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La consommation d’eau des poulaillers déborde l’été en Auvergne Rhône-Alpes

En région Auvergne Rhône-Alpes, la saison estivale impacte fortement la consommation d’eau des élevages de poulets utilisant la brumisation pour refroidir l’air intérieur, a confirmé une étude de l’Itavi sur des sites de poulets.

Au moins un compteur connecté équipe les poulaillers mais plus rarement un second pour surveiller les consommations de parquets séparés (mâles et femelles) et encore ...
Au moins un compteur connecté équipe les poulaillers mais plus rarement un second pour surveiller les consommations de parquets séparés (mâles et femelles) et encore plus rarement pour suivre la consommation d’eau de brumisation.
© A. Puybasset

Beaucoup d’éleveurs connaissent parfaitement les indices de consommation alimentaire de leurs volailles, mais ils le sont moins à évaluer quels volumes d’eau utilise leur élevage. Pour en savoir plus dans le contexte climatique de la région Auvergne Rhône-Alpes (Aura), l’antenne Sud-Est de l’Itavi a enregistré, de janvier 2022 à juin 2023, les volumes consommés au lot dans neuf élevages de poulets en claustration et six de poulets avec parcours. Trois usages ont été suivis : l’abreuvement, la brumisation d’eau pour refroidir l’air et le lavage du bâtiment, recalculés en litres par kilo de poulet produit.

Effet brume en poulet claustré

En moyenne, il faut 3,9 l/kg dans un élevage de poulet en claustration, tous usages confondus. Sans surprise, le poste le plus consommateur d’eau concerne l’abreuvement (85 à 94 %), suivi de la brumisation en été et enfin du lavage (4 à 6 %).

Graphique : Consommations mesurées par usage et par périodeEn poulet claustré, la variation tempéré-estival est due à la brumisation, tandis qu’en poulet plein air ...
Graphique : Consommations mesurées par usage et par périodeEn poulet claustré, la variation tempéré-estival est due à la brumisation, tandis qu’en poulet plein air elle est liée à l’abreuvement. © Source : Itavi

Les variations de consommations d’eau sont influencées par de nombreux facteurs, le principal étant la température extérieure. L’isolation et la localisation des bâtiments ainsi que leur exposition ont aussi leur importance. L’état de santé des animaux peut également faire varier les consommations, ainsi que la gestion de l’ambiance ou encore le type de sol du bâtiment (terre battue ou béton), pour n’en citer que quelques-uns.

Si la part allouée au lavage ne varie pas au cours de l’année et reste autour de 4-6 % (0,2 l/kg, soit 6 l/m² de surface au sol), en revanche celle de la brumisation est plus variable : de 0 à 11 %.

La brume n’est pas utilisée en période tempérée (définie dans cette étude par plus de 10 jours consécutifs avec une température moyenne journalière inférieure à 20 °C). Mais lors des fortes chaleurs, la brumisation représente en général 15 % des usages.

Volume brumisé très variable

La brumisation peut s’élever à 37 % de la consommation dans certains élevages, pouvant atteindre 75 l/m²/jour en période estivale pour un lot abattu à 49 jours. Un jour de très forte chaleur (40 °C au pic), la brumisation a même dépassé l’abreuvement de 1 400 litres, celui-ci atteignant 9 555 litres sur cette journée pour le bâtiment de 1 500 m².

Graphique : Consommation d’eau de brumisation en fonction de la température extérieure
Graphique : Consommation d’eau de brumisation en fonction de la température extérieure © Source : Itavi

Dans les neuf élevages suivis, la brumisation se déclenchait à partir de 20 °C de température journalière extérieure moyenne. À cette température, elle utilisait 0,1 l/m²/jour plus ou moins 0,5 l. Entre 23 °C et 25 °C, elle augmentait fortement (0,8 l/m² plus ou moins 1,3 l). Au-delà de 26 °C, les consommations se stabilisaient à 0,9 l/m² plus ou moins 1,7l.

