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Novogen et Triskalia testent des poules non épointées

Le premier lot de poules Novogen Brown non épointé en France, élevé en plein air, arrive à 63 semaines et montre de bonnes performances. Pour l’éleveur, Marcel Le Cozler, cette pratique demande davantage de vigilance et d’anticipation.

Marcel Le Cozler aime les défis. Lorsque Triskalia et Novogen lui ont proposé de recevoir un lot de poules Novogen Brown sans traitement du bec, il a immédiatement accepté malgré ses appréhensions. « Je redoutais qu’il n’y ait du cannibalisme mais le lot s’est bien déroulé et les performances se maintiennent à un bon niveau », constate l’éleveur installé depuis 28 ans à Bringolo dans les Côtes-d’Armor. « À notre connaissance, il s’agit de l’un des premiers lots plein air élevé de la sorte en France mais d’autres pays ont davantage d’expérience sur cette pratique", explique Thierry Burlot, directeur recherche et développement de Novogen. "Aux Pays-Bas, où nos souches sont bien présentes, l’épointage des poules en production biologique est interdit depuis plusieurs années."

L’éleveur s’est familiarisé avec cette génétique en élevant une première bande de poules Novogen Brown épointées. « Elles sont plutôt calmes mais avec une bonne activité, un comportement bien adapté à mon type d’élevage», a-t-il observé. Sur ce lot test en cours, le bâtiment de 9000 places a été divisé en quatre zones égales pour comparer les performances de poules épointées ou non épointées (NE) et tester l’effet d’un aliment enrichi en fibres. Ainsi, la moitié du bâtiment recevait un aliment classique tandis que l’autre recevait un aliment contenant davantage de cellulose (4,3% contre 3,6%). L’objectif étant de ralentir le transit et de calmer les animaux. Les résultats sont suivis par Zootests à Ploufragan.

Des blocs à piquer et de la luzerne pour occuper les poules

 « Le risque de picage n’est pas plus élevé avec des poules NE mais lors d’un stress, le lot peut vite déraper avec un risque plus important de forte mortalité, explique Daniel Bal, vétérinaire de Triskalia. Le picage est d’origine mutifactorielle et il n’existe pas vraiment de solutions ou de produits miracles. Lorsque le phénomène apparaît, il faut d’abord supprimer la cause (stress alimentaire, passage viral…) et occuper les poules. » C’est la raison pour laquelle des blocs à piquer suspendus à 30 centimètres du sol et des râteliers de luzerne ont été installés en préventif (deux de chaque dans toutes les zones). On peut aussi jouer sur la luminosité pour réduire le risque de picage, ce qui n’est pas toujours évident en production plein air. Le bâtiment de Marcel Le Cozler est équipé de filets brise-vent sur les côtés. De fait, il parvient plus facilement à maintenir une faible intensité lumineuse, si nécessaire. « Conduire un lot NE demande davantage d’observation et d’anticipation. Il faut rapidement repérer et isoler dans une infirmerie les poules maltraitées par leurs congénères et celles présentant des problèmes locomoteurs», explique l’éleveur. Le picage pouvant démarrer à n’importe quel moment du lot, il maintient sa vigilance et en particulier lors des changements de saisons (plus forte sensibilité au printemps et en été).

Une utilisation du bloc à piquer très variable

A 63 semaines, le taux de ponte global atteint 86% (90% jusqu’à 54 semaines), légèrement au-dessus des normes du sélectionneur. L’éleveur n’a pas déploré de problèmes de picage et les performances sont similaires entre les lots E et NE (viabilité de 94,7%, 255 œufs par poule départ à 60 semaines d’âge). Il a prévu de renouveler l’expérience. « À part un état d’emplumement un peu moins bon dans le lot non épointé, il n’y a pas de différence notable sur le comportement des poules. » En l’absence de picage, il est difficile de conclure sur l’impact des enrichissements du milieu et de l’aliment plus fibreux. Seuls 200 kg de luzerne ont été utilisés et la consommation de blocs à piquer (1) (12 blocs de 3,5 kg) est très aléatoire et dépend surtout de sa friabilité. 

« Cet essai, à renouveler sur plusieurs lots, montre qu’il est concevable d’élever des poules plein air non épointées à condition d’apporter suffisamment de technicité et des conduites d’élevage adaptées. Il faut cependant accepter un risque de mortalité due au picage plus élevé avec un tel système», résume Thierry Burlot.

