Volailles de chair : Des ténébrions bretons font de la résistance aux insecticides
Une équipe de l’université de Rennes a publié deux articles scientifiques sur l’origine probable de la résistance de certaines populations de ténébrions à la cyfluthrine, une molécule massivement employée.
Une équipe de l’université de Rennes a publié deux articles scientifiques sur l’origine probable de la résistance de certaines populations de ténébrions à la cyfluthrine, une molécule massivement employée.
Comme Astérix et Obélix qui résistent aux envahisseurs Romains, des populations de ténébrions collectées dans des élevages de volailles de Bretagne résistent aux insecticides censés les éliminer. Pas tous, heureusement. Sur les quatre principes actifs testés purs à l’université de Rennes – deux pyréthrinoïdes (perméthrine et béta cyfluthrine) et deux organophosphorés (azaméthiphos et pirimiphos-méthyl) – seul l’emploi répété de la béta cyfluthrine a sélectionné des populations résistantes.
Sur les onze populations testées, trois se sont montrées particulièrement résistantes. Une seule, provenant d’un élevage de Miniac-sous-Bécherel (35), s’est révélée totalement insensible au produit. Avec 500 fois la dose létale, la mortalité était encore insignifiante. Les chercheurs préconisent de ne plus utiliser cette molécule. C’est normalement le cas, puisqu’elle est interdite depuis le 20 juillet 2021, à la suite d’une décision européenne.
La cyfluthrine parfois inopérante
Voulant comprendre d’où venait cette résistance exceptionnelle, l’équipe de l’UMR Ecobio a mené une analyse transcriptomique – étude génétique basée sur les ARN des molécules d’enzymes – couplée à une étude biochimique. C’est bien la surexpression de gènes de détoxification qui protège les ténébrions de l’action paralysante de la Béta cyfluthrine.
Dans une autre étude parue en 2021, la même équipe avait étudié l’effet combiné d’un stress thermique (8 jours avec 6 heures par jour à 38 °C) et de la Béta Cyfluthrine. L’association de la molécule et d’une forte température accroissait les troubles de mobilité de deux des quatre populations d’élevage testées.
Même si le nombre de populations résistantes est au final modeste (3 sur 11), cette étude souligne l’importance de changer régulièrement de molécule et de famille d’insecticide.