Aller au contenu principal

Tomate : le xylocope, nouveau pollinisateur sous serre pour La Réunion

Le xylocope ou mouche charbon a été identifié comme un pollinisateur efficace des cultures de tomate sous serre à la Réunion, où le bourdon ne peut pas être utilisé. Son transfert aux producteurs a débuté cette année.

La mouche charbon fait son entrée dans les serres réunionnaises. L’Association réunionnaise pour la modernisation de l’économie fruitière, maraîchère et horticole (Armeflhor), travaille depuis 2012 sur la possibilité d’utiliser un insecte local comme pollinisateur des cultures de tomates sous serre. Cet hyménoptère, le xylocope Xylocopa fenestrata, a montré dans les essais des capacités de pollinisation très élevées, équivalentes à celles du bourdon. Son élevage de masse et son transfert aux producteurs ont commencé.

A lire aussi : « Connaître les conditions optimales de la pollinisation des melons et courgettes »

L’utilisation du bourdon pour la pollinisation est impossible à La Réunion. Ce pollinisateur est absent de l’île à l’état naturel et est interdit à l’importation. « Les risques liés à son introduction sont en effet trop importants, explique Jean-Sébastien Cottineau, Armeflhor. Compétition avec les pollinisateurs indigènes pour la ressource en fleurs, compétition pour les sites de nidification, co-introduction d’ennemis naturels, pollinisation d’espèces exotiques, perturbation de la pollinisation des plantes indigènes… »
Actuellement, la pollinisation des tomates sous abri se fait manuellement, une technique coûteuse en temps et qui ne permet pas toujours la fécondation de la fleur au bon stade physiologique. Les producteurs secouent les hampes florales à l’aide d’un souffleur de feuilles ou d’un vibreur électrique.

Une activité maximale par beau temps

Xylocopa fenestrata, appelée localement « mouche charbon », est une abeille des régions subtropicales qui participe à la pollinisation d’au moins une quarantaine d’espèces végétales dont la tomate, l’aubergine, le melon, la pastèque… Les travaux de l’Armeflhor visent à mettre en place un élevage de mouche charbon en milieu confiné, à étudier sa capacité de pollinisation de la tomate et élaborer des préconisations de lâchers, et à améliorer la connaissance de l’insecte, de sa biologie et de son comportement. En 2014, un important partenariat spécifique a été mis en place sur les aspects de lutte biologique entre l’Armeflhor, le Cirad et la biofabrique « La Coccinelle », qui réalise depuis 2020 la production du xylocope.

A lire aussi : Pomme : 4 critères déterminent le succès de pollinisation par les abeilles

Les tests d’évaluation de la pollinisation réalisés de 2015 à 2017 ont eu lieu sur la station d’expérimentation de l’Armeflhor. Puis, en 2018, l’intérêt du pollinisateur a été mesuré sur exploitations, sur six sites répartis dans l’ensemble de l’île. « Les pourcentages de fleurs fécondées sont, sur tous les sites, d’un niveau très élevé, souligne Jean-Sébastien Cottineau. Les rendements sont significativement supérieurs grâce au xylocope, dont l’activité est maximale lorsque le temps est ensoleillé. Seule une succession de journées couvertes et pluvieuses explique que certaines fleurs n’ont pas été visitées et que le taux de pollinisation soit inférieur à 100 %. »

Plusieurs cycles de culture

Une méthode d’élevage artisanale sur fleurs et sirop de nourrissage permet de multiplier simplement la mouche charbon. Environ 500 individus/ha seulement sont nécessaires à la pollinisation, ce qui rend cette méthode d’élevage envisageable pour un déploiement chez les producteurs de tomates. « Alors qu’en métropole les ruches de bourdons doivent être renouvelées périodiquement, la mouche charbon reste inféodée à la serre et peut être utilisée sur plusieurs cycles de culture, indique Jean-Sébastien Cottineau. De plus, elle peut se multiplier dans la serre sur pollen de tomate. La nouvelle génération peut alors prendre le relais de l’ancienne, ou encore être transférée dans une autre serre. »

Les capacités de production de « La Coccinelle » augmentent progressivement pour répondre à la demande. Plusieurs producteurs réunionnais utilisent aujourd’hui le xylocope sur leur exploitation, accompagnés techniquement par la biofabrique. La pollinisation d’autres espèces (fraise, melon, fruit de la passion…) est en cours d’expérimentation.

