« Tous les poulets ont besoin de prendre un peu de hauteur » estime l’ONG welfariste Welfarm
Pour Françoise Burgaud, responsable études et bien-être animal de l’association welfariste Welfarm, qui milite pour la fin progressive de l’élevage intensif, il faut arrêter d’élever les volailles de chair dans des espaces vides qui ne leur offrent aucune possibilité d’exprimer leurs comportements naturels.
Les souches modernes de poulets de chair ont-elles envie de se percher ?
Françoise Burgaud - Ces volailles ont toujours le besoin de se percher, mais ce comportement a totalement été ignoré. Pour les poules pondeuses, depuis la directive de 1999, puis le développement des volières, il n’y a plus de débat pour savoir s’il faut offrir ou non des perchoirs aux poules. C’est une nécessité reconnue. En revanche, c’est plus controversé pour les poulets, il n’y a pas d’obligation réglementaire et les études ont rapporté une très faible utilisation des perchoirs. Il serait tentant d’en conclure qu’ils n’ont pas besoin de se percher. Mais les perchoirs classiques ne conviennent pas aux poulets à croissance rapide. Des études plus récentes montrent une nette préférence pour les surfaces surélevées qui sont, elles, très utilisées. Des supports de perchage sont donc indispensables quel que soit le type de poulet, même si les bénéfices zootechniques (motricité, résistance osseuse, taux de pododermatite…) peuvent différer selon les études.
Quelles préconisations faites-vous et sur quelles bases ?
F.B.- Différents dispositifs ont été étudiés dans les travaux scientifiques, tels que des perchoirs plats et larges, des plateformes suspendues ajustables en hauteur ou bien des systèmes fixes avec des rampes d’accès. Ce sont ces derniers qui ont notre préférence. Les poulets peuvent y accéder facilement, sans être contraints de sauter. C’est important quand ils sont très jeunes et quand ils deviennent moins mobiles avec la prise de poids. En revanche, on manque de certitudes sur les surfaces nécessaires.
En s’appuyant sur diverses études, Welfarm préconise que les poulets disposent de 8-10 % de la surface au sol en surfaces surélevées. Ce n’est pas de l’espace au sol perdu, puisque les poulets utilisent le dessous comme abri. Il faut le voir de manière globale, cela structure et diversifie leur environnement. Welfarm demande qu’il y ait aussi des matériaux à picorer, surtout des ballots de paille ou de luzerne car ils sont multifonctions : les poulets les picorent, se perchent dessus ou se couchent contre. Nous recommandons 2 à 3 ballots pour 1 000 poulets selon la qualité des autres enrichissements (blocs à picorer, objets suspendus…). Bien entendu, l’accès à un parcours bien aménagé est le meilleur enrichissement et tous les poulets devraient à minima disposer d’un espace à l’air libre via un jardin d’hiver. Notre approche sera la même pour les dindes, avec des adaptations.
C’est plus exigeant que les critères de l’European Chicken Commitment ou de l’association pour l’étiquetage Bien-être Animal (AEBEA), dont Welfarm est membre ?
F.B.- Oui. Avec 2 m pour 1 000 poulets, l’ECC n’est pas suffisant sur ce point, cela a cependant le mérite d’acter que des supports de perchage sont indispensables, de même pour les matériaux à picorer. Le niveau C de l’étiquetage AEBEA reprend effectivement les critères de l’ECC, mais il y en a beaucoup d’autres en plus. C’est un premier pas important pour améliorer l’élevage standard.
Welfarm peut être plus ambitieuse dans ses recommandations, car il ne s’agit pas d’un cahier des charges avec une liste de critères à respecter. Permettre aux poulets d’exprimer leurs comportements spécifiques, notamment se percher, est une évolution indispensable, tout comme la baisse de la densité. C’est aussi une attente des citoyens-consommateurs. Les éleveurs de volailles rencontrés qui ont enrichi leur bâtiment reconnaissent tous que les animaux se comportent différemment, ce qui modifie aussi positivement le regard qu’ils portent sur leur travail.
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ONG d’utilité publique
Créée en 1994 sous le nom de Protection mondiale des animaux de ferme (PMAF) jusqu’en 2016, l’association Welfarm œuvre pour améliorer le bien-être des animaux d’élevage à toutes les étapes de leur vie (élevage, transport, abattage). Reconnue à mission d’utilité publique, elle est financée uniquement par la générosité publique.