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SecAnim recycle les animaux trouvés morts et les coproduits de l’abattage

Le leader de l’équarrissage, SecAnim vient d’investir massivement dans son usine de Benet afin de répondre aux évolutions réglementaires, d’économiser l’énergie et de mieux valoriser la collecte des animaux trouvés morts.

Le 7 juin, SecAnim a inauguré les nouvelles installations de son usine de Benet, en Vendée, après sept années de travaux. Vingt-deux millions d’euros ont été investis dans la modernisation du site.

Filiale de Saria France, SecAnim est spécialisée dans la gestion des animaux trouvés morts (ATM) et des matériels à risques spécifiés, comme certains tissus et abats en lien avec le système nerveux (moelle épinière, encéphale, yeux…). « Notre travail est essentiel pour l’économie circulaire, explique Romain Guyon, président de SecAnim. Plutôt que de détruire les animaux trouvés morts, nous les valorisons en farine utilisée comme fertilisant organique ou en combustible pour les cimenteries, ainsi qu’en graisse utilisée pour produire du biocarburant. »

Deux voies principales, les engrais et les biocarburants

Créée en 1942, l’usine de Benet transforme 150 000 tonnes par an de matières collectées en Pays de la Loire et en Nouvelle-Aquitaine. La moitié est des volailles, le reste des bovins, ovins, caprins, porcs, équins et autres animaux. En vingt ans, l’activité a beaucoup évolué, en lien avec les crises sanitaires, en particulier celle de l’ESB, et avec les réglementations européennes qui s’en sont suivies. « Avant la crise de l’ESB, toutes les matières pouvaient être valorisées en alimentation animale, rappelle Stéphane Maurel, directeur de l’usine de Benet. En 2000, cette valorisation a été interdite pour éviter la dissémination du prion. De 2000 à 2008, toutes les farines de viande et d’os étaient détruites. Et depuis 2008, les farines issues d’animaux autres que les ruminants peuvent être valorisées en engrais organiques. L’usine de Benet a été la première à le faire, dès 2009. Cela nous a permis de baisser les prix de l’équarrissage pour les éleveurs et les abattoirs. »

La réglementation classe les animaux trouvés morts ou saisis en deux catégories (C1, C2) qui sont valorisées différemment. La catégorie C1 des matières à risque doit sortir du circuit alimentaire. Il s’agit surtout des ruminants trouvés morts ou saisis en abattoirs et des animaux de zoo. La partie protéique doit être incinérée mais la graisse peut être valorisée en biocarburant.

La catégorie C2 regroupe les animaux trouvés morts ou saisis autres que les ruminants qui peuvent être valorisés en engrais ou en biocarburant, mais pas en alimentation animale.

Mieux valoriser les graisses

Le site de Benet transforme les matières issues de 300 000 enlèvements en élevages et 10 000 en abattoirs, traitées dans des circuits physiquement séparés. Les farines protéiques C1 sont envoyées comme combustible dans des cimenteries ou en chaufferie collective et les C2 sont transformées en engrais (poudre de viande et d’os) sous la marque Dynasol. Les graisses servent comme combustible pour l’usine ou bien sont valorisées en biocarburants par Estener, une autre filiale de Saria basée au Havre. « Dès 2010, nous avons réfléchi à la rénovation de l’usine, explique Stéphane Maurel. Le premier objectif pour la biosécurité était de séparer les flux entrants et sortants et de respecter la marche en avant. Le second était d’économiser l’énergie pour pouvoir valoriser davantage de graisse en biocarburant. Enfin, le dernier était de réduire les odeurs pour le confort du personnel et du voisinage. » Les travaux ont porté pour partie sur la réorganisation des flux, le respect de la marche en avant et la création d’une station de lavage des camions. De nouveaux équipements ont été installés pour la transformation, avec notamment un système d’évapo-concentration à basse température plus performant qui nécessite moins d’entretien et permet une économie d’énergie de 37 %. Ce dispositif permet d’éliminer l’eau des matières en traitement. Les investissements pour limiter les odeurs concernent la réfection des bardages et toitures, la fermeture et la mise en dépression des bâtiments de réception et de chargement des produits finis, la rénovation du système de chargement (manches qui descendent très bas dans le camion…). Suite à ces travaux, " les plaintes des riverains ont beaucoup baissé », conclut Stéphane Maurel.

« Obtenir de l’eau, des protéines et de la graisse recyclables »

Séparer et sécher les constituants

Les matières collectées par SecAnim sont constituées à 66 % d’eau, 24 % de fraction protéique et 10 % de graisse. Le travail de l’usine consiste essentiellement à séparer les constituants.

1 - Réception

Toutes les matières sont réceptionnées dans un hall qui est fermé et maintenu en légère dépression, sauf lors de la réception d’un camion. Deux trémies permettent de décharger séparément les produits solides C1 et C2 qui seront traités dans deux circuits distincts. À l’arrivée, la bâche du camion s’ouvre et une caméra zoome sur le contenu pour vérifier le chargement. Le chauffeur peut alors vider dans la trémie. Les matières sont broyées puis envoyées en zone de traitement. De grandes citernes permettent de réceptionner des liquides (sang ou lait contaminés). Le chauffeur conduit ensuite son camion à la station de lavage.

2 – Traitement

Les matières sont chauffées à 95 °C pour évaporer l’eau puis pressées pour séparer liquide et solide. La vapeur d’eau est récupérée et sert à alimenter en énergie l’évapoconcentration, avec son passage dans des échangeurs thermiques. La graisse obtenue est stérilisée. La partie solide est séchée pour en faire de la farine qui est aussi stérilisée. L’eau résiduelle va à la station d’épuration de l’usine (capacité de 80-100 000 équivalents habitants) où elle est traitée par ultrafiltration et osmose inverse. Après contrôle, l’eau est rejetée dans le milieu naturel ou utilisée pour l’irrigation ou encore la culture de taillis de saules valorisés en bioénergie.

3 - Stockage-expédition

Les farines sont stockées dans des silos C1 et C2 séparés. Tout est fait pour éviter la dispersion aérienne de farine lors du chargement. La graisse est stockée dans des tanks double peau pour la maintenir à 70 °C.

SecAnim, leader de l’équarrissage

En 2018, SecAnim a collecté 450 000 tonnes de matières auprès d’élevages et d’abattoirs. Elle dispose de trois usines à Benet (85), Plouvara (22) et Bayet (03), et d’une vingtaine de centres de collecte couvrant 55 départements. Elle emploie 524 personnes, dont 85 sur Benet et 164 avec ses centres de collecte rattachés.

SecAnim est l’activité historique de Saria France (23 % de son chiffre d’affaires), elle-même une division du groupe allemand Rethmann intervenant dans la gestion de l’eau, le recyclage des déchets et la logistique.

Saria France compte quatre pôles : équarrissage (Secanim et Sarval-Rhône Cuirs), agroalimentaire (transformation des coproduits de volaille, porc et poisson pour l’agroalimentaire et l’aquaculture), énergie (valorisation des huiles alimentaires usagées et biodéchets en biocarburants et fertilisants), oléochimie (valorisation des graisses animales pour l’industrie chimique).

Une troisième catégorie pour les abattoirs

La réglementation comporte la troisième catégorie C3 correspondant aux coproduits d’abattage (os, viscères, plumes, sang) d’animaux sains et propres à la consommation humaine. Les produits protéiques sont surtout valorisés en alimentation animale (petfood) et la graisse en biocarburant ou en oléochimie. Les animaux de rente ne sont plus un débouché depuis 2000, même si la réglementation européenne a réautorisé les graisses de volailles pour les volailles en 2003, et celles de porcs pour les porcs en 2004, mais pas les PAT (sauf en aquaculture). En volaille, les graisses ne sont pas réutilisées par les opérateurs français qui ont préféré rester à l’aliment 100 % végétal. De ce fait, 58 % des PAT et 75 % des graisses sont exportées selon le syndicat du secteur (Sifco).

Sécuriser et tracer la collecte

La collecte est une part importante de l’activité de Benet. La moitié de l’effectif (79 personnes sur 164) y est consacrée. En 20 ans, le système a beaucoup évolué en collaboration avec les associations ATM créées par filière (porc, ruminants et des diverses volailles), en termes d’automatisation des commandes, traçabilité, sécurité, biosécurité.

-Un éleveur a 48 heures pour contacter l’équarrisseur après la découverte d’un cadavre. Il peut le faire par internet, serveur vocal ou téléphone. L’enlèvement est assuré dans les deux jours francs.

-Tous les chauffeurs disposent d’un ordinateur de poche qui permet d’enregistrer et de tracer les enlèvements, de géolocaliser la zone de collecte, de faire des photos…

-Un gros travail a été fait pour sécuriser les enlèvements, limiter les nuisances et assurer la biosécurité : point de collecte situé en zone publique et non en zone d’élevage, à l’écart des routes et des lignes électriques, éviter les marches arrière, présence d’un bac d’équarrissage…

-Les camions ont également évolué : enlèvement à distance avec une grue et une télécommande, caisses en inox résistant à la corrosion, qui s’ouvrent et se ferment avec la télécommande… Pendant les épisodes d’influenza aviaire, un pulvérisateur était embarqué dans le camion pour désinfecter les roues entre deux élevages.

L’équarrissage privatisé depuis dix ans

En 2018, la collecte d’animaux trouvés morts (catégories C1 et C2) a atteint 465 000 tonnes selon le Sifco, syndicat des professionnels du secteur, en diminution de 5 000 tonnes. Avant 2009, l’équarrissage était un service public institué par la loi du 31 décembre 1975. L’État passait des marchés publics avec des entreprises qui collectaient et traitaient les cadavres. Le service public de l’équarrissage a été privatisé pour mettre fin à une absence de concurrence, à l’opacité des informations économiques du secteur et à la difficulté du contrôle de cette activité. Désormais, après un appel d’offres, un contrat de trois ans est passé entre les quatre entreprises d’équarrissage et les éleveurs fournisseurs regroupés en associations d’ATM par secteur (équins, ruminants, porcs, volaille de chair, lapin, œuf de consommation, foie gras). Les éleveurs ne paient qu’une partie du coût réel qui varie selon la filière. Par exemple en volailles de chair, 85 % du coût est financé par les abattoirs et 12 % par les éleveurs. Huit usines de transformation sont détenues par les quatre opérateurs : trois par SecAnim, trois par Atémax (groupe Akiolis), une par Monnard (groupe Prodia) et une par Sopa (détenue à 50 % par Saria). Les deux principaux acteurs sont SecAnim et Atémax, qui interviennent respectivement sur 55 et 53 départements.

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