Le Cher, à nouveau terre de conquête
Doté d’un seul abattoir de taille industrielle, le Cher a cependant des atouts pour redevenir une zone d’approvisionnement en vif.
Doté d’un seul abattoir de taille industrielle, le Cher a cependant des atouts pour redevenir une zone d’approvisionnement en vif.
Pour Alexandre Cerveau, producteur de dindes et de poulets avec Sanders Clémont Nutrition, « il ne fait pas de doute que les turbulences sont derrière nous ». Installé à Blancafort et aviculteur depuis 2010 d’abord avec Doux, l’adhérent FDSEA milite pour la relance de l’aviculture chair dans son département affaibli. En effet, des éleveurs en filière longue ont progressivement arrêté leur activité en poulet (standard et label) dès avant la fermeture de l’abattoir Doux du Châtelet en 2008. Ceux restants se sont en partie reconvertis à la dinde, même si du poulet léger était encore livré en région Bourgogne. Pourtant, estime Alexandre Cerveau, l’élevage avicole bénéficie ici de circonstances très favorables et il profite des difficultés des productions végétales. « Au nord du département, avec des terres moyennes et non irriguées, deux bâtiments font un résultat équivalent à 200-250 ha. Les jeunes en projet d’installation commencent à remettre en question le modèle céréalier spécialisé. » La diversification avicole est un moyen relativement sûr d’apporter de la stabilité. Il faut de nouvelles surfaces pour Blancafort. Les résultats technico-économiques se sont améliorés. « On peut dépasser les 70 euros/m2 de MPA en système poulet dérobé-dinde et le sanitaire est beaucoup moins préoccupant. » Les aides sont conséquentes, avec les accompagnements publics (jusqu’à 52 000 euros par PCAE jusqu’à présent) et des partenaires de la filière (30 euros par mètre carré en neuf). Rassurées par la restructuration, les banques sont moins frileuses.
Lancer une dynamique locale de projets
L’horizon s’est progressivement éclairci depuis la reprise du site de Blancafort par LDC, placé sous la direction de la filiale Bourgogne. Il fut tout de même été question de sa transformation en poulet lourd, voire de sa fermeture. « En septembre 2012, le site était tombé à moins de 20 000 dindes traitées par semaine et n’avait plus de clientèle, rappelle Alice Kerbrat, directrice depuis le 11 septembre 2012. Avec 20-30 % de croissance annuelle, nous sommes à présent à 40 000 dindes par semaine. Nous allons encore progresser en fonction de l’évolution du marché. Notre objectif, c’est la pérennité du site, en précisant que Blancafort n’a pas vocation à se substituer à Corico, l’autre site dinde de LDC Bourgogne. » En filière standard, les éleveurs peuvent travailler avec trois partenaires. Le local Sanders Clémont Nutrition organise la production sur le département (et au-delà) pour alimenter en dinde Blancafort (75 % des volumes) et en poulet (standard et label) des abatteurs régionaux et extra-régionaux (Duc-Plukon, LDC-Bourgogne et en Arrivé-Auvergne). Les filiales sarthoises de LDC Amont (Huttepain Aliment essentiellement et Richard Aliment) sont actives au nord de Bourges. Enfin, le groupe coopératif Axéréal opère sur le département pour plusieurs acheteurs de vif, via sa filiale d’aliments Agralys Thoreau. Dans les zones proches de l’Allier, Axéréal développe aussi le canard prêt à gaver, la pondeuse et le poulet label rouge en lien avec le bassin auvergnat (OP Force Centre). « Nous avons besoin d’une diversité d’opérateurs et de sortir de la mono production de dinde », résume Alexandre Cerveau. Il voit d’un très bon œil la demande de vif qu’exprime Duc-Plukon à travers deux fabricants d’aliments.
Communiquer pour attirer
Pour mieux faire connaître une filière et susciter l’intérêt de futurs éleveurs, Alexandre Cerveau a mobilisé son syndicat et la chambre d’agriculture. Des portes ouvertes (en élevage et abattoir) sont organisées pour les jeunes en lycées agricoles, pour des conseillers bancaires. Des sessions de découverte de deux jours permettent à des porteurs de projets de décider de s’engager ou pas, « avec un taux de concrétisation de 30 à 50 % ». L’effort commence à payer. Aujourd’hui, quatorze nouveaux bâtiments (17 500 m2) sont engagés avec divers partenaires.
Dates clés du Cher
- 1995, le groupe Doux rachète Codivol en faillite.
- 2008, l’abattoir poulet du Châtelet est fermé, sans tentative de revente.
- juin 2012, c’est le dépôt de bilan général de Doux.
- Fin 2012, Sofiprotéol reprend les quatre outils Doux via Glon-Sanders association à 50-50 avec Duc sur le poulet
- Fin 2013, l’abattoir de Boynes est fermé.
- mars 2015, Sofiprotéol cède Blancafort à LDC, mais conserve le couvoir et l’usine d’aliments