Une filière label départementale
Périgord Aviculture dynamise son territoire
Après des débuts difficiles, la coopérative Périgord Aviculture s’est insérée dans la filière longue des volailles sous signes de qualité du Sud-Ouest, tout en restant ancrée dans sa Dordogne d’origine.
Après des débuts difficiles, la coopérative Périgord Aviculture s’est insérée dans la filière longue des volailles sous signes de qualité du Sud-Ouest, tout en restant ancrée dans sa Dordogne d’origine.
Après moult rebondissements de leur structure coopérative dans les années 1990, une poignée d’aviculteurs de la Dordogne a refusé de perdre son autonomie en intégrant des organisations de production (OP) en dehors du département. Ils s’organisent alors en une Sica départementale. En 2005, celle-ci est transformée en coopérative et Périgord Aviculture voit le jour. L’initiative paraissait hasardeuse dans un contexte plutôt propice aux regroupements. Pour Jean-Pierre Dupuy, son président fondateur, « peu de gens croyaient à notre réussite, mais c’était sans compter sur la volonté de la soixantaine adhérents décidés à conserver une OP spécialisée à l’échelle départementale ». Dans un département où les circuits courts avec transformation « à la maison » dominent grâce à l’agrotourisme, Périgord Aviculture a joué la carte des circuits longs, tout en restant très attachée à son appartenance au terroir périgourdin. « Notre ambition est de dynamiser l’économie agricole locale. Depuis 2010, nous avons permis l’installation de 32 jeunes agriculteurs en label rouge. À l’échelon de notre département, c’est important. » La coopérative a réalisé un chiffre d’affaires de 18,5 millions d’euros sur l’exercice 2017-2018. Elle a mis en place 3,2 millions de volailles pour les abattoirs périgourdins FSO de Terrasson (2,8 millions) et Dumas d’Aubas (0,4 million), ce dernier étant spécialisé dans les volailles festives et les poulets traditionnels.
Créer des partenariats pour assurer son indépendance
La jeune coopérative voyait son avenir tout tracé, mais elle dut vite apprendre à naviguer par gros temps. En 2011, le dépôt de bilan de l’abattoir Gaye de Terrasson, son principal client, laisse un goût amer. « Nous risquions de tout perdre : nos élevages, nos revenus, et notre avenir. Cette épreuve nous a permis de nouer des partenariats forts, notamment avec la coopérative landaise Maïsadour et avec sa filiale FSO, repreneur de l’abattoir. Nous en sommes sortis grandis et avons gagné notre légitimité. » Organisée en structure légère, avec six collaborateurs (3 administratives et 3 techniciens), la coopérative s’appuie sur son conseil d’administration « souverain et actif » précise son président. Pragmatique, Périgord Aviculture a tissé des partenariats avec les organismes agricoles locaux (Crédit agricole, CER France, chambre d’agriculture, Jeunes agriculteurs, conseil départemental) qui lui apportent leurs compétences et permettent de s’intégrer dans l’écosystème économique du département. Pour paraphraser l’homme politique Edgar Faure (1), Périgord Aviculture est vis-à-vis de ces différents partenaires « indépendant dans l’interdépendance. » Avec 120 éleveurs implantés sur l’aire de reconnaissance de l’IGP Périgord (Dordogne et communes extra-départementales limitrophes) et 260 bâtiments label en production, la coopérative s’inscrit pleinement dans le « made in Dordogne ». Obtenue en 2016, l’IGP Périgord est une opportunité pour booster sa notoriété et à son développement. Périgord Aviculture veut répondre aux attentes de consommation locale, notamment dans les cantines scolaires en liaison avec le conseil départemental, et développer des circuits courts. Le département a créé 24 plateformes de restauration collective bio et conventionnelle et initié un partenariat avec la coopérative. Le leitmotiv de Jean-Pierre Dupuy, ce sont les 12 millions d’euros injectés dans l’économie régionale avec les 150 bâtiments construits en 9 ans. 60 % d’entre eux ont permis de renouveler des sites et 40 % d’augmenter les volumes. Vingt projets sont en cours de réalisation.
Le cent cinquantième bâtiment et un nouveau site
Nouveaux éleveurs, Jean-Michel et Roselyne Brunet illustrent les orientations prises. Double actif, le couple a choisi la production avicole pour travailler à plein temps de l’exploitation familiale. « C’est la rencontre d’un voisin éleveur qui a déclenché notre décision. La visite organisée ensuite dans un élevage avec Jean-Pierre Dupuy a balayé toutes nos appréhensions à nous lancer. Au vu des résultats de nos premières bandes, nous ne regrettons pas notre choix. » La construction de trois bâtiments sur l’exploitation d’élevage bovin (30 ha de SAU et 2 ha de noyers), permet de sécuriser la structure familiale. « Nous mettons en place des élevages répondant aux normes de biosécurité et de bien-être animal, avec des prévisionnels réalistes, précise Jean-Pierre Dupuy. L’arrivée du poulet ne sauve pas un fermier déjà en difficulté, mais contribue souvent à préserver l’équilibre. » Un seul regret pour le couple : « nous aurions certainement démarré l’activité plus tôt, si nous avions connu Périgord Aviculture. Les poulets nous permettent d’envisager l’avenir de l’exploitation sereinement et de la conserver pour nos enfants ».
(1) Discours tenu en avril 1956 au Maroc pour qualifier les relations entre le Protectorat marocain et la France.Un élevage expérimental en Dordogne
En liaison avec Nutricia (l’outil R & D de Sud-Ouest Aliment), la firme-services Inzo et l’abattoir FSO, Périgord Aviculture s’implique sur un projet d’avenir. Il s’agit d’équiper deux bâtiments neufs de 400 m2 chez un éleveur adhérent produisant du poulet label IGP Périgord. L’objectif est de mener des essais en condition terrain sur des options nouvelles et innovantes (techniques, nutritionnelles, génétiques) proposées par les services R & D d’Inzo et de Nutricia. Une fois validées, les solutions seront déployées auprès des adhérents et des clients des partenaires du projet. Pour Jean-Pierre Dupuy et Gilles Agut gestionnaire du projet, « il s’inscrit dans la continuité des partenariats avec Maïsadour et FSO, et le choix géographique souligne la reconnaissance et de la pérennité de notre filière périgourdine. » La mise en route du site est prévue au deuxième semestre 2018.