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Grippe aviaire : Les 4 points clés pour vacciner ses canards

La réussite du plan national de vaccination des canards contre l’influenza aviaire (IA) passe par une bonne préparation et exécution des deux injections. Illustration de la première intervention chez deux éleveurs en Barbarie pour la société Soulard.

Observée par le monde entier de l’aviculture, la France n’a pas le droit à l’erreur et doit réussir sa campagne de vaccination influenza.
Observée par le monde entier de l’aviculture, la France n’a pas le droit à l’erreur et doit réussir sa campagne de vaccination influenza.
© P. Le Douarin

Depuis le 2 octobre, la vaccination contre l'influenza aviaire des canetons a débuté sur les chapeaux de roues, sans rodage du dispositif. En effet, pour satisfaire la forte demande des fêtes de fin d’année, les filières à foie gras et chair démarrent beaucoup de canetons en fin d’été. « Rien que la première semaine, nous avons vacciné 145 000 canetons mulards et Barbarie, en place depuis le 11 septembre », relate Julien Thieffry, responsable des appros de vif dans l’entreprise Soulard. Il a ouvert la porte chez deux éleveurs, Antoine et Charles, durant la deuxième semaine de campagne.

1. Qui organise l’acte de vaccination ?

Dans leur élevage, les éleveurs sont les responsables de l’organisation du « chantier » qui n’a rien d’un capharnaüm. S’il est indépendant et détient plus de 250 canards, l’éleveur prévient son cabinet vétérinaire de leur date de mise en place, afin que ce dernier commande la quantité de vaccin à livrer la veille. Il fait de même avec son vétérinaire sanitaire pour la délégation de l’acte et réserver des intervenants vaccinateurs.

En filière organisée, c’est l’organisation qui s’en occupe. « Nous nous sommes préparés dès le mois d’août, souligne Julien Thieffry, pour être en mesure de vacciner sans retard tous les lots, et dans les meilleures conditions possibles. » Un planning de vaccination s’est ajouté à celui des mises en incubation au couvoir et des mises en place dans les élevages. Chaque mercredi précédant une intervention la semaine suivante, le service technique Soulard a réuni les éleveurs. « On leur a rappelé les consignes. Ceux ayant déjà pratiqué des injections sous-cutanées ont échangé sur leurs trucs et astuces. »

2. Que faire la veille de l’intervention ?

Le vaccin Volvac B.E.S.T AI + ND (dénommé Volvac par la suite) livré réfrigéré, doit être réchauffé à cœur entre 25 et 28 °C avant d’être injecté, ce qui évite les chocs vaccinaux, possibles avec un excipient huileux trop froid, et facilite le travail du piqueur. L’éleveur peut placer les flacons toute la nuit dans la salle d’élevage, ou les réchauffer le matin au bain-marie, en contrôlant la température.

 
Livré réfrigéré, le vaccin Volvac B.E.S.T AI + ND doit être réchauffé à cœur entre 25 et 28 °C avant d’être injecté.
Livré réfrigéré, le vaccin Volvac B.E.S.T AI + ND doit être réchauffé à cœur entre 25 et 28 °C avant d’être injecté. © P. Le Douarin

Les éleveurs de canards Barbarie en profitent pour faire le rappel contre la parvovirose, auquel cas la préparation de la solution vaccinale varie selon le produit commercial (Parvokan ou Deparmune).

Les canetons, âgés de 10 jours au minimum, doivent avoir subi 8 à 12 heures de mise à jeun, obtenue par le relevage des chaînes d’aliment ou après leur vidange complète. L’éleveur divise aussi le bâtiment en deux grands parcs (non vaccinés rempli et vaccinés à remplir). Il crée deux sous-parcs qui facilitent le transit des canetons vers les vaccinateurs.

 

 
Les canetons, âgés de 10 jours au minimum doivent subir 8 à 12 heures de mise à jeun.

 

Les canetons, âgés de 10 jours au minimum doivent subir 8 à 12 heures de mise à jeun. © P. Le Douarin

3. Comment injecter le vaccin ?

L’éleveur fait respecter les consignes de biosécurité (parking, pédiluve, sas sanitaire, tenues…) auprès des intervenants qui arrivent avec leur matériel propre et désinfecté (tables, seringues, aiguilles…).

 

 
L’équipe de vaccination vérifie le réglage de son matériel, notamment les volumes.
L’équipe de vaccination vérifie le réglage de son matériel, notamment les volumes. © P. Le Douarin

L’équipe de vaccination prépare son matériel et vérifie le réglage des seringues (diamètre 0,7 mm et dosage à 0,5 ml pour Volvac, 1 mm et 0,2 ml pour le vaccin parvovirose). Faute de quoi, elle pourrait manquer de produit ou sous-doser les injections. En pratique, 3 flacons de Volvac (3 000 doses) correspondent à 2 de flacons de Parvokan (en 1 500 doses) ou 6 de Deparmune (en 500 doses). L’équipe agite bien le Volvac en vérifiant sa température et prépare si besoin le vaccin parvovirose. L’aiguille sera changée à chaque nouveau flacon de Volvac.

 

 
Cinq personnes suffisent pour vacciner moins de 10 000 canetons dans une matinée.
Cinq personnes suffisent pour vacciner moins de 10 000 canetons dans une matinée. © P. Le Douarin

Jusqu’à 8 000-10 000 animaux, un chantier comprend un passeur qui récupère les canetons à ses pieds dans le petit parc d’attente.

