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« Mes dindes valorisent très bien le blé entier »

Producteur de blé dans les Ardennes, Patrick Verzeaux en nourrit ses dindes femelles jusqu’à 30 %, ce qui lui apporte une plus-value intéressante.

Chez les Verzeaux à Menil-Lépinois, on est agriculteur et éleveur de père en fils. Après les moutons de son grand-père, les taurillons de son père, Patrick se lance dans les poulets et les dindes en 1997. En cinq ans, il construit quatre bâtiments, deux de 1 500 m2, puis deux de 2 200 m2. « J’ai commencé par faire de la dinde avec du poulet en dérobé (1) pendant cinq ans. Je me suis spécialisé en dinde quand j’ai construit les deux bâtiments d’engraissement, les deux 1 500 m2 servant aujourd’hui de poussinière. » C’est à la même époque que l’éleveur décide aussi d’incorporer du blé. L’installation est située au centre du site. Elle comprend quatre silos de 25 m3 (16 tonnes de capacité) pour les aliments du commerce et un silo de 70 tonnes pour le blé. Celui-ci est rempli via un bac de réception pivotant, protégé des intempéries. Ces silos sont interconnectables, ce qui permet une grande souplesse d’utilisation. C’est la société ardennaise Sele qui a conçu l’installation, notamment une trémie intermédiaire astucieuse. Elle comprend quatre compartiments et est équipée d’un tourniquet. Chaque compartiment d’une capacité de 600 kg alimente un seul bâtiment. L’automate Fancom gère le dosage de blé. Celui-ci et l’aliment du commerce sont pesés séparément (40 kg à chaque fois) avec la bascule placée au-dessus du tourniquet. « C’est vraiment très simple d’utilisation. » L’aliment est acheminé aux quatre bâtiments par des lignes à spire d’une cinquantaine de mètres. « Le principal problème, ce fut du bourrage qui obligeait à sortir la spire. Il nous a fallu six mois pour trouver les bons réglages des moteurs, avec quelques démontages mémorables. » Selon Patrick, le surinvestissement a été modeste. L’éleveur a réemployé ses silos d’aliments et il disposait des capacités de stockage de son blé.

30 % de blé après l’âge de 78 jours

Avant de travailler uniquement en femelles, Patrick Verzeaux écoulait les 1 000 tonnes de sa production de blé, contre 600 t aujourd’hui. À partir de 78 jours, il incorpore 30 % de blé, après quelques jours de montée progressive. « Mon fournisseur Sanders Nord fabrique un seul complémentaire pour la période de finition. Quand je faisais des mâles, je montais à 40 % de blé après le départ des femelles, avec un autre complémentaire. Avant, je dilue l’aliment conventionnel pour habituer les dindes. » Entre 36 jours et 57 jours, il ajoute de 1 à 5 % de blé. Ensuite, il met de 3 % à 7 % avec le premier aliment finition.

Ne disposant pas de base de comparaison (avec ou sans blé), Patrick Verzeaux reste prudent vis-à-vis de l’impact zootechnique. « Je ne sais pas si la santé digestive des dindes est améliorée, mais je pense avoir des résultats équivalents à d’autres. » Avec des lots abattus à 115 jours, il dépasse 90 g de GMQ et peut atteindre les 100 g avec un indice de consommation global de 2,6.

Pour ce qui concerne l’intérêt économique, « j’estime que je valorise le blé en moyenne 25 % au-dessus du prix de marché. Patrick se compare au coût d’un régime complet. Si 100 tonnes de complet coûtent 280 €/t et que j’utilise 70 tonnes de complémentaire à 330 €/t avec 30 tonnes de blé, ce dernier est valorisé à 163 €/t. Et plus le prix du blé sera élevé, plus je serai gagnant car le prix du complet augmente. » Dans son estimation, Patrick Verzeaux n’intègre pas les fluctuations du prix du soja qui peuvent aussi jouer sur le prix du complémentaire.

(1) Poulets produits dans la partie non occupée par les dindonneaux en démarrage.

Des dindes allemandes

Depuis la disparition du dernier abattoir de dindes de la région Nord-Est en 2006, les producteurs régionaux fournissent les abattoirs allemands. Rejoint par une vingtaine d’éleveurs, Patrick Verzeaux est le premier à avoir signé directement un contrat avec Heidemark fin 2007, évitant des frais d’intermédiaires. Il est identique à celui d’un éleveur allemand, avec une grille de prix liée au poids du vif (mâle ou femelle) et des dindonneaux venus d’Allemagne. « Comme les mâles sont très chers, presque tous les éleveurs français font désormais des femelles, souligne-il. Mais l’aliment reste français. En Allemagne, le blé n’est pas incorporé en entier. » Pour lisser ses temps de travail, Patrick Verzeaux avait choisi d’élever deux fois 20 000 dindes décalées de neuf semaines dans deux bâtiments (démarrées dans 1 500 m2 puis desserrées dans 2 200 m2). « Mais comme mes performances ont stagné et que j’ai eu des cas de pems, je vais revenir à la bande unique. » Le pems est un syndrome de mortalité d’origine mal identifiée qui se manifeste vers trois semaines par de la mortalité subite, des problèmes digestifs souvent suivis de coccidiose.

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