À température extérieure identique, l’utilisation de la brume peut beaucoup varier d’un élevage à l’autre car les lots n’ont pas le même âge ni les mêmes besoins de refroidissement. En début de lot, les systèmes de refroidissement ne sont donc pas nécessairement activés lorsque les températures extérieures sont élevées.

Tableau = Quantité moyenne et répartition de l’eau consommée dans un bâtiment de 1000 m² avec 20000 poulets de chairEn moyenne sur une année, la brumisation ...
Tableau = Quantité moyenne et répartition de l’eau consommée dans un bâtiment de 1000 m² avec 20000 poulets de chairEn moyenne sur une année, la brumisation consomme plus d’eau que pour le lavage en région Auvergne-Rhône-Alpes © Source Itavi - Étude Cerceau

Au global, en période estivale l’augmentation moyenne de la quantité d’eau a été de 42 %, c’est-à-dire de 0,7 litre par kilo de vif produit : + 0,3 l/kg pour l’abreuvement et + 0,4 l/kg pour la brumisation.

Effet consommation en poulet de plein air

En poulet sur parcours, bio ou label, le principal poste de consommation d’eau est l’abreuvement, suivi du lavage. Comme en volaille de chair claustrée, l’eau de lavage varie peu au cours de l’année et reste autour de 0,3 l/kg vif produit, soit 7,7 l/m². La répartition des usages reste la même toute l’année.

En revanche, les consommations d’eau augmentent de façon plus marquée en période estivale, passant de 4,6 l/kg vif en période tempérée à 5,2 l/kg, soit une surconsommation double de celle mesurée en claustration. L’écart s’explique notamment par une baisse des performances liée à la chaleur (moins 200 g de poids vif). De plus, la plus longue durée d’élevage des systèmes plein air accroît cet écart.

connaître les besoins en eau des élevages est nécessaire pour préparer et guider les projets d’installation et de rénovation. La prochaine étape de cette étude est le développement d’un modèle prédictif visant à aider les éleveurs à gérer l’eau dans leurs élevages. Il prendra en compte l’élevage dans sa globalité (ressource en eau, bâtiment et localisation, production, génétique…) afin de prédire les consommations selon la saison et le contexte climatique. Travailler aujourd’hui sur la gestion de la ressource en eau est primordial pour que demain les élevages puissent agir face au changement climatique.

Léa Ottmann (ottman@itavi.asso.fr)

La brumisation, un levier à bien manipuler

L’étude Cerceau a mesuré jusqu’à 75 litres d’eau consommés par m² pour refroidir un lot de 49 jours en plein pic caniculaire.
L’étude Cerceau a mesuré jusqu’à 75 litres d’eau consommés par m² pour refroidir un lot de 49 jours en plein pic caniculaire. © P. Le Douarin

La brumisation de microgouttelettes d’eau est efficace pour réguler la température intérieure en cas de fortes chaleurs, mais repose sur une gestion équilibrée de la ventilation. Avec un débit d’air trop important les gouttelettes vont être évacuées avant d’avoir pu absorber la chaleur de l’air. À l’opposé, un débit d’air trop faible ne permet pas un renouvellement d’air suffisant pour évacuer l’eau déjà chargée, réduisant ainsi l’efficacité de la brumisation. Le débit minimum conseillé est de 3 m3/h/m², avec l’utilisation de capteurs de température et d’humidité calibrés.

Étudier les alternatives au réseau

La gestion de la ressource en eau se réfléchit à l’année : comment faire des économies ? Faut-il stocker en période de disponibilité pour restituer en période estivale ? Dans quelle mesure peut-on utiliser des alternatives à l’eau du réseau ?

L’Itavi propose de répondre à ces questions avec le projet Cerceau 2, en étudiant des ressources alternatives au réseau public aux plans qualitatif et quantitatif. La qualité sanitaire et physico-chimique des eaux alternatives sera mesurée de leur stockage jusqu’au bout de la ligne d’abreuvement, en passant par le système de traitement. L’aspect quantitatif s’intéressera à la gestion annuelle des différentes eaux (périodes de collecte, stockage et restitution).

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