “explosif” dixit les experts - est la première des nuisances, Christian Montin met aussi en garde, en ce début d’automne, les propriétaires de maisons avec cheminée, où le volatil a aussi pris l’habitude de nicher. Avec le risque d’incendie en cas de conduit bouché comme cela a déjà été le cas au moins à deux reprises dans le département par le passé, l’un de ces feux de cheminée ayant fait une victime. Et puis il y a les fientes et de possibles problèmes sanitaires, “mais pas plus qu’avec les pigeons”, reconnaît le maire.
Ce dernier a tapé à toutes les portes (Direction départementale des territoires, fédération des
chasseurs, préfecture...) pour trouver une solution à ces nuisances et occupations indésirables. Sans succès. L’espèce est en effet protégée strictement et considérée comme “non susceptible de faire des dégâts” selon les textes en vigueur. Une campagne d’effarouchement, soumise à autorisation du préfet, serait envisageable, “mais il faudrait sonoriser tout le village avec du matériel spécialisé(1)”, expose, dubitatif, Christian Montin qui, avec sa casquette de président de l’Association des maires et présidents d’EPCI du Cantal (AMF 15), a soumis à ses collègues concernés l’adoption d’une motion dans leur commune. Une initiative qui a déjà reçu l’adhésion d’une trentaine de municipalités. “Bien évidemment, il n’est pas question d’éradiquer le choucas de la surface de la terre, nuance l’élu castanhaïre. Mais on voit bien qu’on est là à la limite des mesures de protection d’une espèce dite protégée qui, à un moment donné, devient invasive, se développe et se reproduit de façon exponentielle sans véritable prédateur.”
Effaroucher : pas si simple
Contactés, les services de la Dreal Auvergne-Rhône-Alpes confirment avoir reçu une demande de
dérogation à la protection stricte de ce corvidé de la part de onze communes cantaliennes, de Châtaigneraie mais pas que, ainsi que d’un particulier. Ces demandes de dérogation visent l’autorisation de mesures de perturbation intentionnelle (effarouchement...), de capture ou de destruction. “Nous attendons une concertation collective avec les élus de ces communes avant toute procédure”, indique Jean-Marc Salles, en charge du dossier à la Dreal Aura. Sachant que la possibilité d’effarouchement n’est envisagée que dans le cas de colonies importantes en milieu urbain via le recours à des professionnels. Des fauconniers spécialistes de l’effarouchement peu nombreux dans la Région comme dans l’Hexagone. “On est un peu démuni”, concède M. Salles, tout en précisant qu’un diagnostic régional diligenté par la Dreal auprès de la LPO, Ligue de protection des oiseaux, a conclu à une population de choucas plutôt stable dans Cantal et en Auvergne, avec des nuisances davantage recensées sur les bâtiments. Il invite les propriétaires à grillager les sorties de cheminée pour empêcher le choucas de s’y installer. Pour l’heure, à Marcolès comme ailleurs, il va donc falloir continuer à composer avec l’agaçante mélodie des “kiah kiah...”, une mélodie que n’aurait pas reniée Alfred Hitchock...
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(1) L’effarouchement par diffusion de cris de certains des prédateurs du choucas
semble avoir porté ses fruits par endroits.