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Controverses sur l’élevage
Offensive médiatique des anti et des proviande

Sur fond de changement climatique, la place de la viande dans notre consommation devient un débat sociétal et l’ensemble des filières carnées une cible.

Le travail de sape engagé depuis dix ans par des organisations protectionnistes antispécistes marque peu à peu les esprits.
© P. Le Douarin

Une minorité de plus en plus agissante de notre pays appelle l’opinion publique à ne plus consommer de « chair animale », partiellement ou totalement. Cette remise en cause n’est pas nouvelle. Elle s’exprime à travers une poignée d’organisations protectionnistes, avec des demandes allant d’une évolution des modes d’élevage — pour les plus modérés - à la fin de l’élevage — pour les antispécistes qui placent l’homme et l’animal au même niveau. Leurs modes d’action vont du sit-in militant aux caméras cachées dans les élevages et les abattoirs. Ces opérations visent à convaincre l’opinion de se détourner des produits carnés. Elles y parviennent partiellement en accentuant la déconsommation de viande constatée depuis longtemps. Depuis le début de cette année, une nouvelle forme de contestation est apparue sous la forme du « lundi vert », une journée hebdomadaire sans consommation de viande ni de poisson. Relayé par le journal Le Monde, cet appel émane de 500 personnalités dont une vingtaine d’artistes et une trentaine de journalistes permettant de faire le buzz médiatique. Les scientifiques (CNRS, Inra, universités…) sont les plus nombreux. Ce manifeste appelle les internautes à faire partie d’une étude d’ampleur sur le changement alimentaire. C’est assez étonnant, alors que de telles recherches existent déjà. La FNSEA met en doute leur légitimité et la Confédération paysanne dit stop aux mensonges. En effet, les arguments avancés sont discutables. En résumé, manger moins de viande et de poisson est meilleur pour la planète (moins de gaz à effets de serre, d’eau gaspillée et de déforestation), meilleur pour la santé (moins de cancers, de diabète et de maladies cardiovasculaires) et meilleur pour les animaux : « ils sont élevés de manière intensive ; ils sont confinés dans des cages ou des bâtiments fermés afin de les engraisser et les maintenir en vie jusqu’à leur abattage précoce. L’image commerciale d’animaux heureux en élevage (bio ou non) est presque toujours fausse. » Mis bout à bout ces arguments auraient de quoi faire frémir, mais combien de signataires sont allés voir sur le terrain ?

L’élevage breton défend son beefsteak

Depuis des années, le secteur de l’élevage est habitué aux critiques sur les modes de production intensive et sur ses impacts négatifs. Et depuis des années, il s’adapte aux évolutions réglementaires et sociétales. Jusqu’à présent les filières avaient adopté une attitude défensive. Mais six organisations agricoles et agroalimentaires de Bretagne (1) ont décidé de passer à l’offensive. Le collectif « les Z’Homnivores » prendra part au débat public à travers différentes actions médiatiques (conférences, site web, réseaux sociaux). La première des initiatives a été d’organiser, le 11 décembre à Rennes, un colloque sur le régime omnivore, soutenu par la région Bretagne. L’objectif annoncé par Danielle Even (présidente d’Agriculteurs de Bretagne) était « de réfléchir et de se parler afin de construire ensemble une pensée commune ». Cinq personnalités ont éclairé le débat. La philosophe Corinne Pelluchon est connue pour ses positions pro végan. Elle s’est résolument placée dans le champ du politique, plutôt que celui de l’éthique. Selon elle, l’animal fait partie d’un tout Universel, ce qui implique une réflexion politique englobant aussi bien l’état de la planète que les conditions de vie et les relations Homme-animaux. Les quatre autres experts sont restés plus concrets. L’ethnologue Jean-Pierre Digard a rappelé les liens étroits entre l’Homme et les animaux, domestiqués ou non. Le nutritionniste Philippe Legrand a souligné la nécessité de varier ses sources d’aliments pour être en meilleure santé possible (« manger de tout en quantité raisonnable »), avec le rappel des risques pris à exclure les animaux ou les végétaux de sa consommation. L’agronome Jean-Louis Peyraud a listé les motifs pour lesquels un monde sans élevage lui paraît « incongru et inenvisageable » : fertilité des sols, force de traction et moyen de subsistance dans les pays pauvres, source de biodiversité des prairies, valorisation de végétaux non consommables… Sans nier les excès ayant poussé trop loin les curseurs du productivisme. Il estime que « le bien-être animal sera le fil conducteur de l’évolution de l’élevage, devant l’environnement ». Enfin, le vétérinaire Jacques Guérin a rappelé la place du soignant qui veille à la bientraitance animale et à faire produire et mettre à mort sans souffrance. Ces débats sont loin d’être clos…

(1) Les Z’homnivores réunissent l’association bretonne des entreprises agroalimentaires (Abea), les agriculteurs de Bretagne, la chambre d’agriculture de Bretagne, la marque Produit en Bretagne, l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) et l’Interprofession bétail et viande Bretagne (Interbev).
 
« Le bien-être, fil conducteur de l’évolution de l’élevage »

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