Gestion technique des lots de volailles : L’application Aniprev monte en puissance
Lancée en 2017, l’application numérique Aniprev de gestion technique des cheptels de poules pondeuses change de braquet pour élargir sa cible à toutes les espèces de volailles.
Lancée en 2017, l’application numérique Aniprev de gestion technique des cheptels de poules pondeuses change de braquet pour élargir sa cible à toutes les espèces de volailles.
« Comme je trouvais trop chers ou incomplets les outils digitaux pour traiter les données de nos élevages de poules reproductrices et faciliter leur suivi technique, j’ai décidé de faire réaliser mon propre logiciel, expose Pierre Lanckriet, qui en 2013 venait de prendre la tête du couvoir familial. J’ai exprimé mes besoins à un développeur informatique d’Amiens. Netinfosmédias a peaufiné le programme de 2013 à 2015. »
D’abord à usage interne, le progiciel baptisé Aniprev (prévention animale) a pris un tour commercial en 2017. « Aujourd’hui, nous vendons ce service dans 48 pays et en huit langues, précise le dirigeant. En France, avec 3 000 lots actifs, 30 % du cheptel des poules pondeuses d’œuf de consommation est dans notre base de données. »
Passer à la vitesse supérieure en 2024
Selon Pierre Lanckriet, la toute dernière version lancée en janvier a beaucoup évolué. « Les technologies informatiques changent très rapidement, de sorte que la version précédente a été entièrement revue pour traiter plus vite une masse beaucoup plus importante. S’est aussi ajoutée une forte attente de nos clients en matière de cybersécurité. » Ainsi les données sont stockées dans des serveurs français. Pierre Lanckriet a aussi racheté son développeur Netinfosmédias pour aller plus vite dans sa transformation digitale. « Nous allons doubler l’équipe afin de proposer de nouvelles fonctionnalités, notamment avec nos propres capteurs connectés. Nous travaillons aussi sur l’interopérabilité avec d’autres capteurs. »
Cette année, Aniprev va être adapté au suivi technique des volailles de chair, en conservant l’analyse individuelle et de groupe, ainsi que la démarche participative impliquant l’éleveur, l’organisation de production (OP) et d’autres partenaires potentiels (couvoir, fournisseur d’aliment, abattoir). Des groupements chair se sont déjà montrés intéressés. « De plus en plus d’OP choisissent de travailler avec Aniprev », assure le dirigeant.
Renseigner, c’est la base
L’application actuelle s’adresse surtout aux structures d’encadrement qui suivent plusieurs éleveurs de poules pondeuses et de poulettes. Chacun d’entre eux assure le remplissage manuscrit du carnet d’élevage digital, qui est ensuite connecté à la base de données.
Le Smartphone ou la tablette de saisie utilisés peuvent travailler en mode déconnecté dans des lieux mal couverts par le wifi.
« Il ne faut pas trop contraindre l’éleveur, souligne Julien Camus, responsable développement d’Aniprev. La fréquence d’enregistrement est donc adaptable (jour, semaine) pour être en phase avec leurs habitudes et leurs contraintes. »
Les éleveurs inscrivent tous les chiffres afférents à la conduite des poules (consommations, poids, mortalité…), à la production des œufs (pondus, pontes hors nids, déclassés, triés) et les événements remarquables (techniques, sanitaires).
Ils ont accès aux données de l’élevage (et de l’historique), ainsi que le technicien pour les éleveurs qu’il suit et l’organisation pour l’ensemble du groupe.
D’autres partenaires autorisés (centre de conditionnement, fabricant d’aliment, couvoir, vétérinaire sanitaire…) peuvent alimenter sous autorisation la base de données avec différents documents (écrits, photos, et même vidéos) et consulter certaines.
Traiter, prévenir et partager
Une fois nourri de données, le programme « mouline » et édite des synthèses et tableaux de bord de synthèse, individuels (pour l’éleveur) ou collectifs (pour l’OP), sous la forme de graphiques dynamiques paramétrables, là encore partageables pour améliorer la communication entre partenaires. « Ils sont bien utiles pour le suivi et l’analyse instantanée de la production », souligne Pierre Lanckriet.
En pondeuse, c’est la courbe de ponte qui intéresse le plus les éleveurs, avec les taux de ponte, le nombre d’œufs et leur poids, comparables par lot, par date, par groupe. Si une anomalie est décelée, une notification est envoyée à l’éleveur. L’indication visuelle des événements (traitement, accident d’élevage…) est aussi appréciée pour l’analyse technique.
Pour faciliter la communication avec l’éleveur des poulettes, Aniprev peut combiner les données depuis la naissance du lot. En revanche, « Aniprev ne donne pas d’avis ou de conseil découlant du traitement des données. C’est le boulot du technicien et de la structure ». Ainsi, certains clients exportent les données pour analyser des effets géographiques, des effets génétiques, des effets alimentaires.
Aniprev gère aussi les documents administratifs de l’élevage et un agenda, plus ou moins accessible aux partenaires. La structure a la possibilité de gérer la logistique et la traçabilité de produits transitant chez les éleveurs (aliment, alvéoles, palettes).
Deux capteurs connectés Ambiprev
Pierre Lanckriet a fait développer deux capteurs connectés totalement autonomes et mobiles. L’un est un peson automatique (jusqu’à 25 kg à + ou – 15 g de précision), l’autre un analyseur d’air (poussières, températures, hygrométrie, ammoniac, gaz carbonique). « La mobilité est un plus lorsque l’on cherche à comprendre pourquoi un bâtiment dysfonctionne dans tel ou tel endroit », souligne le dirigeant. L’analyseur d’air va prochainement équiper les camions de livraison affrétés par le couvoir, afin d’assurer la traçabilité des conditions de transport.
Avis d'experte : Mélanie Cyrille, ingénieure technique en œufs de consommation
« Aniprev crée la base d’un échange technique constructif »
« Je suis ingénieure technique pour le compte d’un cabinet vétérinaire de l’ouest de la France, je propose une prestation de conseil technique auprès des éleveurs de poules pondeuses indépendants. J’utilise Aniprev pour avoir les informations techniques indispensables à mes conseils. Je consulte les tableaux de bord une fois par semaine, ou lors des échanges suite à un appel précis ou encore pour préparer une visite d’élevage. J’apprécie la saisie et la consultation sur Smartphone ou tablette en mode hors connexion. Il serait intéressant que les données des ordinateurs d’élevage (températures, consommations…) puissent être automatiquement extraites au lieu de le faire manuellement.
Aniprev peut contribuer à plus de communication entre partenaires, par exemple avec les éleveurs de poulettes futures pondeuses, afin d’avoir toute la vie d’un lot centralisée sur un même outil. En plus du suivi technique en ponte, je propose également de suivre les futures pondeuses. Je visite les éleveurs de poulettes, afin de recréer de la communication entre ces deux métiers. Ils échangent peu sur les itinéraires techniques permettant d’atteindre l’objectif souhaité en ponte (nombre ou masse d’œuf par exemple). »