Insectes comestibles : Orvia prend racine dans la filière insectes
Depuis moins d’un an, Cycle Farms, la filiale insectes du groupe Orvia, rode à grande échelle la production de larves de mouches soldat noires destinées aux industriels d’un secteur en pleine éclosion.
Depuis moins d’un an, Cycle Farms, la filiale insectes du groupe Orvia, rode à grande échelle la production de larves de mouches soldat noires destinées aux industriels d’un secteur en pleine éclosion.
Cycle Farms, la discrète filiale insectes du sélectionneur-accouveur vendéen Orvia, veut surfer sur la montée en puissance de l’industrie des protéines alimentaires d’insecte. Car très bientôt, la France fera partie des principaux pays producteurs d’insectes destinés à nourrir des animaux d’élevage et de compagnie.
C’est le pari que fait Cycle Farms en se positionnant comme un fournisseur de parentaux et/ou de larves à engraisser, à l’image du métier de l’accouvage dans les filières avicoles.
« Nous avons l’ambition de compléter les besoins des gros acteurs, en apportant à ces producteurs des produits qualitatifs qui vont leur permettre d’être encore plus performants » affiche Marc-Antoine Luraschi, le cofondateur de Cycle Farms.
Accompagner le boom de la demande
L’objectif des géants français naissants, comme Ynsect, Innovafeed, ou Agronutris, est de produire rapidement des volumes conséquents de protéine et d’huile d’insectes répondant à une demande forte dans l’alimentation animale (aquaculture, animaux de compagnie et élevages de monogastriques à terme), tout en réduisant fortement les coûts de production.
C’est du côté économique que le bât blesse encore. Les potentiels nutritionnels du ver de farine (Tenebrio molitor) et de la mouche soldat noire (Hermetia illucens) ont été démontrés, mais leur demande bute sur les faibles volumes proposés et sur les prix élevés (3 500 à 4 000 euros la tonne de farine).
Pour produire à moyen terme des dizaines de milliers de tonnes de protéines et d’huiles d’insectes, il faudra des centaines de milliards de larves d’insectes, produites soit par autorenouvellement dans ces méga-usines, soit provenant de fournisseurs spécialisés comme Cycle Farms.
Un outil de production intermédiaire
Actuellement, le marché français de l’insecte est quasi inexistant. Selon Marc-Antoine Luraschi, la production totale a été de l’ordre de 2500-3000 tonnes en 2022. Pour fournir ce marché naissant, il fallait déjà 3 milliards de larves de mouches soldat noir chaque semaine en 2022. « Notre site de R&D à Beaufort en Anjou (49) ne pouvait pas produire plus de 30 millions d’animaux par semaine », annonce le dirigeant.
C’est pourquoi, en 2021 le groupe Orvia a décidé d’investir dans une nouvelle unité de production. Au site historique désormais tourné vers la sélection et la R & D, est venu s’ajouter celui de Louroux Béconnais (49), installé dans un couvoir de poussins réhabilité.
Lire aussi : Comment Cycle Farms produits ses larves de mouche soldat noire
« Après quatre années de recherche et développement, nous savons exactement comment procéder pour avoir des animaux de qualité, avec une taille homogène et régulière obtenue sur des millions d’individus. Ce qui permet à nos clients de mieux maîtriser leur process de production et d’améliorer leurs performances techniques », souligne le dirigeant.
Les dates clés de Cycle Farms
2015 création de Cycle Farms par Marc-Antoine Luraschi et Floran Laville, ingénieurs agronomes ;
2017 création d’une usine pilote au Ghana et du centre de R & D à Beaufort en Anjou
2018 rapprochement avec le groupe Orvia ;
2018-2020 recherche et développement sur la biologie de la mouche soldat noire : amélioration de la production d’œufs de 20 %, débuts de sélection génétique, amélioration de l’élevage et réduction des coûts ;
2020 au Ghana, crise Covid favorable au développement des aliments de poissons d’élevage à base de mouche soldat noire ;
2021-2022 transformation en centre de production de larves d’un ancien couvoir poussins d’Orvia au Louroux Béconnais ;
2022 au Ghana, création d’une deuxième ligne d’extrusion d’aliments poisson (quadruplement des volumes en cours).
Modèle « artisanal » ou « industriel » ?
Pour maîtriser leurs coûts, des start-up françaises comme Ynsect ou Innovafeed, financées par des investisseurs du monde entier, se sont focalisées sur une automatisation coûteuse des process de production.
Mais il existe peut-être une voie moins capitalistique qui pourrait être portée par des acteurs du secteur agricole et agroalimentaire (agriculteurs, coopératives, entreprises).
C’est déjà le cas en Auvergne, avec Invers associé à Limagrain, Oxyane et Eurea pour élever des vers de farine à la ferme. Le modèle artisanal sera peut-être aussi résilient que le modèle industriel financiarisé. À suivre…