S’il s’agit de Barbarie, il les dépose dans un panier où le premier piqueur injecte le vaccin parvovirose, du côté droit sous la peau entre le bas du cou et l’aile. Ce caneton est ensuite transféré dans un second panier pour que le deuxième piqueur injecte le vaccin Volvac, du côté gauche cette fois-ci. Ensuite, le caneton vacciné va rejoindre le parc des vaccinés.

 

 
Un ou deux opérateurs (souvent l’éleveur) assurent le flux de canetons jusqu’au passeur.

 

Un ou deux opérateurs (souvent l’éleveur) assurent le flux de canetons jusqu’au passeur. © P. Le Douarin

Souvent, l’éleveur s’occupe de pousser calmement les canetons vers les petits parcs d’attente. Au-delà de 10 000 canetons, il est conseillé de doubler l’équipe pour réduire la durée du chantier. Avec un automate de vaccination, un seul opérateur assure la double vaccination.

4. Quelle surveillance après la vaccination ?

Une fois vacciné, le caneton libéré dans le second grand parc va s’abreuver et se réalimenter rapidement. « Quand tout se passe bien, on ne voit pas la différence entre les vaccinés et les non-vaccinés », souligne Valérie Gadais, technicienne Soulard.

 

 
Une fois vaccinés, les canetons doivent se réhydrater et se réalimenter rapidement.
Une fois vaccinés, les canetons doivent se réhydrater et se réalimenter rapidement. © P. Le Douarin

De rares mortalités peuvent être observées post-vaccination. L’éleveur Antoine a compté une dizaine de morts pour 9 200 vaccinés. L’excipient huileux peut provoquer des troubles cardiaques si de la solution vaccinale est passée dans le système vasculaire. Les petits canards y seraient plus sensibles.

Au début de la campagne, le vétérinaire sanitaire a souvent été présent pour s’assurer du bon déroulement des interventions et recadrer les opérateurs, si besoin. Sa présence n’est pas obligatoire, mais il devra réaliser un audit de vaccination pour 10 % des actes délégués à des tiers, à la 1re ou à la 2e injection.

En fin d’intervention, l’éleveur ou l’organisation remplit le compte rendu pré-imprimé, conformément à la procédure de traçabilité (n° du lot de vaccin, du Siret de l’élevage, de l’Inuav du bâtiment, de l’Imep du lot). Les flacons restants sont récupérés par le cabinet vétérinaire.

 

Une autre organisation du rappel

Avec des animaux plus lourds dix-huit jours plus tard, la seconde vaccination est obligatoirement manuelle. L’équipe est nettement renforcée au niveau des passeurs. « Le piqueur ne peut plus tenir les canards d’une seule main, explique Fabrice Champain, le dirigeant de l’équipe Aviserv. Trois passeurs les maintiennent côte à côte sur une table. Le piqueur injecte le vaccin en étirant l’animal par le cou afin de bien positionner le point d’injection. »

 

Chiffres clés de la campagne 2023-2024

Près de 25 000 chantiers de vaccination IA devraient être conduits durant la campagne 2023-2024

Canards de chair : 7 650 actes de primo-vaccination et de rappel pour 30 millions de canards, dont les trois quarts en Pays de la Loire et en Deux-Sèvres.
Canards à foie gras : 16 800 actes dans 1 500 élevages en bande unique (4 800 lots par an) et dans 300 élevages autarciques (3 600 lots par an)
Canards reproducteurs : non chiffré car volontaire
 

Une préparation différenciée du vaccin parvovirose

 

 
La vaccination contre la parvovirose est réalisée du côté droit par le premier piqueur.
La vaccination contre la parvovirose est réalisée du côté droit par le premier piqueur. © P. Le Douarin

Le rappel du vaccin contre la parvovirose peut être administré aux canards de Barbarie lors de la primo-vaccination IA. Ce vaccin contient deux virus vaccinaux, l’un contre la parvovirose du canard de Barbarie et l’autre contre la maladie de Derzsy. Deux produits commerciaux sont disponibles, mais ils nécessitent une préparation différente :

- avec le vaccin Deparmune, les deux virus inactivés sont contenus dans un seul flacon (de 500 ou 1 000 doses) qu’il faut réchauffer, comme le Volvac B.E.S.T AI + ND ;
- avec le vaccin Parvokan, le flacon rose contient le virus parvovirose inactivé qui est à réchauffer, tandis que la petite fiole contient le virus Derzsy vivant atténué et lyophilisé à conserver entre +2 et + 8 °C. Juste avant de vacciner, il faut associer 3 fioles de 500 doses Derzsy à 1 flacon rose de 1 500 doses parvovirose : injecter avec le transofix 5 ml de suspension rose dans chaque fiole, agiter pour dissoudre la pastille lyophilisée, aspirer le mélange, recommencer l’opération avant de réaspirer dans la bouteille, bien secouer avant emploi.

 

 
Mélange de virus inactivé et de virus vivant conditionnés différemment, le vaccin Parvokan exige un temps de préparation juste avant de changer de flacon.
Mélange de virus inactivé et de virus vivant conditionnés différemment, le vaccin Parvokan exige un temps de préparation juste avant de changer de flacon. © P. Le Douarin

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