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Calamités et gestion des risques au congrès de la FDSEA de la Creuse

La FDSEA de la Creuse organisait son 77e congrès annuel à Lavaveix-les-Mines le vendredi 24 mars.
En ouverture, le président de la FDSEA23 Christian Arvis a traité l’actualité récente en évoquant le cas du secteur de Pontarion, ravagé il y a quelques semaines. Il a indiqué avoir déjà écrit au ministère de l’Agriculture, à la MSA et à toutes les instances régionales et départementales pour obtenir de l’aide pour les agriculteurs sinistrés. Il a également demandé l’aide de l’armée pour aider à déblayer les débris jonchant les parcelles. Pour l’ensemble des agriculteurs creusois, il a exhorté les services de l’État à faire beaucoup mieux appliquer la loi Egalim 2, seul outil actuel pour obtenir un revenu décent tenant compte des coûts de production. Dans ce but il a demandé des réunions de filières.
La séance a commencé par l’habituel rapport des comptes : les finances sont saines et la cotisation ne changera pas en 2024.
Du côté du rapport d’activité, la secrétaire générale Séverine Bry a mis en avant les nombreuses actions qui ont rythmé l’année 2022 : sur le plan syndical, l’année 2022 a démarré sur une série de réunions d’information sur la contractualisation liée à l’application de la loi Egalim 2 et différentes manifestations ont permis de faire entendre la voix des agriculteurs creusois. En dehors de ces opérations largement visibles, des rendez-vous plus discrets ont permis la mise en avant de certains dossiers auprès des pouvoirs publics, tout particulièrement à l’occasion de rencontres avec les ministres de l’Agriculture Julien Denormandie et Marc Fesneau ou encore avec Mathias Ginet, conseiller agriculture du président de la République Emmanuel Macron.
Ces dossiers ont par ailleurs été nombreux : le loup a montré ses crocs dès le mois de janvier, faisant de nombreuses victimes dans le sud du département. La grêle a également fait de gros dégâts, immédiatement suivie par une sécheresse historique. Parmi ces calamités, la nouvelle députée de la Creuse Catherine Couturier a fait l’unanimité contre elle en affirmant que les éleveurs préféraient mettre le fourrage dans les méthaniseurs plutôt que dans les râteliers. Cette affirmation sans fondement lui a valu une plainte pour diffamation.

L’assurance récolte
Suite à ses calamités successives et à l’instauration toute neuve du nouveau système de gestion des risques climatiques, la thématique du débat était toute trouvée. Joël Limouzin, représentant de la FNSEA au CNGRA, a expliqué sa mise en place et les raisons pour lesquelles cette réforme était devenue nécessaire. La grande différence avec l’ancien système est que désormais les indemnisations se feront à la parcelle touchée et non plus en fonction de la commune du siège d’exploitation. Ainsi, chaque culture est assurée individuellement. L’agriculteur assumera la charge jusqu’à 30 % des dégâts, puis l’assurance et l’État prendront le relais. Pour les agriculteurs qui choisissent de ne pas s’assurer, l’État ne remboursera qu’à 45 % la première année, puis 40 %, puis 35%. La prime d’assurance est remboursée à 70% par l’État, ce qui la porte entre 5 et 10 € nets par hectare.
Un système de guichet unique fera de l’assureur le seul interlocuteur de l’agriculteur, c’est l’assurance qui versera la totalité de l’indemnisation, et elle se chargera de se tourner vers l’État pour se faire rembourser cette partie. Les agriculteurs non assurés devront se tourner vers la DDT. Les responsables de Groupama (Thomas Pepy) et Pacifica (Samuel Duquet) étaient présents pour expliquer comment ce nouveau système se met en place dans leurs établissements.
Interpellés sur la pertinence de prendre une assurance récolte alors que l’an dernier elle n’aurait rien remboursé compte tenu de taux de reconnaissance des pertes inférieur à 30 %, Joël Limouzin et les deux assureurs ont été formels : les assurances sont faites pour les vrais gros coups durs : « Il ne faut pas y chercher un retour sur investissement ». En outre, le système de calcul basé sur la moyenne olympique (sur les 5 dernières années) n’est pas en faveur des agriculteurs : une succession d’années de sécheresse fait baisser mécaniquement cette moyenne de référence, faisant considérer au fil du temps une année de sécheresse comme une année normale, avec des pertes considérées comme mineures en 2022. Cette question a naturellement amené celle, épineuse, des mesures satellitaires : les photos Airbus seront en effet la base pour mesurer la production des parcelles et donc les pertes potentielles. C’est ce système qui permettra la mesure à la parcelle évoquée plus tôt. Selon Joël Limouzin, les satellites sont fiables dans leurs mesures, « particulièrement sur les prairies ». « L’herbe a bien poussé jusqu’au début de l’été, mais elle a été immédiatement grillée sur place par la canicule avant d’avoir pu être pâturée ou fauchée ». Si ces images satellite seront la base de l’évaluation des pertes, la contestation sera toujours possible. Pour cela des fermes « références » seront prochainement déterminées. Par la voix de son président Christian Arvis, la FDSEA en a demandé au minimum 2 par canton.
En conclusion, M. Limouzin a vivement encouragé les agriculteurs creusois à s’assurer, certain de la pertinence de cette démarche.

Deux promotions à l’Ordre du Mérite Agricole
Pour achever ce congrès, le président de la FDSEA de la Creuse Christian Arvis a laissé la parole à Virginie Darpheuille, préfète de la Creuse. Sur le départ, celle-ci a remis avec une émotion certaine les insignes les élevant au grade d’officier de l’Ordre du Mérite Agricole à deux personnalités bien connues des agriculteurs : Brigitte Alanore et Thierry Jamot. Elle a mis en avant leur engagement « au service de la communauté ». Mme Alanore comme M. Jamot ont en effet depuis très longtemps enchaîné les responsabilités au sein du milieu agricole. Les deux récipiendaires, eux aussi très émus, n’ont pas manqué de remercier également leurs familles présentes pour l’occasion : « Je dédie cette distinction à ma famille et à vous tous qui êtes aussi ma seconde famille » a remercié Brigitte Alanore. « Ces très nombreux mandats m’ont pris beaucoup de temps au détriment de ma famille, mais il faut que l’agriculture avance » a indiqué Thierry Jamot.

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