(1) À base de coquilles de mer et enrichi en minéraux.

Les poules Novogen sélectionnées sur le comportement

Le dispositif de sélection en logement collectif des poules Novogen permet de mieux appréhender les critères comportementaux et de sélectionner des poules plus sociables, plus calmes et pouvant se passer d’épointage.

Le sélectionneur de poules pondeuses Novogen est présent dans une cinquantaine de pays. Implanté sur tous les continents, sa génétique doit être performante quel que soit l’environnement d’élevage : avec une alimentation riche ou pauvre, des conditions climatiques et des systèmes de production variés (cage individuelle ou collective, sol, plein air..), tout en anticipant l’évolution du marché et la prise en compte des attentes sociétales (poids des productions alternatives, montée en puissance du welfare). Pour améliorer la capacité d’adaptation de ses produits et mieux appréhender les facteurs de comportement, Novogen a développé une nouvelle approche de sélection depuis plusieurs années. « Entre 18 et 60 semaines, les lignées pures sont logées en systèmes collectifs et non pas en cage individuelle comme c’est souvent le cas. Cela permet d’évaluer un niveau de performance prenant en compte le comportement, explique Mickaël Le Helloco, directeur de Novogen. Jusqu’à 60 semaines, la variabilité entre individus sur les critères de productivité est faible. Autant profiter de cette phase pour travailler sur les critères de comportement. »

Une approche de sélection des lignées pures innovante

Après une phase d’élevage au sol de 17 semaines, les poules pedigrees sont logées dans deux systèmes d’élevage : l’un en cages collectives (groupes de 5 sœurs), l’autre en élevage au sol (identification par une bague RFID), en prenant soin d’avoir des sœurs d’une même lignée dans les deux dispositifs. La cage collective permet notamment une sélection par famille sur le picage tandis que le système RFID s’intéresse davantage aux critères de comportement au sol (voir ci-dessous). « À 60 semaines, seuls 30% des meilleurs individus des deux systèmes sont retenus dans le processus de sélection », explique Thierry Burlot, directeur R&D. En cage, les généticiens se basent sur les performances de productivité habituelles (qualité et quantité d’œufs, efficacité alimentaire, etc) mais aussi sur le comportement en groupe. « La qualité de l’emplumement et les raisons de mortalité sont notées, ce qui permet de distinguer les familles dans lesquelles il y a du picage. Cela est impossible à voir en cage individuelle.»

Un comportement de picage multifactoriel

Entre 60 et 90 semaines, les poules retenues sont logées en cage individuelle et la sélection sur les critères de productivité est plus intensive (persistance de ponte, qualité d’œuf …). À l’issue de cette phase, seules 30% des meilleures poules sont sélectionnés pour constituer la génération suivante de pedigrees.

Les caractères de comportement, comme ceux liés au picage, sont moyennement héritables. Le travail de sélection se fera sur de nombreuses années. « La génétique peut avoir une influence favorable sur l’expression ou pas d’un comportement de picage. C’est un des éléments parmi d’autres que sont la conduite d’élevage, l’alimentation…», souligne-t-il.

Le comportement au sol étudié avec les bagues RFID

Après deux années de tests sur la technologie de radio-identification (RFID), Novogen a investi en 2015 dans une station de sélection au sol. Ce mode de sélection permet d’avoir des informations individuelles à l’intérieur d’un groupe, dans des conditions proches du terrain et sur des critères qui n’avaient pas ou peu été sélectionnés jusqu’à présent. Certains intéressent particulièrement les systèmes alternatifs, notamment le temps de présence au nid dont la variabilité (entre 10 et 45 min) est fortement liée à l’individu et à la famille. Cette technologie permet aussi de connaître l’intervalle entre deux pontes, l’heure de ponte ou d’identifier les poules pondant hors du nid. On peut également déterminer les liens entre ces critères et le poids d’œufs par exemple.

Parallèlement à la sélection de lignée pure, des tests terrain sont réalisés sur les descendants (filles des pères) dans des élevages au sol ou en cage collective. « L'intérêt est d’avoir davantage de données génétiques sur les mâles mais aussi de faire des tests dans des conditions sanitaires plus aléatoires, ce qui n’est pas envisageable en lignée pure », explique Thierry Burlot.

 

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