« C’est la déception totale pour nous retraités ! »
Jean-Claude Chalencon, Président de la section régionale Aura
des anciens exploitants agricoles
L’examen de la proposition de loi visant à revaloriser les pensions des retraités non-salariés agricoles a tourné court le 7 mars dernier au Sénat, avec la demande du “vote bloqué” du gouvernement. Vous attendiez-vous à cette issue ?
Bien sûr que non. Toutes les sections départementales des anciens exploitants agricoles de France demandent, depuis une bonne dizaine d’années, que le montant des retraites agricoles (pour une carrière complète) soit porté de 75% à 85% du Smic. Une revalorisation qui permettrait d’obtenir une équité vis-à-vis des autres catégories socio-professionnelles. J’avoue que nous avions l’espoir que cette proposition de loi soit adoptée, comme ce fut le cas à l’Assemblée Nationale en février 2017.
Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous suite à cette intervention du gouvernement ?
Je suis très déçu, comme l’ensemble des retraités agricoles d’ailleurs. C’est une mauvaise nouvelle qui nous tombe dessus dans un contexte déjà difficile pour nous ; car rappelons-le, notre pouvoir d’achat diminue sans cesse et la fiscalité joue en notre défaveur !
Que pensez-vous de la façon dont le gouvernement a géré ce dossier ?
Je suis surpris par la méthode très sévère (du « vote bloqué », via l’article 44-3 de la Constitution), employée par le gouvernement pour bloquer cette proposition de loi. Une procédure qui n’avait pas été brandie depuis 25 ans ! Je suis terriblement déçu par le gouvernement, d’autant qu’il s’agit de bloquer toute évolution des retraites de personnes qui ont travaillé durement durant toute leur vie à la sortie de la guerre. Le report en 2020 de la proposition de loi est inadmissible ! Et j’accuse le gouvernement de jouer sur la démographie en vue de faire des économies... On peut en conclure que le gouvernement se moque bien des retraités agricoles relégués au rang des oubliés du système. La loi semblait pourtant intéressante étant donné qu’elle proposait une solution de financement à travers la taxe sur les transactions financières ; la solidarité nationale pouvait alors jouer.
Quelles perspectives pour les retraités agricoles ?
Nous sommes découragés. Sachant que la moyenne des retraites en France s’élève à 1300 euros, les 85% du smic nous permettraient d’atteindre 970 euros par mois. Ce n’est tout de même pas si exorbitant que cela ! Dès lors, nous allons continuer à courber le dos en se tournant vers d’autres solutions pour honorer nos dépenses. Faudra-t-il retourner au travail ou faire appel à nos descendants pour survivre ? Je demande au Président de la République de prendre en considération notre revendication et de revoir sa copie.