Novial et Wisium développent l’alimentation séquentielle en poule pondeuse

À condition d’être bien maîtrisée, l’alimentation séquentielle (AS) apporte un réel levier technique en poules pondeuses comme il y en a rarement eu ces dernières années dans le domaine nutritionnel. 

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Aussi appelée chrono-nutrition, elle consiste à distribuer deux aliments en alternance : celui du matin riche en céréales et très énergétique, celui de l’après-midi riche en protéines et en carbonate. 

D’abord expérimentée par l’Inra et l’Itavi en partenariat avec la firme service Inzo (désormais Wisium), cette technique a depuis 2010 montré ses bénéfices en pondeuse, avec notamment une baisse de 0,1 à 0,2 point de l’indice de consommation au kilo d’oeufs. « La poule consomme moins d’aliment (- 5 %) et le valorise mieux », justifient Marjolaine Lalanne et Maxime Quentin, de Wisium.

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Des bâtiments d'oeufs alternatifs adaptés

Difficile à mettre en œuvre dans les élevages de poules pondeuses en cages pour des raisons techniques et matérielles (trop de reliquat d’aliment dans les mangeoires sur plusieurs niveaux), l’AS trouve tout son intérêt avec le développement des élevages alternatifs, notamment en volières (vides de mangeoire plus faciles). 

Accompagné de la firme service, le fabricant d’aliment Novial, basé dans le nord de la France, la déploie sur le terrain depuis 2018. « Cinq élevages l’ont déjà adoptée, soit l’équivalent de 170 000 poules pondeuses. Trois autres sont en projet, explique Dimitri Boulier, responsable développement pondeuse de Novial. L’idéal est d’anticiper le passage à l’alimentation séquentielle au moment de la construction du bâtiment car elle nécessite un équipement spécifique : vis et silo supplémentaire, pesée d’aliment et/ou boîtier de gestion de la distribution… »

Un suivi plus précis par le producteur d'œufs 

Novial propose deux types d’alimentation séquentielle : celle, la plus connue, qui consiste à alterner du blé entier avec un aliment complémentaire. Elle convient bien aux éleveurs souhaitant valoriser leurs céréales. L’autre est composée de deux aliments fabriqués, l’un spécifique au matin (avec une majorité de céréales, un peu de phosphore et de calcium) et l’autre pour l’après-midi (très protéique avec une forte teneur en carbonate). Les deux constituent une ration complète. 

Le passage à l’AS se déroule de façon similaire. « Il a lieu lorsque la poule a terminé sa croissance et que son poids (et sa consommation) est stable, une fois le pic de ponte atteint. Il faut atteindre 1,8 kg minimum de poids vif. » 

Un diagnostic est réalisé en amont à l’aide du technicien, notamment pour optimiser le réglage de la distribution des repas. « C’est une phase essentielle. Il faut connaître précisément la quantité d’aliment ingérée à chaque tour de chaîne et caler les horaires (ou la durée de distribution) de chaque repas. C’est ce qui garantira une ration équilibrée et le respect des ratios entre l’aliment du matin et de l’après-midi. »

L’apport glucidique régulé sur l’aliment du matin

Une fois l’alimentation séquentielle démarrée, l’éleveur vérifie au quotidien que les mangeoires sont bien vides avant chaque changement d’aliment, avec deux vides de chaîne par 24 heures. Cette méthode de distribution requiert davantage de surveillance et l’utilisation d’outils de précision tels que les pesons automatiques pour les poules, les pesons sous les silos, afin d’être très réactif. 

« On amène à la poule une ration plus ajustée et au bon moment. La poule en AS a un poids vif inférieur d’environ 100 g à celle d’une poule alimentée classiquement. Ses besoins en énergie sont plus faibles mais on a aussi moins de marge de sécurité », justifie Marjolaine. 

Certes plus technique, l’AS apporte entière satisfaction aux deux éleveurs utilisateurs, Victor Carton et André Robin, qui témoignent d’une optimisation des consommations d’aliment et de la qualité de coquille. « Avec le recul, on constate aussi que cette technique de distribution aide à mieux passer les coups de chaleur. Les élevages en AS ont subi une bien moindre chute de ponte suite aux canicules des deux derniers étés », a observé Dimitri Boulier. 

Le vide de chaîne en fin de nuit et l’apport d’un aliment très appétant durant les heures plus fraîches de la matinée ont stimulé la consommation. Grâce à la dissociation des apports, l’AE est aussi un bon levier pour augmenter l’apport énergétique l’hiver ou favoriser la consommation de la protéine pour soutenir le calibre.