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Des poulets élevés sur six niveaux : un mode d’élevage durable à la néerlandaise

Le concept Patio d’élevage avec éclosion à la ferme permet de produire trois fois plus de poulets avec la même emprise au sol, tout en respectant les fondamentaux du bien-être animal.

© Infographie Réussir

À première vue, on pourrait croire qu’il s’agit d’un élevage de poulets en « batterie » décrié dans les années soixante par le chanteur Jean Ferrat. Pour Wimfried Van de Laar et John Bierens, de la société Vencomatic, il n’en est rien . « Dans notre système, les poulets sont libres de leurs mouvements, avec à leur disposition de l’air, de la chaleur, de l’eau, de l’aliment, de la litière et de la lumière. » Dans chaque espace collectif, les oiseaux peuvent circuler sur un sol souple constitué d’un tapis roulant d’une largeur de 2,3 mètres et d’une longueur pouvant atteindre 160 mètres pour la plus grande installation réalisée. Contrairement au « patio » originel qui est une cour intérieure découverte, cet espace-ci est limité à 70 centimètres de hauteur. Le volume est jugé suffisant pour permettre la circulation de l’air et l’expression du comportement des poulets. Cette unité de vie est répétée sur six niveaux et constitue une rangée culminant à 5,3 mètres. Deux rangées forment une cellule de 9 mètres de large avec ses trois couloirs de circulation. La surface d’élevage ainsi développée est égale à trois fois l’emprise au sol. Un bâtiment Patio comprend deux ou trois cellules, soit une largeur totale de 18 ou de 27 mètres.

Éclosion dans le bâtiment

La première innovation du Patio consiste à achever l’incubation des embryons en élevage. « Dans un couvoir conventionnel, les premiers poussins éclos sont souvent les plus mal lotis, explique John Bierens, car ils doivent attendre jusqu’à la fin de l’éclosion, sans boire et manger. » Ici, dès sa naissance chaque poussin a accès à l’eau et à l’aliment. Après le mirage au 18e jour, les plateaux d’œufs en pré-éclosion sont répartis mécaniquement dans chaque étage du Patio. L’ambiance y est maintenue à 35°C et 40 % d’hygrométrie, avec une faible vitesse d’air. Dans ces conditions d’ambiance très différentes d’un éclosoir, les poussins éclosent progressivement et tombent sur le tapis de sol. Les coquilles et les non-éclos restent sur le plateau. Une fois l’éclosion totalement achevée, les plateaux seront évacués à l’extrémité opposée.

Maîtriser la ventilation

Le second point essentiel à maîtriser dans un système d’élevage à étages, c’est la ventilation. Ici, l’air circule en boucle dans chaque cellule, gérée de manière autonome.

L’air est d’abord conditionné dans les combles. L’immense salle, d’une surface égale à celle du bâtiment, comprend deux échangeurs d’air Aggro supply à tubes, équipés de radiateurs à eau chaude(1), deux types de trappes d’entrée d’air (à bas ou grand débit) sur chaque côté, quatre rampes de brumisation, les ventilateurs de recyclage.

Dans chaque cellule, l’air descend dans les deux couloirs extérieurs à partir du plafond, puis traverse les six niveaux de poulets, en passant par des ouvertures de taille variable pratiquées dans le rideau synthétique translucide. Les ventilateurs positionnés au plafond du couloir central aspirent cet air et le rejettent soit dans les combles (phase de recyclage), soit vers l’extérieur, en fonction de l’âge des oiseaux.

Un ordinateur gère les débits et les vitesses par cellule. Il modifie le taux de recyclage de l’air, les ouvertures des trappes d’entrée et de recyclage, le débit d’extraction extérieure, les débits des échangeurs de chaleur.

Gain de temps et de main-d’œuvre

Avant la mise en place des plateaux d’œufs incubés, la litière a été automatiquement répartie sur le tapis roulant. C’est ce même tapis qui sera actionné pour la collecte des poulets, en respectant le principe de la marche en avant. Les poulets transiteront jusqu’au carrousel où des ramasseurs à poste fixe les placeront dans les containers répartis dans le hangar prolongeant la zone d’élevage.

Comme dans un élevage conventionnel, la surveillance est plus importante la première semaine, notamment pour trier les poussins les plus faibles. L’éleveur utilise un ascenseur mobile pour l’inspection des six niveaux. La litière est évacuée automatiquement lors du ramassage pour être stockée dans des containers extérieurs. Le nettoyage est réalisé juste après, avec un premier dégrossissage-détrempage suivi d’un lavage à l’eau de l’ensemble du système.

Selon Wimfried Van de Laar, un million de places sont déjà réalisées en Patio aux Pays-Bas, avec une taille minimale d’élevage de 100 000 places, requise pour optimiser les coûts fixes d’aménagement. En Russie, 85 bâtiments sont en place (17 millions de places) pour une production en filière verticalement intégrée. Pour Vencomatic, l’avenir de ce système semble assuré dans les pays livrant à des consommateurs peu concernés par le bien-être animal. En Europe occidentale, le Patio pourrait être une solution pour qui voudrait fournir des poulets à des prix comparables à ceux issus de pays à bas coûts comme le Brésil ou l’Ukraine.

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