Rénovation en volailles de chair : La construction d'un préau est contrainte par le bâtiment existant
En rénovation d’un poulailler de chair, l’intégration d’un préau dépend des caractéristiques techniques du bâtiment, du type de ventilation, ou encore du cahier des charges.
En rénovation d’un poulailler de chair, l’intégration d’un préau dépend des caractéristiques techniques du bâtiment, du type de ventilation, ou encore du cahier des charges.
Le préau, aussi appelé véranda ou jardin d’hiver, ou encore « aire à climat extérieur » en Suisse, est défini en page 34 du rapport de l’Agence européenne de la sécurité alimentaire (Efsa) sur le bien-être du poulet (en date du 14 décembre 2022) comme « un espace supplémentaire accolé au poulailler, couvert par un toit et ouvert sur au moins un côté (le plus long) protégé par un grillage et/ou un filet brise-vent. Il bénéficie d’un climat intermédiaire entre l’extérieur et le poulailler. »
Cette définition induit une construction assez simple pouvant être constituée d’une longrine béton surmontée d’un grillage, une toiture en tôle laquée, un sol en béton ou non. Hormis en Suisse où le préau est obligatoire, aucune réglementation européenne n’impose de normes de construction et de conduite d’élevage. Les quelques initiatives lancées reposent sur les cahiers des charges d’organisations de production. Dans la plupart des cas, le préau représente 20 % de la surface utile du bâtiment, comme préconisé dans le dernier rapport Efsa sur le bien-être du poulet.
Afin d’apporter des réponses aux éleveurs, l’Itavi et la chambre d’agriculture de Bretagne se sont intéressées à la conception et l’utilisation d’un jardin d’hiver pour élever du poulet de chair conventionnel dans le cadre du projet Cocorico. Plusieurs points de vigilance ont été mis en lumière.
S’adapter au bâtiment existant
Les caractéristiques du bâtiment existant restreignent les choix de construction du préau. Par exemple, un long pan de moins de 2,5 mètres de haut nécessite de créer un chéneau pour inverser la pente de toit du préau et conserver une hauteur suffisante au passage d’un engin. La qualité de la charpente peut nécessiter des poutres de soutènement.
Les trappes de sorties des animaux doivent respecter quelques conditions : une bonne étanchéité afin de ne pas perturber l’ambiance lorsqu’elles sont fermées, un système d’ouverture et de fermeture simple et modulable pour faciliter la rentrée des animaux.
Des entrées d’air parasites au niveau des animaux peuvent être catastrophiques en période froide, car elles entraînent la dégradation de la litière, un besoin en ventilation supérieur, une consommation accrue de chauffage, des résultats techniques en baisse. Le préau doit être un apport en termes de bien-être animal et ne pas induire de l’inconfort pour les animaux avec une ambiance et une litière dégradées.
Au choix des éleveurs, des aménagements peuvent être essentiels comme un portail à chaque extrémité (pour faciliter le curage), un filet brise-vent (pour limiter l’impact du froid), un allongement de toiture (casquette évitant le rayonnement solaire direct). D’autres aménagements sont considérés comme étant optionnels, tels que l’ajout d’une ligne de pipettes dans le préau ou encore l’ajout de lumière artificielle facilitant le travail de l’éleveur.
S’adapter au type de ventilation
La gestion de la ventilation est un enjeu majeur des systèmes d’élevage de poulets de chair standard. L’ajout d’un jardin d’hiver sur des bâtiments existants ne peut se faire sans respecter les grands principes de fonctionnement des systèmes de ventilation statique et dynamique, au risque de voir l’ambiance et le confort des animaux dégradés.
En ventilation statique, afin de conserver un circuit d’air optimal, la largeur du bâtiment ne doit pas excéder 12 m pour un type Louisiane (ventilation transversale sans lanterneau), et 15 m pour un bâtiment avec un lanterneau. Dans certains cas, la seule solution sera de réduire la salle d’élevage afin d’intégrer le jardin d’hiver au bâtiment, ce qui réduira la surface d’élevage. Autre point de vigilance, pour le cas d’une ventilation statique à lanterneau et un jardin d’hiver extérieur avec un cheneau : la hauteur maximum du préau ne doit pas dépasser celle du lanterneau pour ne pas perturber la sortie d’air du chapiteau, voire le rendre non fonctionnel.
En ventilation dynamique, le fonctionnement des bâtiments en dépression est problématique. Une partie de l’air extrait par les ventilateurs est compensée par des entrées par les trappes du préau, ce qui va générer des courants d’air froid au niveau des animaux. Pour contrôler le circuit d’air, la seule solution est d’ajouter des cheminées d’entrée d’air qui fonctionnent en pression neutre, voire en surpression. Une transformation du système de ventilation est nécessaire. La sortie d’air peut se faire par des cheminées, mais aussi par des extracteurs sur les deux côtés ou en pignon. La hauteur au faîtage doit être suffisante (4,5 m).
L’essentiel est d’avoir une extraction homogène sur toute la surface du bâtiment. Dans ce cas, une gestion fine de la ventilation est indispensable. En revanche, le passage en pression nulle ou positive demande des investissements très lourds tout en complexifiant la gestion de la ventilation.
« Des poulets plus actifs dans le préau que dans le bâtiment »
Des observations de l’Itavi réalisées à l’aide de vidéos à poste fixe dans un préau indiquent que les poulets font davantage de bains de poussière, picorent et grattent plus la litière qu’à l’intérieur du bâtiment. Cela peut s’expliquer par la densité plus faible qui stimule l’activité des poulets.
En été, on observe 10 à 15 % des poulets dans le préau contre 3 % en hiver, ce qui confirme que celui-ci est bien utilisé, à condition que les conditions climatiques ne soient pas trop défavorables (froid, vent…).
L’enrichissement du préau présente un intérêt pour attirer les poulets qui occupent davantage les espaces enrichis (plateforme, paille) que les espaces vides. Les plateformes sont peu utilisées l’hiver, probablement en raison de leur revêtement froid comparativement à un sol ou une litière.