Un bâtiment de poules pondeuses en cages converti en volière avec jardin d’hiver sur deux étages
L’EARL des Champs blancs a transformé un bâtiment de 71 000 poules pondeuses en cages en une volière avec plancher intermédiaire, sans perdre une place et en valorisant ses œufs en code 2 premium avec Avril.
L’EARL des Champs blancs a transformé un bâtiment de 71 000 poules pondeuses en cages en une volière avec plancher intermédiaire, sans perdre une place et en valorisant ses œufs en code 2 premium avec Avril.
C’est une histoire qui finit bien pour ce bâtiment de poules pondeuses en cages à Néant-sur-Yvel dans le Morbihan, construit en 2011 et placé en liquidation judiciaire fin 2017. À l’époque, Martine et Patrick Hervault, exploitants à 7 kilomètres à Mauron, viennent de convertir leur bâtiment en code 3 en une volière plein air de 50 000 places.
Leur fils Adrien, en phase d’installation sur l’exploitation qui comprend également un atelier laitier (1,2 million de litres) et 250 hectares de cultures, se prend d’intérêt pour la production d’œufs, appréciant le côté technique et animalier de l’élevage en volière alors que celui en cages ne l’a jamais attiré. L’opportunité de racheter le bâtiment désaffecté rebat toutes les cartes. Adrien décide de s’installer en œuf plutôt qu’en lait, dont la production, qui devait être agrandie, sera même arrêtée fin 2019. Mais encore fallait-il que le projet de reprise du bâtiment de ponte soit viable et durable. « En l’absence de foncier, seul le code 2 étant envisageable. Il n’était pas question de faire du code 3 », explique Adrien. « Le bâtiment était assez haut (7,5 m en pied de poteaux) pour y installer un plancher intermédiaire avec des volières à chaque étage, mais cela rabaissait la capacité de production à 63 000 places », poursuit Patrick.
En s’inspirant d’élevages visités aux Pays-Bas avec leur fournisseur de souches Novoponte, les éleveurs ont eu l’idée d’ajouter un jardin d’hiver à deux étages sur un côté du bâtiment. Sa largeur de 7,5 mètres a été précisément calculée pour atteindre la capacité autorisée du bâtiment, soit 71 400 places. « Ce n’était pas la volière qui était le facteur limitant mais la surface utilisable (9 poules/m2). »
Un jardin d’hiver représentant 50 % de la surface au sol
Le temps que la vente soit actée (10 mois), Patrick et Adrien ont pu affûter leur projet de transformation pour répondre à deux contraintes : de rentabilité (le coût du jardin d’hiver devait être financé par l’augmentation de l’effectif) et d’optimisation des conditions de travail lors du nettoyage du bâtiment. « On a profité du retour d’expériences des éleveurs néerlandais pour améliorer le système d’évacuation des fientes », explique Patrick (lire ci-dessous).
À part la coque en bon état, tout l’équipement intérieur, trop abîmé, a été remplacé, éclairage et électricité compris. Seuls les ascenseurs à œufs ont pu être conservés ainsi que les turbines dont la moitié a été déplacée plus en hauteur. Les deux salles originelles de 15 mètres de large sur 120 mètres de long sont chacune équipées à l’identique de trois rangées de volière Natura Step 24-18 de Big Dutchman à trois niveaux (installation Pier Services).
La particularité de ce modèle de volière est son plancher intermédiaire intégré : la volière de l’étage du bas se prolonge par une structure métallique sur lesquelles sont fixées des plaques, servant de plafond pour l’étage du bas et de plancher pour celui du haut. « Moins coûteux qu’un plancher porteur en béton ou métallique, il est constitué de plaques en plastique alvéolé, suffisamment solides pour supporter une charge de 500 kg/m2." C’est aussi le cas du plancher du jardin d’hiver supérieur, qui lui est constitué de traverses sur lesquelles sont posées des plaques en bois. « Les deux planchers pourront supporter sans problème le microtracteur Kubota de 16 chevaux », poursuit Adrien. Monté à l’étage par le télescopique, il servira à évacuer les fientes. À part la charpente et les poteaux métalliques posés par le charpentier BCM, le jardin d’hiver a été livré en kit et monté par les éleveurs. « Cela nous a permis de diminuer son coût de 4 à 2,5 euros par poule. On y a passé l’équivalent de trois mois à quatre personnes à temps plein. »
Des trappes d’accès de type plein air
Les poules accéderont au jardin d’hiver par des trappes identiques à celles des bâtiments plein air, ouvertes en journée. Les deux salles sont gérées de façon indépendante y compris pour la ventilation. Elles sont constituées de sept zones de 10 200 poules, séparées par des cloisons grillagées. Le jardin d’hiver est aussi segmenté. « L’intérêt est de maintenir une répartition homogène dans le bâtiment », précise Adrien, qui sera en charge du bâtiment avec l’aide d’un salarié à mi-temps. Sur la paroi séparant le bâtiment et le jardin d’hiver ont été ajoutées des fenêtres en polycarbonate. « Elles sont situées côté Est, pour éviter les rayons du soleil couchant et pourront être occultées les premières semaines. »
Le coût du projet, achat du bâtiment et réaménagement compris, certes difficilement comparable du fait du rachat après liquidation judiciaire, s’élève à 22 euros par poule. Unique en son genre, le bâtiment transformé et remis à neuf a été inauguré début juin lors d’une porte ouverte, organisée par leur partenaire Sanders. L’éclairage naturel, ajouté au jardin d’hiver, leur a permis de répondre au cahier des charges de bâtiments en code 2 premium (ou 2 +) proposé par Avril et le groupement Armor Œufs et de mieux valoriser leurs œufs. Ils bénéficient d’un contrat de reprise sur sept lots, soit 10 années.
« Des poules au sol avec jardin d’hiver et éclairage naturel »
Une gestion des fientes optimisée
Dans leur réflexion, les éleveurs ont fait en sorte de mécaniser au maximum l’évacuation des fientes. « Évacuer celles de l’étage supérieur ne sera pas plus compliqué qu’en bas », estime Patrick Hervault. Chaque rangée de volière dispose d’un racleur à fientes. Lors du vide, les fientes accumulées dans l’allée seront poussées par un mini-tracteur jusqu’aux trappes ouvertes situées aux deux extrémités du bâtiment. Au fond du bâtiment, du côté du hangar à fientes, les déjections tomberont directement dans les goulottes transversales à fientes, canalisées par un entonnoir (photo 1).
À l’autre extrémité, les fientes tomberont dans une goulotte suspendue au plafond de l’étage inférieur
(photo 2). Grâce à une vis sans fin, les fientes seront évacuées à l’extérieur du bâtiment et tomberont dans une remorque (photo 3).
Pour l’évacuation des fientes du jardin d’hiver de l’étage supérieur, il suffira aux éleveurs d’enlever certains panneaux non fixés du plancher, pour y faire tomber les fientes dans le jardin d’hiver du bas (photo 4).