Source : Fertile, bulletin de l’Armeflhor

La tomate sous serre se développe à La Réunion

La tomate est le légume le plus produit à La Réunion, notamment la petite tomate oblongue, cœur de marché sur l’île. La tomate représente plus de 30 % des 50 000 tonnes de légumes produits à La Réunion. Depuis une vingtaine d’années, on observe un transfert de la production maraîchère du plein champ vers les serres. Les producteurs cherchent ainsi à se prémunir des contaminations bactériennes du sol (Ralstonia solanacearum) et des bioagresseurs des cultures. Aujourd’hui, 60 % de la tomate produite à La Réunion est cultivée sous abri, en hors-sol, sur une superficie totale d’environ 70 ha.

Une pollinisation par plus de 35°C

 

 
Cadre de reproduction du xylocope, avec larves et nymphe. © Armeflhor
La mouche charbon est très adaptée à la pollinisation en climat chaud, butinant à des températures dépassant les 35°C. En climat subtropical, il n’y a pas d’interruption d’activité de pollinisation au cours de l’année (absence de diapause), ce qui la positionne comme pollinisateur des espèces maraîchères à floraison continue. Les femelles de Xylocopa fenestrata nichent dans des galeries creusées dans du bois, au fond desquelles elles confectionnent une boule de pollen mélangée à du nectar. Elles y déposent un œuf avant de clore la cellule avec une cloison à base de fragments de bois.

 

Les plus lus

Capture d'écran du compte X de Préfet de l'Hérault qui montrent trois images du marché ckandestin de la Paillade à Montpellier avec des cajeots de fruits et légumes à même le sol.
Hérault : la guerre aux marchés clandestins de fruits et légumes est déclarée

Primeurs, élus locaux et préfecture de l’Hérault en appellent à l’Etat pour lutter contre un marché illégal de fruits et…

Hervé Pillaud
Sival 2025 : « Avec l’IA générative, nous sommes à l’aube d’une énorme révolution dans tous les métiers de l'agriculture »

Le concours Agreen Startup, organisé au Sival depuis dix ans, vise à stimuler l’innovation et l’entrepreneuriat dans les…

Robot cueilleur de fraises de Dogtooth Technologies dans la mega serre de fraises de Dyson Farming..
Dyson : de l’aspirateur… à la culture de fraises en 5 questions

La technologie au secours de la durabilité et de l’autosuffisance. C’est ce que vise le spécialiste de l’électroménager high…

Un rayon de pommes dans un magasin Intermarché, où l'origine France avec label Vergers Ecoresponsables est mis en avant
Pomme : pourquoi Intermarché et Netto ne vendront plus que de la pomme origine France ?

Les deux enseignes du groupe Les Mousquetaires ont fait cette annonce le 9 janvier, s’engageant à ne plus s’approvisionner en…

Interdiction UE des emballages plastique : quelles exemptions veut faire valoir la pomme de terre française ?

Le règlement européen prévoit l’interdiction en 2030 des emballages plastique pour les unités de vente de moins de 1,5 kg. Ce…

Montage photo réunissant les 5 nommés aux Fruit Logistica Awards 2025 avec les agrumes Onix et Halloweena d'AMFresh, le chou de Savoie à tête pointue de Bejo, l'avocat cultivé à l'eau de pluie d'Eosta et la fraise ALDIna pour les magasins Aldi Süd de Frutania.
Innovation à Fruit Logistica 2025 : quels sont les 5 produits et concepts nommés pour les FLIA 2025 ?

Fruit Logistica, le salon professionnel international des fruits et légumes de Berlin, a annoncé la liste de innovations…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes